Les Français pourront-ils compter sur leurs fournisseurs pour pouvoir se chauffer ? Faudra-t-il miser sur les méthaniseurs à l'avenir pour nous affranchir de l'importation de gaz ?
À Bezannes près de Reims, Emmanuel Connesson, directeur territorial Grand Est de Gaz réseau distribution France (GRDF) tend à rassurer la population. Il n'y aura pas de coupures de gaz. Mais il faudra durant cette crise se pencher sur notre indépendance énergétique. Interrogé dans le 12/13 de France 3 Champagne-Ardenne ce 9 décembre 2022 par Romain Nowicki, il plébiscite le recours à la méthanisation agricole.
Faut-il craindre une tension sur le gaz et à une augmentation de la consommation ?
Emmanuel Connesson, GRDF : "Les stockages de gaz sont intégralement remplis pour répondre à nos besoins. Un tiers de la consommation peut être assurée. Les perspectives de manquer de gaz dans cette première partie d'hiver sont inexistantes, même si la consommation augmente. Nos besoins en énergie en hiver sont quatre fois supérieur à ceux qu'on a en été et le gaz en assure 45 %."
Faut-il craindre une nette augmentation du prix du gaz ?
"Les particuliers sont protégés et certaines entreprises sont protégés par le bouclier tarifaire décidé par le gouvernement. Après, ils évoluent en fonction de l'offre et de la demande quotidiennement. Donc je ne sais pas vous dire à quels niveaux ils seront dans les prochaines semaines."
Une certitude, une énergie abondante et peu chère, c'est plutôt derrière nous. Il faut apprendre à vivre avec des prix un peu plus élevés
Emmanuel Connesson, GRDF
Faut-il miser sur la méthanisation ?
"Cette filière est très importante. L'effort fourni par le monde agricole pour produire du gaz renouvelable qu'on injecte dans nos réseaux est essentiel pour l'environnement, mais essentiel aussi pour retrouver de l'indépendance énergétique et nous affranchir progressivement de l'importation de gaz. C'est déjà très significatif dans des territoires comme la Marne ou les Ardennes, où on couvre entre 10 à 15 % de notre consommation avec du gaz renouvelable produit par la méthanisation."
Faudra-t-il compter sur son essor sur le territoire ?
"Cela continuer à se développer, les perspectives sont assez encourageantes. Plus de 170 projets verront le jour dans les prochains mois d'ici la fin 2023 dans la région Grand Est. Cela permettra de chauffer l'équivalent de 500 000 à 600 000 foyers avec ce gaz renouvelable."
Comment s'assurer que les producteurs agricoles ne vendent pas l'intégralité de leur production aux méthaniseurs ?
"Il y a une réglementation française très claire et très stricte. Un méthaniseur ne peut pas accueillir plus de 15 % de culture dédiée. D'autre part, avec nos partenaires comme les chambres d'agriculture, on s'est assuré que l'état de développement de la méthanisation dans nos régions restait maîtrisée et raisonnable. Aujourd'hui, les méthaniseurs en fonctionnement n'utilisent pas plus de 1 % de la surface agricole utile du territoire."