Depuis le 26 juin, les pompiers de la Marne se sont ralliés au mouvement national de grève. Un mouvement de contestation qu'ils ont affiché en marge du traditionnel défilé du 14 juillet. Explications.
"Aujourd'hui, le pompier est un plombier, un chauffagiste." Le constat de Damien Choquet, pompier professionnel à la caserne Marchandeau à Reims et membre de la CGT est sans appel. Selon lui, les soldats du feu ne remplissent plus des missions d'urgence, d'incendie ou encore de secours aux victimes, "mais pallient les manques d'autres secteurs de la fonction publique". Il explique : "On nous demande d'intervenir dans de multiples domaines qui ne font pas partie de nos compétences."Ce samedi 13 juillet, alors que militaires, jeunes de l'école nationale de police ou encore des membres de la Croix-Rouge, défilaient fièrement le long de l'avenue Paul Marchandeau, passant inévitablement devant la caserne. Seulement, les pompiers professionnels n'ont pas été conviés, seuls les volontaires se trouvaient dans les rangs du traditionnel défilé.
Une baisse des effectifs malgré une hausse des interventions
Depuis le 26 juin, les pompiers ont lancé un appel national à la grève. En cause : une dégradation de leur mission de service public, une baisse des effectifs malgré une augmentation des interventions et une prime de feu insuffisante. "En 2018, nous étions à 9.400 interventions et aujourd'hui, à 10.700 pour le centre Marchandeau, soit une hausse de 14%", relève Damien Choquet. Cette augmentation, le professionnel l'explique par "des carences dans d'autres domaines de la fonction publique". Il prend pour exemple les cas d'ivresse sur la voie publique, qui sont du ressort de la police.
On attend parfois plus d'une heure que les forces de l'ordre arrivent sur place, ce qui mobilise des agents pendant une heure, au détriment d'autres actes de secours d'urgences à victimes. L'ivresse sur voie publique n'est pas un acte de secours d'urgence, ne fait pas partie de nos missions.
-Damien Choquet, pompier professionnel à Reims.
Ivresse sur la voie publique, fuites d'eau ou encore les pannes d'ascenseurs... autant de raisons pour lesquelles les pompiers sont sollicités, au détriment d'autres interventions d'urgence. "Ça nous empêche d'aller sur des choses plus graves, ou cela augmente les délais d'intervention, argue-t-il. On ne peut pas tout faire."
Les pompiers victimes de violences verbales et physiques
Les pompiers se sont décidés à afficher leur colère après une intervention particulièrement éprouvante la semaine précédant le défilé. Alors que les soldats du feu interviennent dans un quartier de Reims, un fourgon d'incendie est pris pour cible. "On a eu 17 impacts sur un fourgon, avec 2.500 euros de réparation, souligne Damien Choquet. Il n'y a pas eu de blessés car ils ont été protégés des jets de pierre, mais la police a mis plus de 25 minutes à venir sécuriser les lieux. Le feu s'est propagé à un bâtiment à côté. Heureusement qu'il était vide."Et le pompier d'ajouter : "On vit au quotidien des violences physiques et verbales. Les policiers étant eux aussi en sous effectifs, ils ne peuvent pas assurer notre sécurité. Nous devons mettre en œuvre notre droit de repli, ce qui a des conséquences sur nos interventions et la sécurité des gens."