Coronavirus : ils fabriquent des protections faciales pour les soignants avec des imprimantes 3D

Un réseau d’entrepreneurs de la Marne vient de mettre en place la fabrication de « bouclier faciaux » pour le personnel soignant confronté au covid19, avec des imprimantes 3D. Le CHU de Reims est en lien avec eux, et a validé le prototype. 

Ils sont commerciaux, parfois isolés, moins débordés de travail suite au confinement, mais avec la volonté farouche de prendre toute leur place dans le combat contre le covid19. A Reims et alentours, ils se sont demandés ce qu'ils pouvaient faire pour aider le personnel soignant. Juste après le début du confinement, ces passionnés de nouvelles technologies ont trouvé une idée qui a séduit le CHU de Reims : fabriquer des protections faciales pour les soignants, grâce à l'impression en 3D. Pour créer les pièces, un réseau s’est fédéré. Plus de 70 entreprises participent, partout en France, dont une vingtaine en Champagne-Ardenne.
 

Mehdi Sellami, un jeune ingénieur installé près de Reims, s’est lancé dans les premiers. Grâce aux plans de cette protection faciale, qu'il a conçu, il vient de commencer sa production dans son garage, à Bétheny. Une dizaine de pièces par jour. Et le corps médical en redemande. 600 pièces sont en commande dès la semaine prochaine pour les hôpitaux de Chalons-en-Champagne, Charleville-Mézières et Reims. Le CHU de Reims a validé le concept  après plusieurs échanges. Ces boucliers sont offerts aux hôpitaux, grâce aux dons d’une association. D’autres soutiens sont attendus. Le Rotary des Ardennes a promis 50.000 euros. 
 


Emmanuel Chochoy, commercial dans la Marne à l'origine du projet, n'en revient toujours pas. "En réalité, plein d’unités différentes travaillent en même temps pour produire ces protections qui, ajoutées à un masque classique, assurent la même sécurité qu'un masque FFP2. Ici, en Champagne-Ardenne, on est parti sur une logique d’industrialisation. En lien étroit avec le groupement hospitalier de Reims". Cet ambassadeur de la ville de Reims parle vite et se montre intarissable sur cette innovation. 
 

Validé par le CHU de Reims

"Je me suis dit, je ne peux rien faire, mais je suis un commercial avec un smartphone et des contacts. J’ai vu assez tôt un article d’Italiens qui fabriquaient des objets en impression 3D, avant le confinement. J’ai envoyé à Mehdi une demande, il m’a dit oui on peut faire, et lui a commencé à recenser les entreprises d'impression en 3D autour de nous. Il réfléchissait aussi. Puis, on a créé un groupe Whatsapp : "fabrication 3D covid 19", on a agrégé plein de monde de la région, via les comptes Linkedin, on les invités à s’inscrire. Aujourd’hui, ils participent au projet de toute la France".
 


En une semaine, la solidarité a joué à plein. Avec des méthodes souples et numériques. Des responsables ont été désignés en fonction de leur compétence. "La R & D et le prototype, c’est Mehdi, car il a 5 machines, et il est proche du CHU de Reims, précise Emmanuel Chochoy. On fait des prototypes, c'est de l'innovation par le retex, le retour d'expérience". Le produit est désormais validé par les autorités sanitaires locales.

On a regardé la qualité de la visière, on s'est assuré que c'était portable au quotidien. 
-Cédric Garot, directeur technique et logistique du CHU de Reims


La question des matériaux n'a pas été laissée de côté. "On s’est posé une question : le plexiglas est épais et donc il faut le laver, mais il faut un process pour les soignants. Nous avons opté pour cette solution, non jetable, lavable, mais on étudie aussi une solution jetable avec du plexiglas plus fin, l’armature on la garde. L'idée est de le produire en masse". 

Sauf que la pénurie guette côté matières premières. Le 27 mars, Mehdi a lancé un appel public sur Facebook, car les stocks de plexiglas commencent à manquer. "Nous arrivons au bout de nos stocks de film pour fabriquer les masques. Si vous avez des films transparents du type retroprojecteur et/ou reliure de rapport nous en avons besoin. Merci à vous pour votre générosité".
 
 


Pour l'instant, ces boucliers faciaux sont offerts aux hôpitaux grâce à une association. La Directe Grand Est s'est montrée intéressée.70 "entreprises"  ont intégré l'aventure, partout en France, à la date du 27 mars. Un réseau tentaculaire avec des gens "très motivés" confirme Emmanuel Chochoy, dont la famille est depuis peu touchée de près par le covid19. Chacun à son échelle, comme le dit un participant de l'agglomération rémoise. Certes, mais c'est avec les petits ruisseaux qu'on fait les grandes rivières.


 
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