Coronavirus : dans le squat, les réfugiés ne sont pas protégés

Dans une barre d’immeuble désaffectée de Reims, près de 70 réfugiés vivent dans une très grande précarité. Comme tout un chacun, ils doivent faire face à la menace du covid-19 dans un environnement plus qu’insalubre. 

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Les bénévoles du collectif Sovkipeu ont une nouvelle fois sonné l’alerte. L’arrivée du coronavirus a plongé les familles d'exilés dans un grand désarroi. La fermeture de l’accueil d'un grand nombre d'associations d’entraide à Reims ne permet plus d'assurer les besoins vitaux.  

Fabien, membre expérimenté du collectif explique : « Ils se sont retrouvés d’un coup sans aucune assistance, pendant deux jours, ils n’avaient plus rien à manger. Ils n’ont plus d’endroit pour se ressourcer. Ici, les conditions d’habitation les obligent à une très grande promiscuité, c’est dangereux.» 


Elrira, 13 ans, et Junta, une jeune adulte aux longs cheveux noirs prennent l’air sur l’allée qui jouxte l’immeuble. Elrira vient du Kosovo et garde le sourire. Elle raconte : « Le gros problème, c’est qu’il n’y a pas d’eau, on ne peut pas prendre de douche. Avant, on allait le matin au Secours Catholique, mais l’accueil est maintenant fermé… sinon tout va bien » Junta, l'interrompt aussi sec « NON, en fait ici tout va mal ! »

Junta nous emmène dans l’appartement qu’elle occupe au 1er étage. "Ici nous vivons à 10 personnes. Dans une des chambres, nous dormons à cinq. L’eau, on la prend dans l’escalier avec des bassines, c’est le seul robinet dans tout l'immeuble. J’ai des démangeaisons sur les bras. J’ai peur" raconte-t-elle.
Dehors, une quinzaine de personnes attendent. On ne se serre pas la main. On ne porte ni masque, ni gants. Les distances minimum d’un mètre ne sont pas appliquées, des objets sont échangés. Pas de gel hydro-alcoolique en vue. La vie de groupe continue. 

Le collectif a pourtant collé sur la porte d’entrée les consignes élémentaires de prévention pour éviter l’épidémie du Covid-19. Fabien commente :

La plupart a bien compris les enjeux du Coronavirus. Mais pour eux, c’est une guerre de plus avec toute les galères qu’ils ont connues à travers leur exil. Il voit cela  d’une  manière très relative.
- Fabien, membre du collectif Sovkipeu


Abderrahim a lui bien conscience du problème : « Moi je n’ai pas peur, je suis jeune et en bonne santé, je fais du sport. Mais il faut faire attention aux personnes âgées et aux enfants. C’est pour cela que nous devons nous aussi nous protéger » 

Les hommes et les femmes guettent l’arrivée du camion de l’association Ozanam qui amène désormais sur place les denrées alimentaires afin d'éviter les déplacements en cette période de confinement. Malgré tout, l’association continue à inviter les réfugiés à se déplacer pour bénéficier des trois douches mises à disposition dans leurs locaux. Le seul endroit encore disponible sur Reims. 
 

 

Dans le groupe, une adolescente demande combien de personnes sont décédées du virus en France et s’étonne « 500 ? ah oui ça fait vraiment beaucoup » On peut lire de l’inquiétude dans ses yeux. 
 
Dans le squat, ni radio, ni télévision. Ici, les chaînes d’infos ne martèlent pas leurs messages anxiogènes. Le coronavirus semble encore abstrait dans la plupart des têtes. Cela n’évite pas le danger, bien au contraire. La mise en oeuvre des mesures sanitaires ne doit plus tarder.

L'Etat commence à prendre en compte la situation 

Jeudi, le préfet de la Marne a annoncé sur twitter la volonté de l’état de mettre à l’abri des personnes sans domicile fixe. 
Philippe confirme : « A ma connaissance, ici, une vingtaine de personnes ont été relogées hier soir. Il s’agirait de quatre familles, dont deux familles nombreuses ».
Dès vendredi soir, d'autres solutions ont été trouvées par l'Etat. Une grande partie des personnes ont été relogées dans des hôtels. Pour les autres, il faudra sans doute attendre samedi soir ou dimanche 22 mars. 
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