Si beaucoup applaudissent à 20h pour soutenir le personnel soignant, d’autres pensent aussi aux éboueurs. Les agents de collecte reçoivent chaque jour des dizaines de dessins et de mots collés sur les poubelles qu’ils continuent de ramasser malgré le confinement.
« Bah tiens, encore hier, un agent en a trouvé une dizaine sur son secteur » s’amuse Emmanuel Debaty, le directeur des déchets et de la propreté de Reims. Depuis le début du confinement, les éboueurs de la Ville de Reims et des alentours reçoivent des dessins en remerciements pour le travail qu’ils continuent d’accomplir chaque jour malgré les mesures de confinement mais aussi le risque sanitaire.
Une motivation supplémentaire
Ces mots, ces dessins, sont autant d’attentions à l’égard d’une profession dont on parle peu mais qui est pourtant essentielle. Un dessin d’enfant, parfois quelques fautes d’orthographe ou tout simplement un gros « MERCI » : « y’a des trucs rigolos mais c’est hyper sympa » nous raconte l’un deux.
« Ça fait vraiment plaisir, surtout à mes gars, parce qu’ils étaient un peu tendus et ça leur a fait du bien d’être considérés, c’est une motivation supplémentaire » se réjouit Frédérick Rochet, chef de service dans la grande couronne rémoise avant d’ajouter « on en trouve vingt parfois trente par jour ! »
Des gants et des masques
En pleine crise sanitaire, la propreté de Reims, elle aussi, a dû se réorganiser pour limiter le risque sanitaire de ses agents. Désormais, un seul agent « au cul du camion » mais beaucoup plus de véhicules en circulation pour répartir la charge de travail. Des gants (ça c’est tous les jours) mais aussi des masques pour se protéger du virus. La grande majorité des agents a tenu à continuer de travailler, « même plus que d'habitude j'ai envie de dire, tout le monde se sent mobilisé parce qu'on sait que ce que nous faisons est important » nous confiait cet autre chef de secteur.Les effectifs ne sont pas diminués même si certains doivent parfois rester chez eux pour garder les enfants. Il y a même un peu plus de travail : « c'est vrai qu'étant donné que les gens restent chez eux, on collecte plus, il y a plus de déchets » nous explique Pierre Thomas Mauvais, ripper et chauffeur de camions-bennes
Habituellement, on est négligés et pas vraiment considérés
- Thomas, éboueur à Reims
Alors tous ces dessins, « ça redonne de l’espoir parce qu’habituellement nous sommes négligés et pas vraiment considérés » explique Pierre Thomas Mauvais. « Je me pose tous les jours la question du droit de retrait parce que le virus nous fait peur, nous allons travailler la peur au ventre mais pour l’instant nous continuons » conclue-t-il.
Et vos dessins sont loin de terminer... à la poubelle ! La propreté de Reims les affiche soigneusement sur les murs de ses ateliers. « J’actualise mon mur tous les jours, j’ai plus assez de place, s’amuse Frédérick Rochet, parce qu’on a beaucoup de « merci » et j’affiche surtout les dessins d’enfants puis je les prends en photos. On n’a pas que des gens qui râlent ! »
Les mercis sont nombreux et pas seulement à Reims. A Charleville-Mézières également, les mots de remerciement en vers la profession se multiplient.
La plupart des attentions glanées par les éboueurs au fil de leurs collectes leur viennent des communes aux alentours de Reims : Warmeriville, Rilly la Montagne surtout. Pour le moment, peu de trace de ces pensées en plein coeur de la Cité des Sacres. Mais, en plus des messages, il y a aussi les salutations à la fenêtre et même des cadeaux ! Nous nous sommes laissés dire que certains éboueurs avaient retrouvé une bouteille de champagne soigneusement déposée dans une poubelle et accompagnée d’un petit mot : « pour vous, elle est désinfectée ».