Après sa cure de jouvence, ce monument âgé de près de vingt siècles se dévoile de nouveau au public

Une longue période de restauration s'achève sur la porte de Mars, à Reims (Marne). L'échafaudage qui la recouvre va bientôt totalement disparaître, laissant apparaître le résultat du travail minutieux des spécialistes pour révéler les éléments antiques de l'édifice romain du IIIe siècle.

La porte de Mars, qui trône à l'entrée de ville de Reims, est le témoin le plus marquant de l'histoire romaine de la cité. Avec ses 32 mètres de long et ses 13 mètres de haut, il est impossible de manquer celui qui est présenté comme le plus grand arc connu du monde romain. Mais depuis de longs mois, il était caché sous un échafaudage recouvert d'immenses bâches blanches.

La structure est peu à peu retirée pour permettre enfin d'admirer de nouveau la porte édifiée au IIIe siècle et témoin du passage du temps. "Début juin, tout le monde pourra la voir en entier, achevée. Le chantier sera terminé pour la porte", explique Charlotte Hubert, architecte en chef des monuments historiques, interrogée par notre journaliste Maxime Meyer à la fin du mois d'avril.

"L'enjeu de notre restauration est de faire comprendre l'histoire de cette porte dans tout son temps long", ajoute-t-elle. Car en près de vingt siècles, le monument a subi de nombreuses transformations. Il a un temps fait partie intégrante des remparts qui faisaient le tour de la ville. "Des murs avaient rempli les arcades", rappelle Charlotte Hubert.

La porte de Mars a ensuite été incluse dans le château des archevêques, avant que celui-ci ne soit détruit, comme le rappelait la ville dans un document édité en 2015. Les éléments antiques d'origine étaient donc mêlés avec d'autres plus contemporains.

C'est le cas par exemple de toute une partie de la porte, à l'ouest du côté des promenades, qui a été totalement reconstruite au XIXe siècle. L'architecte de la ville de Reims d'alors, Narcisse Brunette, a choisi de recréer de toutes pièces cette partie du monument. "Il n'y avait plus rien, il a décidé de reconstruire et de refaire comme si c'était neuf", détaille Charlotte Hubert.

Le chantier, débuté en janvier 2023, aurait pu suivre la même logique. Mais c'est un chemin bien différent qui a été choisi. "Il y avait énormément de reprises parce que la porte a été prise dans l'enceinte de la ville de Reims pendant des siècles. Et on avait fait des réparations avec des petits morceaux de pierre, des ciments. On a purgé tout ça", indique l'architecte en chef des monuments historiques.

Tout ce qui n'est pas antique a été enduit pour essayer de faire ressortir l'architecture première de cette porte antique.

Charlotte Hubert, architecte en chef des monuments historiques

"On a veillé à conserver tous les éléments d'architecture antique qui sont en place, ils ont été nettoyés. Aucun n'a été supprimé. Ils ont un peu d'usure, forcément après presque vingt siècles, mais ils étaient en assez bon état."

"Presque un travail d'archéologie"

Une partie des chapiteaux corinthiens qui trônaient en haut des colonnes avaient été rongés par le temps. Un important travail a donc été mené pour les recomposer sur la face nord du monument. "C'est presque un travail d'archéologie, parce qu'il faut retrouver la composition du chapiteau. C'était très lacunaire, on n'avait plus vraiment les éléments très visuels pour nous donner une bonne lecture du chapiteau dans sa totalité. Il a fallu, d'après les vestiges qu'on voit, recomposer ce chapiteau", raconte Pascal Larsonneur, sculpteur.

Des pierres neuves – "ce qu'on appelle des greffes, comme en médecine", glisse Charlotte Hubert – ont donc été fixées aux parties antiques et sculptées sur place. Un travail de cinq à six semaines pour chaque chapiteau.

Côté sud, les recherches n'ont pas permis de déterminer précisément comment étaient les chapiteaux des colonnes à l'origine. On a donc décidé de simplement épanneler les pierres. "C'est-à-dire qu'elles ne sont pas sculptées. On ne sait pas comment elles étaient à l'origine, donc on laisse supposer", décrit l'architecte en chef des monuments historiques.

Les échafaudages qui cachent encore la porte de Mars devraient être entièrement démontés dans les prochaines semaines. La fin des travaux est prévue pour le mois de juin.

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