Avec la crise sanitaire, certaines offres de restauration remportent un formidable succès. C'est le cas pour une petite entreprise installée à Ville-en-Selve, dans le parc de la Montagne de Reims, dans la Marne. De ce village, "Les petits plats d'Arthur" approvisionnent particuliers et hôteliers.
Ce qui aurait pu n'être qu'un problème, est devenu bien plus qu'une solution. Aujourd'hui l'entreprise "Les petits plats d'Arthur" est une véritable "success-story". C'est l'histoire de la vie d'Arthur Lepagnol. Tout commence en 1994. Arthur vient au monde avec, et c'est un problème pour le nourrisson, une allergie au lactose. Toute la famille se mobilise, s'implique pour trouver des solutions. Arthur, devenu enfant, se souvient, notamment des petits plats, avec toutes sortes de légumes, que lui mitonnait celui que tout le monde appelle Dédé, son grand-père paternel André.
Sa marraine, Catherine, quelques années plus tard lui fera découvrir l'alimentation sans gluten, étant elle-même intolérante. Aujourd'hui, elle est associée avec Arthur dans l'entreprise à laquelle la crise sanitaire permet d'afficher une réussite sans précédent.
Des étoilés sont clients
Dans la famille d'Arthur Lepagnol, on est châlonnais, depuis plusieurs générations, comme Nicolas Appert. Ce n'est qu'un hasard de l'histoire, mais c'est lui, Nicolas Appert, qui au 18ème siècle a mis au point l'appertisation, permettant de conserver des aliments. Aujourd'hui, le jeune entrepreneur marnais commercialise des plats, en petits bocaux stérilisés, pouvant se conserver jusqu'à trois ans.
Joue de porc aux lentilles, canard aux pommes au miel de châtaigne ou encore lasagnes de polenta végétarienne, onze plats, dont deux desserts sont proposés aux palais gourmands. L'Hôtel de Champagne à Epernay, le Mercure de Reims-Cathédrale, l'Hôtel des Templiers, ou encore le Stanhope Hôtel, un cinq étoiles de Bruxelles, face au Parlement Européen, font appel aux "Petits plats d'Arthur", pour offrir une restauration à leurs clients, à toutes heures du jour et de la nuit.
Depuis un an, on est des sauveurs pour ces hôtels. On remplace les restaurants, en assurant un service de qualité, qui ne dénote pas. Le goût, tous les ingrédients y sont, et nous répondons aux problèmes d'allergies.
Le room service a remplacé le restaurant
Il y a encore quelques mois, dans ces établissements, on pouvait proposer ces petits bocaux, à deux heures du matin, quand les cuisines étaient fermées. Mais la crise sanitaire qui a entraîné la fermeture des restaurants a rebattu les cartes. " Depuis un an, on est des sauveurs, pour ces hôtels. On remplace les restaurants, en assurant un service de qualité, qui ne dénote pas. Le goût, tous les éléments y sont, et nous répondons aux problèmes d'allergies", explique Arthur Lepagnol.
Depuis un an, donc, les commandes ont été multipliées par cinq, à destination des hôtels, mais aussi des particuliers, qui peuvent commander les créations d'Arthur, sur internet. Le "Grecque de légumes au quinoa" figure d'ailleurs parmi les "best-sellers". Il a fallu trois ans pour que la jeune entreprise trouve sa clientèle. Depuis mars 2017, elle a fait son chemin, une petite route qui a mené au succès.
Un pro aux fourneaux
Arthur Lepagnol n'est pas cuisinier. Il a reçu une formation d'ingénieur, orientée vers les énergies renouvelables, à l'école des Arts et Métiers de Châlons-en-Champagne, dans la Marne, avec une année de scolarité en Ecosse. Pour compléter ses études, il s'est inscrit au Master de l'innovation, à l'EM, une école de management de Lyon. Il voulait en apprendre, un peu plus, avant de lancer son affaire. Ses connaissances, en tant qu'ingénieur, lui servent de base, aujourd'hui, pour dimensionner, installer, son futur laboratoire.
Pour autant, pour mitonner les petits plats, il lui fallait un vrai professionnel. Il s'est tourné vers Christian Dubois. Des années à travailler chez Davigel, la tenue d'un restaurant et des interventions, en tant que consultant, ont convaincu Arthur Lepagnol. Avec ce membre de l'Académie Culinaire de France, installé à Rouen, il a mis au point les recettes proposées actuellement. Beaucoup n'ont pas abouti, mais il y en a encore de nombreuses, en réserve.
Installation, d'ici la fin de l'année, à Sillery
A 27 ans, Arthur Lepagnol a une idée bien précise de l'évolution de son entreprise. "Nous sommes en discussion pour nous installer à Sillery, près de Reims, dans la Marne. Je prévois de construire un laboratoire de 120 à 150 mètres carrés, avec possibilités d'extension. Il ne faut pas vouloir aller trop vite, mais être flexible. Nous avons déjà des partenaires privés et institutionnels. D'ici 5 ans, j'ai l'intention de former dix personnes, à cuisiner".
"Nous-mêmes, nous nous sommes formés pour devenir conserveur", assure-t-il, soulignant que : "nous n'avons pas droit à l'erreur. Nos plats sont élaborés de manière à éviter les contaminations croisées. Nous voulons offrir qualité, goût et solutions aux allergies". Le manger sain et qualitatif est en effet un principe central des "Petits Plats d'Arthur". Les additifs en sont exclus. Les plats ne contiennent pas de gluten, ni de conservateurs, ni d'huile de palme et pas de lactose. Ils sont scellés. On les réchauffe fermés. Il suffit ensuite de tirer la languette, et de prendre une fourchette et d'une cuillère pour déguster.
Des ingrédients garantis
Comme l'entrepreneur se veut irréprochable, les ingrédients utilisés dans les plats sont "sourcés", sans gluten, avec certification. "On s'est différencié, pour proposer une offre qui permet de manger sur le pouce, avec traitement allergique. Tout est stérilisé. Dans les plats, tout est en petits morceaux, sans gras, sans os. Il n'y a rien à laisser", souligne Arthur Lepagnol.
L'ouverture du laboratoire représentera un investissement de 450.000 euros, mais le jeune marnais a bien étudié l'opération. "On travaille comme des malades", reconnaît-il. "A Noël, j'ai réalisé un véritable marathon, pour finaliser le "business plan", plancher sur les agréments sanitaires…"
En trois ans, la petite affaire s'est bien développée. "Au début, les gens ne comprenaient pas notre produit. Pourquoi manger dans un bocal, quand on peut aller au restaurant ? "Pensaient-ils. Seulement, depuis la COVID 19 a entraîné la fermeture des restaurants. Qui sait si "Les petits plats d'Arthur" auraient connu un tel succès sans elle ?