"Il faut s'imaginer ce que sont quatre années de guerre" : 80 ans après, il témoigne de la libération de Reims

Le 30 août 1944, Michel Thibault, encore enfant à l'époque, vivait la libération de la ville de Reims (Marne). Une journée qu'il n'a jamais oubliée, et qu'il raconte volontiers le sourire aux lèvres.

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Il y a des souvenirs qui restent figés pour toujours. Il y a 80 ans, en 1944, Michel Thibault vivait la libération de Reims, moment historique dont il a gardé chaque détail. Huit décennies plus tard, il a tout conservé, tant dans la tête que dans un album photo qu'il a gardé près de lui.

"Ça a commencé la veille au soir, on a entendu des roulements de chaînes des tanks qui arrivaient. À un moment, on a entendu un bruit fracassant. C'était le pont de Vesle qui sautait, et ça, ça m'a marqué en tant qu'enfant. J'avais pensé qu'il y avait un char qui avait pu sauter en même temps", se souvient-il.

Toute la nuit du 29 au 30 août, les Alliés reprennent la ville aux Allemands, et le matin du 30 août, les Rémois redécouvrent la ville libérée, évidemment dans une certaine ferveur. "On a monté la rue de la Victoire, nous sommes arrivés et on a vu les premiers américains sur le Pantin bris. Ma mère avait un bouquet de fleurs et mon père une bouteille, pour leur offrir. Vous voyez déjà un peu l'ambiance. Ils distribuaient des chewing-gums, des conserves... Les soldats se faisaient embrasser par les femmes sans arrêt, c'était des libérateurs. On était tous heureux. Il faut s'imaginer ce que c'est que quatre ans de guerre", conte-t-il.

Retrouver la liberté

Des souvenirs qui font contraste avec ceux de guerre, alors qu'il était encore un enfant. "J'ai des souvenirs des bombardements. De la maison du Bois d'amour, on voyait les escadrilles en plein jour. Le fait que j'étais un enfant fait qu'on me disait : tu te mets sous la plaque de l'évier, qui était en grès, pour être protégé, puisqu'au Bois d'amour, nous n'avions pas de cave", se remémore le Rémois.

"J'ai connu les privations. Vous savez, les tickets, on en a eu jusqu'en 1949. On faisait la queue pendant des heures, quatre heures, pour s'entendre dire des fois : il n'y en a plus. Il n'y a plus rien", relate-t-il. Ce qu'il retient de cette journée du 30 août par-dessus tout ? "La liesse des gens, et le bonheur, parce qu'on retrouvait la liberté", sourit-il, comme si cette joie n'était jamais partie depuis.

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