Dire "stop à l'austérité" et au blocage des salaires : les salariés sont appelés jeudi par quatre syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires) à une grande manifestation nationale à Paris et à des arrêts de travail, sans grandes perturbations attendues.
Hormis dans le ciel, où l'appel à la mobilisation télescope un mot d'ordre lancé par le premier syndicat de contrôleurs aériens, les transports devraient fonctionner normalement. La SNCF comme la RATP prévoient un trafic normal sur leurs réseaux.
Les écoles risquent en revanche d'être perturbées: plusieurs organisations d'enseignants, dont le SNUipp-FSU (1er syndicat du primaire) et le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, ont appelé à cesser le travail pour dénoncer notamment le blocage des salaires des fonctionnaires depuis 2010. Alors que Radio France est en grève depuis plus de trois semaines, un appel à la mobilisation a aussi été lancé à France Télévisions. Au total, près de 800 syndicats d'entreprises publiques et privées appellent à la grève, selon la CGT. Si FO met l'accent sur la grève, votée en février lors de son dernier congrès, la CGT mise, elle, surtout sur la manifestation parisienne, qui partira à 13H00 de la place de l'Italie en direction des Invalides, pour "se faire entendre du gouvernement".
Les deux leaders Jean-Claude Mailly (FO) et Philippe Martinez (CGT) prendront la tête du cortège, auquel ne se joindront pas les réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa). La CGT a prévu "plus de 250 cars" venant de toute la France pour acheminer les manifestants, qui emprunteront également le train. Plus de 80 défilés sont aussi programmés en régions. Jean-Claude Mailly s'est dit "optimiste" sur le niveau de la mobilisation, qui intervient une dizaine de jours après les élections départementales marquées par la défaite du PS et l'enracinement du FN.
"Il y aura du monde"
"Les syndicats vont mettre le paquet, il y aura du monde. Ils vont faire en sorte que ce ne soit pas un échec", estime une source gouvernementale. La mobilisation de jeudi, décidée en février lors d'une intersyndicale, vise à "lutter contre l'austérité et ses impacts destructeurs", dénoncer le pacte de responsabilité ou encore le projet de loi "libérale" du ministre de l'Economie Emmanuel Macron.Jean-Claude Mailly a en effet vu dans les élections départementales l'expression d'un "mécontentement" et Philippe Martinez juge que les salariés ont "sanctionné la gauche". En cause, selon le leader de la CGT, "l'austérité dont le résultat est le chômage et la montée de la xénophobie". Et selon le leader de FO, interrogé dans Le Figaro, il est "de la responsabilité" d'un syndicat "à un moment de dire stop" à "la logique d'austérité, dont les dégâts sociaux, économiques et démocratiques sont considérables". Une analyse récusée par le ministre du Travail François Rebsamen. "Il n'y pas en France de politique d'austérité" et "le pouvoir d'achat a augmenté de 1,1% en 2014", dit-il.
La protestation des syndicats rejoint celle de certains politiques : les écologistes ont demandé un "changement de cap", et Martine Aubry un infléchissement en faveur "de l'emploi et de la croissance". A gauche, Lutte ouvrière, le NPA et le Front de gauche soutiennent l'initiative syndicale.
En organisant un défilé national, la CGT espère aussi faire mieux que lors des journées d'action des deux dernières années, de moins en moins suivies. Et afficher une image de force et d'unité, après la crise sans précédent qui a abouti à la démission de son ex-numéro un, Thierry Lepaon.
La journée du 26 juin 2014, à l'appel de la seule CGT, n'avait rassemblé que 4.800 personnes à Paris, selon la police, et celle du 14 octobre 2014 pour la défense de la Sécurité sociale, 5.500. La centrale elle-même n'avait pas fourni d'estimation.