La famille de Vincent Lambert, qui se déchire sur son sort, était réunie lundi matin au tribunal de Reims devant la juge des tutelles qui doit examiner la demande des médecins d'une mise sous protection du patient en état végétatif.
C'est une nouvelle étape dans l'affaire Vincent Lambert. Il y a 6 mois, le CHU de Reims où est hospitalisé Vincent Lambert depuis 8 ans, a décidé de stopper la procédure collégiale de fin de vie. Il a aussi saisi le procureur de la République pour que la justice nomme un tuteur à son patient. Ce lundi matin au tribunal, les avocats des parents de Vincent Lambert, sa femme Rachel et son neveu François étaient présents à l'audience.
Les parents de Vincent Lambert soutiennent la procédure, une opportunité, pour eux, si un tuteur est nommé, de faire placer leur fils dans un autre établissement. Une mise sous tutelle qu'ils avaient d'ailleurs déjà demandée il y a quelques années.
Pour les autres membres de la famille, la femme de Vincent Lambert, une partie de ses frères et soeurs et son neveu, cette audience ne fait que retarder l'application des décisions de justice qui ont validé la fin de vie de Vincent Lambert.
Le juge des tutelles ne rendra pas sa décision lors de cette audience. Le délibéré sera rendu le 10 mars 2016.
"Le CHU a demandé une mise sous tutelle au moment où il devait prendre une décision d'arrêt des traitements, c'est une stratégie de l'enlisement afin que les médecins puissent éviter de prendre leurs responsabilités", a expliqué François Lambert, le neveu de Vincent, partisan de l'arrêt des traitements. "Une tutelle ne sert à rien, c'est un menace supplémentaire pour le droit de Vincent à ne pas subir d'acharnement thérapeutique", a-t-il ajouté avant d'entrer dans la salle d'audience de la Chambre des familles du TGI de Reims, où la juge doit entendre les différentes parties.
"Les parents de Vincent demandent la mise sous tutelle qui serait une première étape pour un transfert vers une autre unité de soin plus adaptée à son état", a pour sa part déclaré Jérôme Triomphe, l'avocat des parents. "Vincent a évolué par rapport à l'année dernière et il n'a rien à faire au CHU de Reims qui n'a qu'un projet de mort pour lui", a-t-il encore plaidé. Selon les avocats, la juge devrait rendre sa décision plusieurs semaines après l'audience de lundi.
Le contexte conflictuel qui oppose les parents, catholiques traditionalistes farouchement déterminés à maintenir en vie leur fils, et son épouse Rachel soutenue par de nombreux frères et soeurs qui souhaitent une "fin digne" pour Vincent, devrait inciter la juge à nommer un tuteur extérieur à la famille.
Les médecins avaient alors alerté le procureur de Reims pour réclamer des mesures de "protection globale et déterminer un référent qui pourrait représenter légalement" le patient.
Voir notre reportage diffusé dans le JT 12/13 de ce lundi 1er février 2016