Dans le cadre des prochaines élections départementales des 20 et 27 juin prochains, quatre candidats marnais ont débattu lundi 7 juin sur le plateau de France 3 Champagne-Ardenne. Voici les trois moments fort d'un débat à retrouver en intégralité à la fin de cet article.
Dans la Marne, les électeurs de 23 cantons seront appelés à renouveler l’assemblée départementale les 20 et 27 juin, composée de 46 conseillers. Ils sont quatre candidats autour de Laurence Laborie, qui présente ce débat le lundi 7 juin 2021 : Hadhoum Belaredj Tunc, conseillère départementale sortante de la Gauche Républicaine et Socialiste et candidate sur le canton de Reims 2, Christian Bruyen, président sortant divers droite, candidat sur le canton de Dormans Paysages de Champagne, Pascal Erre, conseiller régional sortant du Rassemblement National et candidat dans le canton de Vitry le François Champagne et Der et Peter Lenfant de La République en Marche, candidat sur le canton de Reims 1.
La question de l'action sociale, des cantines scolaires ou encore de l'aéroport de Vatry ont permis aux candidats de confronter leurs points de vue.
1. Vive l’habitat intergénérationnel
322 millions d’euros sont dédiés à la solidarité dans la Marne, c’est plus de la moitié du budget total. Après la pandémie, Hadhoum Belaredj Tunc (GRS) souhaite mettre en place "pour les personnes âgées, de nouvelles propositions d’habitats partagés car nous en manquons cruellement. Des offres alternatives pour permettre à nos aînées de poursuivre, avec bien-être, la vie dans leur logement. On voit bien que, dans les Ehpads, on manque souvent de personnel et qu’il y a un isolement des personnes âgées."
Pas de temps mort pour Pascal Erre (RN), qui, dès sa première intervention, attaque le président sortant. "L’action sociale pour le Rassemblement National, c’est priorité aux Français d’abord bien évidemment et dans le plan départemental d’insertion de monsieur Bruyen, il y a des mesures qui favorisent l’immigration, notamment pour apprendre le français, et être embauché plus facilement que bien d’autres chômeurs sur le territoire national. Concernant les personnes âgées, nous proposons pour elles de développer les familles d’accueil et nous estimons que nous pouvons faire un maximum de ce côté-là. D’autant plus que quand on regarde sur le site du ministère de l’Intérieur les aides à la personne pour la Marne, c’est 260€ par habitant, et pour des départements équivalents en nombre d’habitants, c’est 303€ par habitant."
De son côté Christian Bruyen (DVD) a rappelé "qu’il y a des personnes âgées qui souhaitent rester à domicile et nous avons des actions pour adapter le logement aux conditions de vie de ces personnes. Et puis on a des établissements qui vont des Ehpads aux résidences autonomies. Globalement, c’est un département où il y a plus d’offres de places que dans beaucoup d’autres. Ce qui est important pour l’avenir c’est de continuer à travailler avec nos partenaires associatifs.
"Quant au fait que nous accompagnons des personnes qui ne sont pas forcément de nationalité française, c’est dans le cadre de ces politiques de prise en compte des migrants, c’est une obligation du département. Ceux qui disent qu’ils ne le feront pas seront contraints de payer la note." Faux selon Pascal Erre. "Il y a des départements qui sont accusés par France Terre d’Asile de ne rien faire pour les migrants, nous pouvons faire la même chose. Pour nous, être président de Département, ce n’est pas juste gérer des dossiers, c’est un rôle politique."
Revenant sur la qualité de vie des personnes âgées, Peter Lenfant (LREM) pointe "un manque de clarté du schéma gérontologique de la Marne. Il faudrait le rendre plus lisible avec un guichet unique qui permettrait d’aiguiller chaque citoyen dès 60 ans, comme une espèce de boussole. Il faut également impérativement travailler sur les résidences intergénérationnelles. Aujourd’hui, 70% des résidences autonomies seulement sont occupées. On peut imaginer de réserver ces 30% restants à des jeunes relevant de l’aide sociale." "C’est un schéma gérontologique complexe parce que complet, lui répond Christian Bruyen. Et d'ajouter : Il faut que l’on puisse agir vite et en local et que les administrations centrales nous laisse plus de marge de manœuvre, avec des possibilités d’expérimentations."
