Depuis le début du mois de juillet, des affiches ont fleuri dans Reims (Marne) pour inciter les personnes âgées ou sensibles à s'inscrire sur un registre dédié. Il permet de ne pas les oublier en cas de fortes chaleurs, lesquelles font leur retour.
Ne pas oublier les aînés, comme cela avait été le cas durant la canicule de 2003. À Reims (Marne), l'existence d'un "registre des personnes âgées, isolées, et vulnérables" empêcherait ce drame de se reproduire.
Depuis le retour des jours ensoleillés et des fortes chaleurs, des affiches d'un jaune soutenu (pour ne pas dire pétant) ont fleuri aux quatre coins de la ville (par exemple sur le panneau publicitaire situé en face de la gare). Il incite les personnes âgées à s'inscrire sur ce registre.
Un dispositif qui gagne à être connu
France 3 Champagne-Ardenne a contacté Marie Depaquy, l'adjointe au maire de Reims en charge des affaires sanitaires et sociales. "C'est très bien de vouloir médiatiser ce dispositif." Environ 550 personnes en bénéficient actuellement.
"Ça fait de nombreuses années qu'on a ce dispositif. Toutes les villes se doivent d'avoir un dispositif canicule." Un dispositif dont l'usage a par ailleurs été étendu lors de la crise du covid, et qui est utilisé encore aujourd'hui "pour appeler ces personnes toute l'année, une fois par semaine ou tous les quinze jours ". Il y a donc la veille sanitaire (ou plutôt sociale) de manière hebdomadaire, qui bascule en cas de canicule en veille quotidienne.
Sémantique et calendrier
Actuellement, la canicule pourrait de nouveau sévir. Elle n'est pas à confondre avec un pic de chaleur (températures supérieures aux normales de saison pendant 24 à 48 heures) ou une vague de chaleur (températures nettement supérieures aux normales durant "plusieurs jours consécutifs"). Pour rappel, selon Météo-France, la canicule est définie comme une période où les températures sont élevées de jour comme de nuit pendant "une période prolongée d'au moins trois jours".
Les personnes âgées ou souffrant de certains handicaps risquent d'être particulièrement affectées, et s'il s'agit de personnes seules, isolées, de trépasser sans que personne ne s'en aperçoive immédiatement. Mais quand le dispositif sera-t-il spécifiquement relancé pour y faire face ? "Dès que la préfecture déclenchera le plan canicule - ce n'est pas de notre fait - alors on appellera ces personnes tous les jours."
Un système bien rodé
"Si les gens ne répondent pas au premier appel, on les rappelle l'après-midi. Après, on peut faire une enquête de voisinage en travaillant avec la police municipale. En général, heureusement, ce sont parce que ces personnes étaient dans leur jardin ou parties faire les courses. C'est pour ça qu'on appelle plusieurs fois dans la journée et qu'on rappelle le lendemain." En cas de besoin, le réseau associatif peut être mis à contribution "pour aller les voir au domicile" (ou la police et les pompiers en cas d'urgence).
"On peut s'inscrire toute l'année. En général, les gens s'inscrivent au mois de juin ou début juillet. On fait de la communication au moment propice, quand les gens sont sensibilisés à l'approche de la canicule." Trois possibilités sont offertes à la population pour s'inscrire, par :
- Internet, via le site de la ville
- téléphone, au 03 26 77 78 79
- voie postale, en imprimant un formulaire et l'expédiant à Ville de Reims - Direction des solidarités et de la santé publique - CS 80036 Reims CEDEX
À noter que le téléphone est ce qui se fait le plus souvent. Et que parfois, ce sont les enfants ou petits-enfants des personnes concernées qui se chargent de procéder à l'inscription.
Dimension humaine
Les appels manuels, effectués par trois personnes toute l'année, sont doublés en période canicule et ce depuis l'été 2022 de l'envoi automatique de SMS contenant des "petits rappels" et conseils de prévention (à retrouver en bas d'article). À noter qu'en cas de canicule, une trentaine d'agents est mobilisée sur la base du bénévolat. "Chaque agent a une dizaine de personnes à appeler, donc ça ne leur prend pas leur journée de travail : ils le font en plus."
