Homicide de Mourmelon-le-Grand. Les deux adolescents mis en examen pour assassinat

Une information judiciaire pour assassinat été retenue, ce 6 juin, à l'encontre des deux jeunes mis en cause dans le meurtre de Kévin à Mourmelon-le-Grand (Marne). Ils ont été placés en détention provisoire et encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Les deux adolescents déférés ce 6 juin devant le parquet de Reims, auraient prémédité le rendez-vous qui a coûté la vie au jeune Kévin à Mourmelon-le-Grand (Marne) quatre jours auparavant. Le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette, a annoncé, lors d'un point presse dans la soirée, qu'une enquête judiciaire pour assassinat avait été ouverte à l'encontre des deux suspects. Ils ont été placés en détention provisoire.

Le magistrat a détaillé, lors de sa conférence, le déroulé des faits. Le samedi 2 juin, la jeune fille prénommée O. donne rendez-vous à Kévin dans le parc du Bois des soeurs de Mourmelon-le-Grand vers 15 heures. Le jeune garçon serait son "presque petit ami" selon sa déclaration en garde à vue. Alors qu'ils se baladent, un individu tente de faire tomber la jeune fille. Celui-ci, armé d'un couteau, frappe alors Kévin de plusieurs coups.




"Un corps à corps s'engage alors entre les deux hommes," raconte le procureur. Après avoir été mis en difficulté, l'agresseur prend le dessus et frappe mortellement Kévin. "L'autopsie devait conclure à la présence d'une vingtaine de coups de couteau, dont deux mortels, avec une lame de 18 centimètres de long," poursuit le magistrat. L'inconnu, blessé dans l'altercation, prend alors la fuite à pied. Malgré l'intervention rapide de passants, le Mourmelonnais expire quelques minutes plus tard.

Un agresseur pas si inconnu

Interrogée sur les faits, O. fournit une description de l'agresseur - qui se révèlera plus tard être erronée - et un appel à témoin est lancé par les autorités pour retrouver le fuyard. Celui-ci n'est finalement pas si "inconnu" : prénommé A., il est une connaissance de Kévin et d'O. et ont été scolarisés au même collège. Kévin et A. ont fréquenté les mêmes amis.




Selon l'enquête, "il est de notoriété publique qu'A. était apris de O". À la reprise des cours, le lundi 4 juin, un camarade remarque qu'A. est blessé et boîte. Celui-ci en fait alors part à ses parents qui préviennent la police.


ll déclarait avoir agi de la sorte à la demande de O. qui souhaitait se débarrasser de Kévin qui, selon elle, la harcelait.



A. est alors interpellé à son domicile dans la soirée, et l'appel à témoin est suspendu. Interrogée, la soeur cadette du jeune homme a avoué aux enquêteurs qu'A. lui avait confié les circonstances du meurtre dont il était l'auteur. "Il lui avait déclaré avoir agi de la sorte à la demande de O. qui souhaitait se débarrasser de Kévin qui, selon elle, la harcelait." Placé en garde à vue, A. reste d'abord silencieux.


Un guet-apens préparé quatre jours auparavant

La découverte, dans sa chambre, d'un couteau de guerre américain des années 1950, qui se trouvera être l'arme du crime, et de vêtements ensanglantés, ainsi que la concordance entre son ADN et celui trouvé dans le sang laissé par l'agresseur dans sa fuite, pousse le jeune A. aux aveux, mercredi 6 juin. "Il a alors complètement changé de version : il a indiqué avoir prémédité le meurtre de Kévin avec la complicité active d'O," détaille M. Bourrette.


A. devait alors simuler le vol du sac de la jeune fille pour conduire Kévin à intervenir et ainsi le poignarder à mort.



Il affirmait de même que les deux acolytes avaient organisé l'opération quatre jours avant les faits. O. devait donner rendez vous à Kévin, alors que A. se trouvait à proximité. "Il devait alors simuler le vol du sac de la jeune fille pour conduire Kévin à intervenir et ainsi le poignarder à mort," ajoute le procureur. "Il était également prévu que la jeune fille soit légèrement blessée pour donner plus de crédit à l'agression".




Dans le même but, A. et O. avaient anticipé l'appel à témoin et recherché sur internet la photo d'un possible mis en cause. A. avait même cherché à se façonner un alibi. Pour faire croire qu'il courait dans un autre lieu au moment des faits, il avait diffusé via son ordinateur des photos de ses chaussures de sport avec la mention "J'ai bien couru lol".

Une relation intime entre les deux prévenus

L'exploitation des téléphones portables ont révélé des contacts quasi quotidiens entre les deux mis en cause sur les six derniers mois. Ces derniers échangeaient même des photos suggestives, dont certaines pourraient avoir été envoyées après les faits. Ces découvertes rentraient alors en contradiction avec le premier témoignage de la jeune fille, qui déclarait ne pas connaître l'agresseur.


A. aurait pu décrocher la lune pour O.



Les enquêteurs ont constaté que les deux mis en cause partageaient une passion pour les airsofts (fusils à billes à air comprimé, NDLR). De son propre aveu, A. serait un amateur d'armes à feu et des reconstitutions d'épisodes guerriers et militaires. Il ne se dit pas "amoureux" de la jeune fille, ce qui entre en contradiction avec son action et les témoignages de leur entourage. Au cours de l'enquête, certains témoins auraient déclaré que celui-ci "aurait pu décrocher la lune pour [O.]".

La jeune fille se défend d'avoir souhaité la mort de Kévin

Ayant appris le placement en garde à vue de A., celle-ci avait appelé à deux reprises les gendarmes pour manifester sa peur vis à vis du gardé à vue. Elle leur confiait même redouter que ce dernier ne l'accuse lors de son audition. Placée en garde à vue, la jeune fille, victime d'un malaise, n'a pas pu être interrogée longuement sur les faits. "Elle a cependant indiqué qu'elle avait rencontré le mis en cause une heure avant les faits, et que c'était lui seul qui avait fomenté l'agression pour la libérer de l'emprise de son petit ami." Elle se défend d'avoir voulu la mort de la victime.





Le meurtre de Kévin ayant été échafaudé en amont, les deux adolescents sont donc inculpés pour assassinat, c'est-à-dire meurtre avec préméditation. Ils riquent tous deux 20 ans de réclusion criminelle, si l'excuse atténuante de minorité est retenue. Un enquête de personnalité sera prochainement réalisée sur les deux mis en cause pour déterminer s'ils ont agi sur un pied d'égalité ou sur un rapport entre instigateur et exécutant.


La conférence de presse de Matthieu Bourrette, procureur de la République de Reims (6 juin 2018)



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