2. La restauration scolaire
Faut-il rendre la restauration scolaire gratuite et y mettre plus de bio ? "Le bio, la plupart des élèves, ça ne les intéresse pas. Eux, ce qu’ils veulent, c’est leur steak-frite. Il y a toute une éducation à faire d’autant plus que le bio, cela se paye, lance Pascal Erre (RN). Quand vous offrez du bio, c’est le contribuable qui paye la différence parce que, souvent, c’est plus cher. Il faut laisser le choix et favoriser les circuits-courts."
Pour Peter Lenfant (LREM), "l’écologie pragmatique, c’est le développement durable. C’est une nécessité. Il faut repenser nos politiques publiques et notamment départementales pour toujours prendre en compte le développement durable. On doit aller vers le bio et les circuits-courts et le Département doit suivre pour qu’il n’y ait pas de répercussions sur les familles."
"Bien évidemment du bio et du circuit-court, abonde Hadhoum Belaredj Tunc (GRS), mais pour cela, nous devons avoir un plan pour la relocalisation et la diversification de nos maraîchers. Et puis, c’est mon combat: le prix de la cantine. Il est le même pour tous les enfants du département mais égalité ne veut pas dire équité. Nous devons fournir à nos enfants le minimum d’un repas chaud et équilibré, c’est pourquoi, nous proposons le tarif progressif de la cantine pour arriver à 1€ pour nos familles les plus précaires et les plus fragilisées."
"Le manger mieux a un coût mais nous sommes sur la bonne voie puisqu’aujourd’hui 25 collèges sur 47 utilisent vingt-cinq pourcent de produits de proximité pour les repas, détaille Christian Bruyen (DVD). L’objectif, dans deux ans, c’est la totalité des collèges à 50% de produits de proximité .Pour que ce coût supplémentaire ne pèse pas sur les familles, c’est nous qui allons l’assumer. Donc on ne peut pas aller à des repas à 1€. Je rappelle que le repas est à 3,4€, il en vaut 8€, c’est déjà 8 millions d’euros d’aides pour les familles. C’est de l’argent public."
3. L’aéroport Paris-Vatry
Propriété du Département, l’aéroport de Paris-Vatry est en déficit chronique depuis sa création en 2000, faut-il continuer à le financer ? "Vatry, c’est un gâchis financier de 16 millions, tonne Pascal Erre (RN). Non au financement public pour cet aéroport qui ne décolle pas du tout."
Au contraire, pour Peter Lenfant (LREM), "l’aéroport de Vatry est une véritable richesse pour notre territoire. La porte pour le dynamiser, et la pandémie l’a montrée, c’est qu’il faut se tourner vers le fret et abandonner le transport de voyageurs."
"Vatry, c’est trois millions de déficit chronique depuis des années, c’est deux millions pour l’année prochaine mais c’est 800 emplois directs et indirects sur notre territoire, donc on ne peut pas le balayer d’un revers de main, assure Hadhoum Belaredj Tunc (GRS). Par contre, il faut retrouver l’équilibre budgétaire le plus rapidement possible et en faire l’endroit privilégié d’un développement de l’emploi vert par, par exemple, le recyclage d’anciens avions pour créer encore plus d’emplois."
Enfin, pour Christian Bruyen, "la position qui est la nôtre, c’est des vols de passagers mais sans aides publiques. Ensuite, au niveau du fret, nous étions à 3.000 tonnes en 2019, nous sommes passés à 12.000 tonnes en 2020 dont 3.000 tonnes de produits sanitaires, cela veut dire que la progression n’est pas liée à ce virus qui a permis de donner un coup de projecteur sur l’aéroport. Les perspectives pour 2021 sont de 30.000 tonnes de fret, cela veut dire que nous allons vers l’équilibre, peut-être d’ailleurs dès la fin de cette année ou en 2022. Il fallait être patient et revoir la stratégie vers le fret comme nous l’avons fait. Clairement, cet aéroport est un atout pour la Marne, le Département met 1 million par an pour son fonctionnement mais les recettes de TVA qu’a généré cette aéroport, donc de l’argent public pour la France, au mois de mai, ce sont 3,4 millions d’euros."
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