Après quatre mois de pluies entre octobre et février, depuis mars, la sécheresse frappe les exploitations agricoles de la Marne. Dans les élevages, on craint pour les stocks de fourrage. Pour les maraîchers, il a fallu arrêter certaines cultures. Pour d’autres, les rendements sont en baisse.
Le président de la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de la Marne (FDSEA), ne décolère pas. "On marche sur la tête, s'insurge Hervé Lapie. On ne sait pas où on va. On a affaire à une administration hors sol qui ne comprend pas notre métier. Le climat évolue. On subit les excès du changement climatique. Depuis le mois de mars, on est confronté à une sécheresse incroyable. On doit s’adapter, mais l’administration aussi. Dès le 27 avril, on avait fait une demande de dérogation pour faucher les jachères, mais l’administration confinée, c’est une catastrophe ! On vient seulement de recevoir la réponse, mais c’est trop tard. C’est en juin qu’il fallait faucher. Aujourd’hui, la valeur nutritive n’est plus la même. En plus, les céréaliers ne peuvent pas faucher pour aider les éleveurs. C’est fou ! La solidarité va être difficile à mettre en oeuvre. On cherche des solutions partout. Faut du bon sens. On n’en peut plus."
Eleveurs et maraîchers inquiets
Cyril Millon et Elodie Huguenin sont installés à dix minutes de Sainte-Menehould, dans la Marne. Ensemble ils gèrent, sur la commune du Chemin, l’EARL de l’Argonne (Exploitation Agricole à Responsabilité Limitée). Ils sont préoccupés car "le stock de fourrage va diminuer plus rapidement, à cause de la sécheresse," explique Elodie Huguenin. "On espère que le sud va nous venir en aide pour la paille ou le fourrage. En plus, avec la chaleur, les cinquante-huit vaches, des salers, boivent plus. Avec la température, on les laisse dehors. Elles y sont mieux que sous un hangar. Si on devait faire des balles de foin enrubannées, ça aurait un coût. On espère faire une coupe en arrière saison."Production de légumes en baisse
"On a dû arrêter certaines cultures trop gourmandes en eau, comme les épinards et les radis. On a réduit celle des choux et des salades On arrose tôt le matin, et tard le soir", explique Cyril Million. "On utilise le goutte à goutte, mais on sait déjà qu’il y aura un impact sur les navets, les betteraves rouges, les pommes de terre aussi. Pareil pour les courges et les céleris qui seront plus petits. Maintenant, on axe la production sur les haricots et les melons. Difficile de dire ce que seront nos résultats, en fin d’année."Elodie Huguenin et Cyril Million écoulent quatre-vingt pour cent de leurs productions, en vente directe. Ils cultivent leurs fruits et légumes sur quatre hectares, en plein champ et sous sept tunnels. Deux y sont consacrés à la production de fraises, hors sol, avec un support de terre, de tourbe et d’écorce.