Un rapport relève "un manquement" de la part du CHU de Reims dans la prise en charge d'Yvette Mendel, une septuagénaire décédée en mars dernier aux urgences. Prescrite par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, l'expertise souligne "un problème d'organisation au sein du service".
C'est peut-être un pas de plus vers la vérité. Un rapport lève le voile sur la journée du 6 mars 2018, celle où Yvette Mendel, 73 ans, est morte dans le hall des urgences de Reims, sans jamais avoir vu de médecin. Ordonnée par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, cette expertise médicale pointe "un manquement" de la part du CHU, et constate "un problème d'organisation au sein du service".
Le jour du drame, la victime arrive vers 16 heures aux urgences, transportée par une ambulance du SAMU venue la chercher à la maison de retraite Wilson. Les jambes de la septuagénaire sont violacées. Dans le hall d'accueil de l'hôpital, elle est étendue sur un brancard. Elle y reste jusqu'à 18h30. Quelques minutes plus tard, elle décède d'une crise cardiaque.
Yvette Mendel n'a pas été traitée "de façon digne"
D'après le rapport rendu ce mardi au tribunal administratif, Yvette Mendel "n’a bénéficié d’aucun accueil infirmier, d’aucune prise de constante et donc d’aucune évaluation de son état". Selon l'expertise, la prise en charge "aurait dû s’effectuer dans les 30 minutes suivant l’inscription administrative aux urgences" et n’a été "ni conforme ni adaptée".
Y a-t-il alors un lien direct entre cette "non-prise en charge" et la mort de la victime ? "On ne peut pas répondre objectivement à cette question, ni affirmer que si la prise en charge avait été plus précoce, l’issue aurait été différente", répond le rapport. Néanmoins, l'expertise considère que ces défaillances ont été "préjudiciables" et "constituent au minimum une perte de chance". Elle juge même que la septuagénaire n'a pas été traitée "de façon digne".
Dans un communiqué de presse publié en mars dernier, le CHU se défendait en expliquant "que les données cliniques de la patiente autorisaient de différer sa prise en charge, compte tenu du volume et de l'intensité de l'activité du service à ce moment-là". Selon l'établissement, "les effectifs du service d'accueil des urgences étaient au complet et prenaient en charge, dans le même temps, quatre patients en situation d'urgence vitale". Quelques jours après les faits, la direction rappelait que les urgences étaient traitées "selon la gravité de l'état des patients".
Yvette Mendel souffrait de la maladie d'Alzheimer depuis 2011. D'après le rapport, elle serait morte suite à "un choc" d'origine "sceptique ou cardio-vasculaire". Marc Mendel, le fils de la victime, était présent au moment des faits. Le rapport d'expertise reconnaît donc qu'il a subi "un préjudice d'affection", ce qui peut constituer un motif de poursuites judiciaires. Il envisage de porter plainte.
Que s'est-il passé le 6 mars 2018 ? Regardez le témoignage des ambulanciers et du fils d'Yvette Mendel :
Revoir notre reportage au moment de l'ouverture de l'enquête :