Odeur infecte, humidité, déjections de rongeurs : le traumatisme du mal-logement

Patricia et Ludovic habitent un appartement d'Épernay, dans la Marne. Ils doivent supporter des odeurs et de l'humidité liées selon eux à une canalisation d'eaux usées qui fuit. Leur cas s'est invité en conseil municipal lundi 31 janvier. Le bailleur répond que des travaux vont bientôt être programmés.

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"J’aimerais bien que ça bouge, parce qu’à chaque fois, on nous fait tourner en bourrique." Patricia habite depuis 2013 dans un appartement situé au rez-de-chaussée d’un immeuble de l’avenue d’Ettligen à Épernay, dans la Marne. Le bâtiment appartient au bailleur social Plurial Novilia.

La locataire dit faire face depuis plusieurs années à des problèmes d’humidité et d’odeurs. Tout est lié, selon son récit, aux canalisations d’eaux usées qui seraient endommagées. "Depuis l’emménagement, il y avait des odeurs nauséabondes qui remontaient dans l’immeuble", explique Ludovic Milice, qui habite avec elle. "En juillet 2016, il y avait déjà des canalisations qui étaient cassées au niveau de la dalle, juste en dessous, au niveau de l’appartement."

"J'ai des problèmes de santé importants, confie Patricia. Je ne peux pas être toute seule ne serait-ce que dix minutes. Ce n'est pas possible. Mon ami est obligé d'être avec moi tout le temps." Elle dit souffrir de l’humidité et de la température, malgré un chauffage en marche en permanence. "C’est invivable. J’ai un matelas chauffant, je suis obligée de dormir habillée parce que j’ai froid."

Il y a deux ans, elle a acheté un déshumidificateur. En même pas une nuit, le réservoir était rempli.

Ludovic Milice, locataire

Les photos du logement laissent apparaître des murs tâchés par de la moisissure et des peintures largement écaillées. "Dans le salon et la salle à manger, il n’y a pas d’humidité parce qu’on met du chauffage en permanence, précise Ludovic. Il y a une chambre qui est impactée, la salle de bains, les WC, le couloir. Et au niveau de la cuisine, il y a un problème de ventilation." 

Ludovic est persévérant. Dans une toute autre affaire, il avait déjà additionné les procédures suite à son licenciement de l’usine automobile où il travaillait alors, près de Valenciennes (Nord). En 2019, il avait aussi interpellé le président de la République Emmanuel Macron lors d’un déplacement à Épernay, dans l’espoir de décrocher un emploi.

Dans cette affaire également, le Sparnacien doit s'armer de patience, car le problème ne date effectivement pas d'hier, sa médiatisation non plus comme l'atteste cet article relayé par nos confrères du journal l'Union dès juillet 2016.

En janvier 2022, il a payé l’intervention d’un huissier de justice pour constater les dommages dans son logement et les parties communes. Le professionnel indique dans son compte-rendu, photos à l'appui, avoir constaté "un sol en partie marron" et une odeur "pestilentielle" dans le couloir. "Des déjections de rongeurs sont visibles", précise le document. Un peu plus loin, "à moins de cinq mètres de la porte d'entrée de la locataire", il mentionne un "sol rempli de reste de déjections et de papier-toilette" dans une petite pièce en sous-sol. Le tout provient "d'une canalisation d'eaux usées", selon l'huissier de justice.

Le maire interrogé en conseil municipal

Les problèmes rencontrés par les occupants de l'appartement de l'avenue d'Ettlingen se sont invités lors du dernier conseil municipal d’Épernay, le lundi 31 janvier, à travers une intervention de Cindy Demange, conseillère municipale d'opposition et membre du Rassemblement national. Cette dernière avait été sollicitée par Ludovic Milice.

Le maire d'Épernay, Franck Leroy, a indiqué lors de la séance qu’il comptait envoyer sur place l'agent municipal en charge de l'hygiène. "Il arrive qu'on découvre des situations absolument dramatiques, qui sont liées ou pas à l'organisme logeur ou au logeur", a-t-il précisé. "Si nécessaire, j'userai de toute mon influence pour faire en sorte que cette situation cesse".

Le maire n’a semble-t-il pas tardé à joindre la parole aux actes. Car, selon les explications données par la porte-parole de Plurial Novilia ce mercredi 2 février, l’inspecteur de la salubrité publique de la ville s’est déjà déplacé sur place.

Il "a constaté que le logement est bien ventilé. Il n'y a pas d'humidité sur les murs et aucun problème technique par rapport au fonctionnement des équipements", selon elle. Les traces présentes sur les murs du logement seraient liées aux conséquences d’un dégât des eaux de 2021 survenu à l’intérieur du logement. 

Le bailleur promet des travaux rapides

Concernant les problèmes constatés dans le local qui jouxte l'appartement, elle précise qu'il y a bien eu un problème technique en 2019 au niveau de la canalisation qui a nécessité des travaux importants. Mais depuis cette date, le bailleur n’a reçu aucune réclamation "ni des autres locataires ni de la famille en question".

Un spécialiste est intervenu ce mercredi 2 février et a constaté que "la canalisation était bouchée à cause de lingettes. Demain [le 3 février] tout sera désinfecté et désodorisé", a précisé la porte-parole de Plurial Novilia.

Par ailleurs, le bailleur a décidé "ce matin" [2 février] de faire des travaux de remise en état du logement, "de façon très urgente, pour permettre à nos locataires de vivre dans un logement décent". Ces travaux pourraient avoir lieu dans "la première quinzaine de février".

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