Natif de Reims, Louis Leroux-Géré a publié les 26 et 27 janvier deux clichés photographiques de la rencontre entre la cathédrale Notre-Dame de Reims et la lune. Plus que de simples photos, c'était un véritable rendez-vous que le jeune rémois de 28 ans, désormais installé du côté de Lille, envisageait depuis un moment. Une rencontre entre une passion, l'astronomie, et une révélation, la photographie.
Un projet, des calculs, 50 kilos de matériel à installer... et quelques secondes de magie.
Et pour avoir LE cliché, de Notre-Dame de Reims en tête à tête avec la pleine lune, il faut non seulement que les astres soient alignés, mais aussi que la météo offre la possibilité d'une éclaircie nocturne. Ces dernières semaines furent compliquées: entre la pluie, la neige et le très grand froid, Louis a dû patienter. Dans l'idéal, le repérage est préconisé pour trouver le spot idéal qu'il pourra rallier en voiture et s'éviter ainsi de trop porter les 50 kilos de matériel.
"La meilleure période, c'est en l'hiver, quand la nuit tombe, on arrive à avoir un bon mélange de luminosité entre nuit et jour, explique Louis Leroux-Géré. C'est vraiment l'horaire idéal et en plus, je voulais avoir la cathédrale de face, et ça tombe justement pendant les mois d'hiver. Sinon, on peut la faire avec la cathédrale de profil en mai ou en juin."
"Là, nous n'avons pas eu le temps de faire ce repérage, reprend Louis. Ça s'est décidé au dernier moment avec la météo. C'est pour cela que nous avons aussi été surpris par les lignes électriques. Sinon, le calcul du moment idéal se fait grâce à des applications, des logiciels, des planétariums qui donnent la position de la lune par rapport à un lieu donné. On a choisi la cathédrale et la lune et il fallait que l'on se mette dans le prolongement de cet axe, assez loin de Reims pour avoir ce recul nécessaire avec le télescope qui a une focale de 1000 millimètres". Le premier jour, Louis et son père, qui l'accompagne, s'installent du côté de Jouy-les-Reims à 8 km du monument. Ils trouvent le lieu via Google Maps. "On a cherché un chemin accessible, un peu en hauteur, sur une crête, pour avoir la cathédrale qui dépasse bien de la ville par rapport à l'horizon". Même chose le 2ème jour où, installés sur la commune d'Ormes, le père et le fils font face au ciel nuageux et à leur frustration... "Le 2ème soir était beaucoup plus préparé mais on a eu des nuages et on n'a pas eu de chance. Le premier était un peu à l'arrache. On n'est jamais complètement satisfaits".
Je recommencerai. Pour donner un autre point de vue et pour tenter de diminuer cette frustration de ne pas avoir réussi la photo parfaite.
Louis Leroux-Géré, astrophotographe
Associer deux passions
Louis Leroux-Géré habite désormais Lille et lorsque la météo lui a donné le feu vert, il a pris sa voiture après son travail. Direction Reims, où il a retrouvé son père sur le terrain. "En fait, le télescope doit être mis en température et doit rester une heure à l'extérieur pour s'acclimater sinon cela cause des défauts optiques". Le 26 janvier, Louis arrive seulement 20 minutes avant l'horaire idéal mais décide tout de même de tenter le cliché. "La photo est un peu floue car c'est dû justement à ce phénomène-là, d'air chaud et d'air froid qui se confrontent ".
Un premier rendez-vous entre Louis, la pleine lune et la cathédrale. Une première rencontre en face-à-face qui en appelle d'autres. "Moi je voulais la cathédrale en sujet N°1, c'est un fort symbole de la ville et, en plus, c'est un monument qui est très haut et qui se détache bien par rapport à l'horizon. Et puis, je ne pratique quasiment que de la photo astronomique et je souhaitais combiner les deux. Maintenant, j'aimerais bien la retenter le mois prochain ou le mois d'après, ce sera avec des angles différents mais s'il fait beau, je recommencerai. Pour donner un autre point de vue et pour tenter de diminuer cette frustration de ne pas avoir réussi la photo parfaite".
J'aime associer astronomie, photo et patrimoine. Cela donne un regard différent que l'on voit très rarement.
Louis Leroux-Géré, astrophotographe
Technicien Télécom de métier, Louis est, depuis tout gamin, passionné d'astronomie. C'est son père qui lui offre son premier télescope. La photo, elle, arrive bien plus tard, également grâce à son père, Frédéric Leroux, photographe professionnel depuis 15 ans. "Mon père m'a formé aux techniques classiques. C'était il y a 5 ans. Je suis curieux et donc je l'ai accompagné sur quelques mariages, fait des portraits. Puis très vite, j'ai bifurqué vers le paysage". Combiner sa passion pour l'astronomie et celle naissante pour la photo est très vite une évidence. Cela devient même une spécialité. "Je fais un peu de paysages de jour quand je voyage. Mais mon domaine de prédilection, c'est la photo de nuit, c'est l'astrophotographie".
Un rêve
Des clichés ont marqué ses premiers pas. En 2020, à 3 heures du matin dans les vignes champenoises, Louis réussit à capturer la comète. "Ça m'a marqué, c'était un super moment". Puis il y eut d'autres moments assez exceptionnels au bord des côtes du nord de la France ou avec la voie lactée au-dessus du château de Chambord. "J'aime associer astronomie, photo et patrimoine. Cela donne un regard différent que l'on voit très rarement. C'est une belle association, je trouve. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le faire beaucoup autour de Reims. Je l'ai tenté déjà du côté de Lille et j'ai aussi fait la lune avec les falaises d'Etretat il y a deux ans".
En attendant, Louis a d'autres projets. Celui de continuer à se perfectionner dans ce domaine. "C'est une autre façon de travailler. On s'éloigne de la photo traditionnelle. Il y a beaucoup de préparation en amont, la mise en place aussi est longue entre l'installation et la montée en température du télescope. Ensuite il y a une étape obligatoire qui est la collimation du télescope. Il fonctionne avec deux miroirs et il faut aligner correctement les deux, sinon, cela ne va pas renvoyer la lumière avec la bonne incidence. Une fois que tout cela est prêt, on met directement l'appareil photo à la sortie du télescope et ensuite ça roule, comme une photo classique".
Il rêve aussi à d'autres rendez-vous de la pleine lune avec "la cathédrale de Laon et pourquoi pas tenter sur d'autres monuments de Reims ou de la région. J'ai aussi en tête de le faire, à côté d'Epernay, avec une petite cabane visible à des kilomètres à la ronde, en haut d'une colline au milieu des vignes. Je pense qu'il y a moyen de faire des belles choses là-bas".
La tête dans les étoiles, l'œil dans le viseur, Louis Leroux-Géré fait partie de ces rares astrophotographes français. À l'évocation de faire de sa passion son métier, le jeune homme de 28 ans exprime clairement son envie. "J'aimerais beaucoup ! Si un jour j'ai l'opportunité, je fonce !"