Les personnes en bénéficiant sont "des personnes vraiment isolées, qui n'ont pas de famille ou pas de proches. Il y a des personnes très peu autonomes, qui disposent d'infirmières ou d'aide-soignantes plusieurs fois par jour, mais qui veulent quand même qu'on les appelle." En principe, les personnes isolées âgées de plus de 65 ans, ou 60 ans si elles sont handicapées, sont concernées par ce service.
Enjeu sociétal et retour d'affection
"On se rend compte que des gens nous remercient, quand on les appelle toutes les semaines pour la veille sanitaire ou sociale, et tous les jours en cas de canicule, car on les appelle plus que leurs propres enfants ou petits-enfants." Un dispositif qui ne pouvait pas être arrêté après la fin de la crise du covid. "Des liens se sont créés entre ces personnes et l'équipe présente à l'année ou les agents bénévoles pendant l'été. On ne peut pas arrêter ce lien. C'est pour ça qu'on le fait durer toute l'année, qu'on l'appelle veille sociale en dehors de la veille canicule."
Les gens sont très heureux et très touchés qu'on s'intéresse à eux. On s'en rend compte avec des personnes très isolées.
Marie Depaquy, adjointe au maire de Reims en charge des affaires sanitaires et sociales
Quand certaines personnes reçoivent, elles donnent à leur tour. Les agents de la mairie l'ont découvert à leurs dépens. "On a des fois des personnes qui viennent à notre service, et qui amènent des cadeaux... C'est des gâteaux, un petit tableau en crochet l'autre jour... Les gens sont très heureux et très touchés qu'on s'intéresse à eux. On s'en rend compte avec des personnes très isolées. Les agents sont eux-mêmes très touchés de ce qu'ils font. C'est le vrai sens du service public."
L'adjointe cite une conversation avec quelqu'un de la mairie qui pratique ces appels régulièrement. "Il appelle les mêmes personnes depuis un moment. Un lien s'est créé même si ils ne se connaissent pas physiquement. Il y a parfois des courriers d'enfants ou de petits-enfants qui disent merci de s'occuper au quotidien de papy-mamie, parce qu'eux-mêmes habitent trop loin."
Des conseils en cas de canicule
Il est toujours bon de savoir comment réagir en cas de canicule. La mairie profite de la mise à disposition du registre pour faire quelques rappels bienvenus. Outre les personnes âgées et certaines personnes âgées, les femmes enceintes et les bébés, ainsi que certains individus sous traitement médicamenteux, peuvent être plus sensibles à la chaleur.
Certains symptômes doivent alarmer : fièvre, vertige, nausée, migraine, fatigue, crampe, propos incohérents. En cas de doute ou de rencontre d'une personne présentant ces symptômes, il ne faut pas hésiter à appeler les secours en composant le 15.
Lors des fortes chaleurs, il est recommandé de fermer ses volets de jour, et d'aérer de nuit ou aux premières heures du matin. L'utilisation d'un climatiseur peut aider, ou d'un ventilateur (on peut placer devant une bouteille d'eau glacée placée au préalable au congélateur). Sinon, il est possible de trouver le frais dans certains lieux publics ou commerciaux (les cinémas sont souvent cités).
Il faut limiter les activités physiques, et éviter de sortir aux heures où le soleil tape le plus. La mairie met d'ailleurs à disposition une carte de ses parcs et de ses piscines. Si la sortie est indispensable, pensez à mettre des habits clairs, un chapeau, et des lunettes de soleil. Il est aussi important de penser à s'hydrater abondamment et régulièrement (voir aussi la carte des bornes d'eau potable et fontaines (non-potables) de la ville).
Le gouvernement a mis en place un numéro vert dédié à la canicule. Il est joignable de 09h00 à 16h00 en appelant le 0 800 06 66 66.