Après les inondations du mois de juin, les intempéries se sont drastiquement réduites durant l'été. Eté qui s'est prolongé jusqu'en novembre, avec des températures douces et peu de précipitations.
Avec jusqu'à 36° au mois d'août, la chaleur a entraîné de multiples conséquences en Champagne-Ardenne. Dans l'Aube cet été, la température du lac de la forêt d'Orient a atteint 22°, soit deux degrés de plus que la moyenne enregistrée. A l'horizon 2050 la température de l'air sur le bassin de la Seine pourrait monter de 2 à 3°, favorisant l'augmentation de l'évaporation.
Dans la Marne, le niveau des cours d'eau a souffert. "S'il ne repleut pas, cela va être inquiétant pour les nappes phréatiques l'été prochain", s'inquiète Alain Noel, un habitant de Vadenay dans la Marne.
Des maisons fissurées en Haute-Marne
Dans le secteur de Saint-Dizier en Haute-Marne, des fissures sont apparues sur plusieurs maisons. "Cela fait deux ans et demi que l'on habite ici, on avait rien remarqué de spécial, assure une habitante, montrant des craquelures de deux centimètres dans sa maison. C'est depuis juillet août 2018 qu'on a remarqué ces fissures."Et pour cause : l'indice d'humidité des sols est de 60 à 80% déficitaire dans le nord-est du pays, et "atteint des valeurs records" sur le Grand Est, souligne Météo France dans un rapport publié en octobre 2018. Selon cette carte, c'est la Haute-Marne qui est la plus touchée en Champagne-Ardenne.
Le rapport pointe également des sols superficiels "extrêmement secs" dans la Marne, l'Aisne et les Ardennes, entre août et octobre 2018.
De nombreuses cultures ont été touchées, à commencer par les maïs. Le 1er août, un producteur de maïs alertait sur l'état de ses plantes, beaucoup plus sèches que la normale.
"Les plantes sont totalement asséchées. Elles sont dignes d'un 15 octobre", se désolait Denis Hunin, producteur de maïs à Lassicourt dans l'Aube.
Certaines plantes n'ont pas germé
Plus grave encore certains plans n'ont pas germé. Dans l'Aube entre juillet et octobre les précipitations ont été deux fois moins importantes que l'année précédente. Dans un rapport publié en octobre dernier, Météo France alertait : "La sécheresse qui touche un grand quart nord-est de la France présente un caractère exceptionnel." Dans le Grand Est, en moyenne, le déficit a souvent été supérieur à 50%."Là c'est de la braise, on a que de la petite motte sèche. On aperçoit quelques grains qui sont en train de germer, mais d'autres qui dépérissent car n'ont pas eu assez humidité. (...) une période aussi longue sans eau, pour travailler de façon traditionnelle, c'est vraiment inhabituel", remarquait À Vendeuvre-sur-Barse (Aube), Sébastien Olivier.
L'absence de pluie a tourné à la catastrophe pour les éleveurs. Sur des terrains désertifiés, impossible de laisser les bêtes dans les pâtures. "La conséquence directe, c'est 2 à 3 litres de lait par jour en moins de produits par jour", estimait Denis Hunin en octobre dernier.
Pour aider les éleveurs, la Région a débloqué une aide de 6 millions d'euros, car dans ces conditions nourrir les bêtes coûte plus cher sans compter qu'elles produisent moins. La récolte des betteraves a dû être reculée. Le manque d'eau a réduit les tonnages et la durée de la campagne avec toutefois des betteraves plus riches en sucre.