"J'ai encore l'image des visages" : 80 ans après, le poignant hommage aux déportés du "Train de la mort"

Hier, mardi 2 juillet 2024, marquait les 80 ans du passage dans la Marne du "Train de la mort", le numéro 7909. Une cérémonie a été organisée par la commune de Saint-Brice-Courcelles pour rendre hommage aux plus de 2 000 déportés à bord et aux 536 qui ont péri en 1944 au cours de ce trajet.

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Le 2 juillet 1944, le train 7909 dit “Train de la mort”, parti de Compiègne (Oise) et à destination du camp de concentration de Dachau, en Allemagne, traversait la Marne. Cinquième et probable dernier convoi de déportés depuis le débarquement de Normandie le 6 juin 1944. 

Parmi les 2 166 déportés embarqués dans le train, 536 sont morts pendant ce voyage de quatre jours dans des conditions extrêmes, liées notamment aux fortes chaleurs d'un début juillet très chaud. 80 ans plus tard, la commune de Saint-Brice-Courcelles, où le train avait fait une halte pendant plusieurs heures, organisait mardi 2 juillet 2024 une cérémonie en présence de personnalités politiques, de descendants et de l’association Dachau.

"Je voulais honorer la mémoire de mon père, puisqu'il est passé ici", témoigne Bernard Martin, fils du cheminot Louis-Augustin Martin, décédé dans le train. Il avait été arrêté en 1942, quelques jours après la naissance de son enfant qui a appris l'histoire de son père il y a vingt ans, après de nombreuses recherches pour retrouver sa trace. "J'étais content de savoir", glisse-t-il depuis la gare, lieu de la commémoration. 

536 morts durant le trajet

En 1944, les déportés sont entassés dans des wagons à bestiaux, tous en bois, sauf un métallique où l’on dénombre jusqu’à 75 décès. Sous une chaleur étouffante allant jusqu'à 34 degrés, sans être autorisés à boire, ils sont victimes de crises de folie, de malaise ou de mort brutale. "J'ai encore l'image des visages qui apparaissent aux lucarnes. J'y ai pensé souvent. Ce n'est pas le seul train à être passé, mais c'était le seul dans ces conditions", se souvient Jean Mansuy, un témoin, qui réagit par ailleurs au contexte actuel en ajoutant : "Il ne faudrait pas que ça se reproduise." 

J'ai encore l'image des visages qui apparaissent aux lucarnes. J'y ai pensé souvent. Ce n'est pas le seul train à être passé, mais c'était le seul dans ces conditions.

Jean Mansuy, témoin.

En 1944, suite à une opération de sabotage menée par Roger Ollinger pour tenter d’immobiliser le train avant son passage à Reims, le 7909 s'arrête plusieurs heures à Saint-Brice-Courcelles. Les cris de supplice y retentissent. "Les gens criaient 'apportez de l'eau'", rapporte Olivier Billaudelle, petit-fils de Jean, âgé de 18 ans à l'époque, qui a donné à boire aux déportés dans "un geste naturel" dont il ne s'est jamais vanté. 

Chaleur, soif... l’enfer d’un convoi

Comme Jean Billaudelle, de nombreux habitants autour de la gare tentent de s'approcher pour distribuer des vivres, d'abord sans y parvenir puisqu'il est entouré de soldats allemands. Jusqu’à ce que le train bouge plusieurs fois en avançant sur un petit kilomètre, ce qui permet aux volontaires de distribuer par les lucarnes de l’eau, du pain et des légumes frais.

L’ouverture des wagons est ensuite négociée par la Croix-Rouge, “des déportés évanouis tombent sur la voie. [...] Les cadavres s’accumulent”, écrit l’historien Jean-Pierre Husson : “Les Allemands refusent de les livrer aux autorités françaises. Tous les déportés doivent arriver à leur destination, le camp de Dachau, morts ou vivants.”

Le convoi, comme plusieurs centaines auparavant, finit donc par repartir vers l’Est. Quatre jours plus tard, le 5 juillet 1944, il arrive à destination à Dachau, où reposent les cendres des victimes. Les survivants, tel que le célèbre accordéoniste André Verchuren, sont affectés à divers endroits du camp de concentration. 

Ce trajet de l'Oise jusqu'en Allemagne, c’est celui que propose de retracer l’association Dachau dans son circuit mémoriel qui suit les traces du Train de la Mort, “pour honorer la mémoire de ce convoi particulièrement meurtrier”.

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