EN IMAGES. Reims : à la découverte des personnalités enterrées au cimetière du Nord

Le cimetière du Nord à Reims (Marne) abrite les sépultures de nombreuses personnalités, notamment des grandes familles du champagne. À l'occasion de la Toussaint, nous vous proposons une visite guidée du lieu surnommé par certains le "petit Père Lachaise".

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C'est un lieu chargé d'histoire, dont l'atmosphère romantique replonge les visiteurs au cœur du XIXe siècle. Le cimetière du Nord à Reims abrite de nombreuses sépultures de personnalités qui ont marqué l'histoire de la ville.

La veuve Clicquot est enterrée ici dans une imposante chapelle de style religieux médiéval. "Grâce à ses agents de commerce, elle va vendre son champagne un peu partout en Europe, rappelle Céline Parise, guide-conférencière. Son grand coup d'éclat fait suite à la chute de Napoléon, où elle va déverser son champagne sur la Russie."

Le monument funéraire est orné de nombreux détails. "À l'angle, vous avez une petite chouette, qui sort du toit, décrit la guide. La chouette est souvent placée comme symbole funéraire, parce qu'elle est depuis l'Antiquité celle qui voit dans le noir. Le noir, c'est la mort, c'est celle qui voit après la mort."

Presque toutes les grandes familles du champagne reposent en réalité dans le cimetière. "Il y a les Clicquot, les Pommery, les Taittinger, les Lanson, les Heidsieck, les Roederer, etc", liste Céline Parise.

Au XIXe siècle, les monuments funéraires se multiplient avec le développement du culte des morts et des tombes individuelles. "Le cimetière va être un lieu où on va se promener. Donc il faut montrer qui on est dans la mort. Les grandes familles, les grands personnages vont rivaliser d'inventions pour leur dernière demeure", indique la guide.

Le cimetière du Nord est le premier grand cimetière de Reims. Créé hors les murs en 1786, il se trouve aujourd'hui en pleine ville. Certains le surnomment le "petit Père Lachaise" en référence au célèbre cimetière parisien, bien que ce dernier a vu le jour quelques années après. 

Au milieu des chapelles et des stèles, on découvre les temples d'Alphonse et Pol Gosset, architectes de père en fils. "Vous avez une architecture très simple qui fait une référence à l'Antique, précise Céline Parise. Pour Paul Gosset, c'est un chapiteau très simple. La partie supérieure de la colonne est dorique. Pour Alphonse, vous avez un chapiteau en spirale qui est le chapiteau ionique."

À Reims, Alphonse Gosset a notamment créé le Grand Théâtre, devenu l'Opéra ainsi que la Basilique Sainte-Clothilde.

Des vols dans les années 2000

On retrouve au cimetière du Nord un autre nom célèbre de la ville, celui du comte Drouet d'Erlon, simple soldat devenu maréchal de France sous Napoléon. "Drouet d'Erlon est d'une origine modeste. Il est d'une famille de menuisier-charpentier et a une formation de serrurier, raconte la guide. Il s'engage dans l'armée et va connaître les succès avec Napoléon. À sa chute, il part se réfugier en Prusse, où il devient brasseur. Il revient ensuite en France, où il occupe quelques fonctions militaires avant de mourir."

"À sa mort, on lui rend les plus grands honneurs à Reims notamment, avec la création de ce monument funéraire qui est malheureusement très diminué aujourd'hui. Il y avait son buste au sommet. Et puis tout autour sur les chaînes, il y avait des sortes de petits boulets, il n'en reste plus qu'un", poursuit-elle.

Au début des années 2000, il y a eu une série de vols dans le cimetière. Beaucoup de monuments en bronze - dont le buste d'Erlon - ont disparu. Le gisant de l'abbé Miroy, qui est peut-être le monument le plus célèbre du cimetière, a été mis en sécurité pour ne pas subir le même sort.

C'est aujourd'hui une réplique en résine qui est visible par le public dans les allées du cimetière. L' œuvre originale, signée du sculpteur rémois René de Saint-Marceaux, est pour l'instant dans les réserves au musée des Beaux-Arts de Reims. Elle devrait être exposée lors de la réouverture du lieu, dans une salle dédiée à l'artiste.

L'abbé Miroy a été accusé durant l'occupation prussienne, dans les années 1870, d'avoir caché des armes dans son église. Il sera fusillé le long du mur du cimetière. "Cette mort a ému toute la population. Une souscription publique a été lancée pour faire réaliser ce monument", précise la guide-conférencière.

"[René de Saint-Marceaux] a représenté l'abbé au moment de sa chute. Vous avez le corps qui est dans différentes positions, complètement tordu. Vous avez les hanches d'un côté et les épaules de l'autre, avec les bras qui sont tombés sur le sol. Il va jusque dans les derniers détails, puisque vous avez au niveau du crane la tonsure de l'abbé" , ajoute-t-elle.

Le cimetière du Nord est un lieu de mémoire et de patrimoine, qui marque plus de deux siècles de l'histoire de Reims.

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