Coronavirus : "Les catholiques ne sont pas des fous furieux, nous pouvons respecter des mesures de sécurité"

En Champagne-Ardenne, les évêques jugent incompréhensible que les messes en public à l’église restent interdites jusqu’au 2 juin. L’enjeu pour eux : obtenir de l’État l’autorisation de célébrer la messe en public au plus tôt, au moins pour la Pentecôte.

Alors que les rues recommencent à se remplir, les bancs de l’Église restent vides. Malgré le début du déconfinement, l’État a maintenu une interdiction des rassemblements religieux jusqu’au 2 juin, pour limiter la propagation du Covid-19. Alors dans les diocèses, on s’adapte. Désormais célébrées en ligne, parfois même sur un parking, les évêques souhaiteraient plus que tout un retour des célébrations au sein des églises. 

Si le Premier ministre Édouard Philippe a ouvert la voie à une réduction du délai d’interdiction, les diocèses restent dans l’incertitude. Alors qu’ils se préparent à la possibilité de célébrer la messe de la pentecôte, les évêques continuent de défendre l’intérêt d’une messe de chair et d’os. 
 

« Je ne vois pas pourquoi on peut rentrer dans un métro, mais pas dans une église !» 


Au diocèse de Reims aussi, on s’est adapté le temps du confinement. Visioconférence, messe virtuelle et quête en ligne. Mais si les interdictions venaient à prendre fin, l’évêque auxiliaire Mgr. Bruno Feillet assure que son diocèse serait prêt à accueillir le public. « Ca fait plusieurs semaines que nous avons convenus d’un plan d’accueil pour le public, avec la conférence des évêques de France, raconte-t-il. Nous l’avons proposé au gouvernement lors d’une réunion en ligne avec Édouard Philippe. Notre solution n’a pas été retenue. » 
 


L’évêque assure ne « pas comprendre » que les rassemblements religieux fassent encore l’objet d’une interdiction spécifique. « Ce qui nous a surpris, c’est que nous ne soyons pas soumis au même règle que d’autres lieux de rassemblement. Je ne vois pas pourquoi on peut rentrer dans un métro mais pas dans une église ! ». Concernant les contacts physiques répétés qu’impliquent les offices religieux, Mgr Feillet rejette les critiques : « Les catholiques ne sont pas des fous furieux, nous pouvons respecter des mesures de sécurité. Ça fait un moment que nous ne donnons plus l’hostie par exemple, ou que nous utilisons des gels hydroalcooliques. »
 

"La spiritualité n'est pas qu'une affaire personnelle, il y a une dimension collective"


Pour l’évêque de Châlons-en-Champagne (Marne), Mgr. François Touvet, les messes en ligne ne peuvent pas suffire. « Le mot église a un sens, il vient de « convocation ». Se réunir à l’Église, c’est important beaucoup plus qu’un détail ». Contrairement aux messes suivies depuis le salon, de manière individuelle, le rassemblement des fidèles correspondrait davantage à l’esprit de « communion » voulu par le culte, assure l'Evêque. « La spiritualité n’est pas qu’une affaire personnelle, il y a une dimension collective essentielle. D’ailleurs, les églises ne sont pas des bâtiments comme les autres, elles sont conçues spécifiquement pour créer une convergence chez les fidèles, face à l’autel. » 
 


Autre conséquence de l’absence de messes classiques : l’absence de quête. Dans le diocèse de Châlons-en-Champagne, c’est 20.000 euros qui seraient perdus chaque semaine ; pour le diocèse de Reims et des Ardennes, cela représenterait 25.000 euros de manque à gagner. Si les églises trouvent d’autres solutions pour solliciter les fidèles, elles ne suffisent pas à combler les manques. Une difficulté que tente d’expliquer l’économe diocésain de Reims, Olivier Delalle : « Nous sommes très tributaires de la qualité des connexions et de la connaissance des donateurs devant ses outils. Il y a des gens pour qui ces réflexes numériques sont loin d’être évident. » 

Au-delà des messes, il y a aussi l’absence de quêtes lors des autres offices religieux, comme les professions de foi ou les premières communions. Malgré tout, l’économe reste positif : « Je ne veux pas pour autant me plaindre, nous avons maintenu les salaires de nos collaborateurs, et nous avons pu éviter de placer tous nos collaborateurs en chômage partiel. » Pour la fin du mois, un appel au don des fidèles devrait être organisé par le diocèse. 
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