Dans quelques heures Vincent Lambert ne pourrait peut-être plus bénéficier des soins de réanimation promulgué depuis son accident en septembre 2008 qu’il l’a rendu tétraplégique et en état de conscience minimale.
C’est la difficile décision prise ce samedi par le docteur Eric Kariger, gériatre et chef du pôle autonomie et santé au CHU de Reims.
C’est après une réunion collégiale réunissant des experts, la famille, l’épouse de Vincent, les parents, ainsi que les frères et sœurs que cette décision a été prise pour la seconde fois.
Le 11 mai dernier, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait fait stopper le processus légal sur la fin de vie. L’équipe soignante, après avoir arrêté les soins de réanimation avait dû rétablir l’alimentation et l’hydratation de Vincent Lambert, suite aux différents avec les parents et l’épouse de Vincent. Les parents estimant n’avoir pas été concertés à l’occasion de la réunion collégiale prévue par la loi Leonetti sur la fin de vie.
Dans quelques heures, si aucun nouveau recours ne vient entraver le processus de fin de vie, seuls les soins de confort et de sédation seront donnés. Un apaisement pour son épouse.Selon le corps médical, Vincent Lambert, le patient de 37 ans hospitalisé depuis 5 ans après un accident de moto, est totalement aphasique et dans un état "pauci-relationnel", un état de conscience minimale qui permet une certaine interaction avec l'environnement par la vue notamment, sans pour autant
"être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles". "Vincent est dans un état stable au sens où sa vie de relation se restreint de plus en plus", a précisé le docteur Kariger.
En avril dernier, alors que le malade multipliait des comportements d'opposition aux soins "faisant suspecter un refus de vivre", les médecins avaient engagé un protocole de fin de vie en accord avec sa femme présente quotidiennement depuis l'accident et une partie de la famille, mais sans consulter explicitement les parents vivant dans le sud de la France.
Le 11 mai, la mère de Vincent avait saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne et obtenu du juge que les médecins reprennent l'accompagnement thérapeutique en rétablissant l'alimentation et l'hydratation du patient. "Le juge ne s'était pas prononcé sur le fond mais avait seulement estimé que le processus collégial n'avait pas respecté l'obligation de consulter l'ensemble des membres de la famille", a souligné Sara Nourdin, l'avocate de l'épouse de Vincent Lambert. "Conformément à la loi, la décision finale revient au corps médical et fait partie de notre dure responsabilité", a estimé le docteur Kariger, précisant que le protocole de fin de vie pourrait commencer dans les semaines à venir.