Après la diffusion d'une vidéo captée dans un élevage de porcs de Corbeil, dans la Marne, montrant des pratiques violentes, l'association L214 avait déposé une plainte. Une inspection a eu lieu mais l'association dénonce la faiblesse de la réaction des services préfectoraux. Elle annonce entamer un recours contre l'État pour "manquement à sa mission de contrôle".
Lundi 5 octobre, l'association de défense de la cause animale L214 a dévoilé des images de pratiques violentes dans un élevage de cochons de Corbeil, dans la Marne.
La vidéo publiée par l'association montre des coupes routinières des queues et des castrations à vif. D'après ces images, filmées selon l'association entre mai et septembre 2023, des porcelets y seraient mis à mort en étant "claqués" contre un sol en béton. La vidéo montre aussi des dépouilles de porcelets écrasés par leur mère, des cadavres destinés à l'équarrissage colonisés par des asticots.
L'élevage mis en demeure par la préfecture
Suite à la diffusion de ces images et à la plainte déposée par L214 auprès du parquet de Châlons-en-Champagne, la préfecture de la Marne a diligenté une inspection de l'élevage. Les services de l'État ont mis en demeure l'élevage porcin de "remédier durablement" à la castration à vif des porcelets.
"L'élevage ayant reconnu avoir procédé à la castration à vif des porcelets courant 2022 et jusqu'en août 2023, le préfet a mis en demeure l'élevage d'y remédier durablement", a indiqué la préfecture à l'AFP mercredi 18 octobre, confirmant une information de L'Union.
"Un nouveau contrôle sera réalisé prochainement", a-t-elle précisé. "Réalisé par les services vétérinaires de l'État", le contrôle déjà effectué a cependant "conclu à l'absence d'écarts" avec la réglementation au moment de sa visite, a-t-elle ajouté. La préfecture précise avoir "transmis les conclusions du rapport d'inspection au parquet".
L'association L214, dans un communiqué daté du 19 octobre, dénonce la réaction insuffisante à ses yeux de la préfecture. "Cette situation montre que les services vétérinaires d’État sont incapables d’identifier des infractions majeures. Sans les vidéos de L214, ces pratiques illégales n’auraient pas été identifiées et auraient duré encore des années", explique l'association.
L214 dénonce un manquement de l'État à sa mission de contrôle
Elle regrette que la préfecture n'aille pas plus loin qu'une mise en demeure de l'élevage. "L'association attend une position forte du parquet, gardien de l'application de la loi", poursuit le communiqué.
L214 annonce entamer un recours contre l'État "pour manquement à sa mission de contrôle dans cet élevage". "L’association saisira le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne pour faire juger les carences fautives des services vétérinaires de la Marne", indique-t-elle.
La coopérative Cirhyo, dont dépend cet élevage, s'est félicitée dans un communiqué que le rapport d'inspection "conclue à la bonne tenue de l'élevage et à la conformité globale des pratiques". Elle ajoute cependant ne pas cautionner "le non-respect de la réglementation" concernant "la procédure de castration sur la période de tournage" des images.
Cet élevage ne fait par ailleurs pas partie de ceux "fournissant les animaux destinés" à la marque Herta, précise-t-elle, contrairement à ce qu'affirme l'association. Selon la préfecture de la Marne, "près de 13 000 contrôles sur le bien-être animal ont été réalisés en 2022" par l'État, "donnant lieu à 230 procès-verbaux et 1 440 mises en demeure".