Reims : "J'aimerais que mon fils aille à l'école à vélo, mais j'ai peur pour lui"

Alors que le gouvernement a lancé son nouveau plan vélo, en débloquant 43 millions d'euros pour le développement des pistes cyclables, Reims ne fait pas partie des villes lauréates. Pourtant, dans la ville, les aménagements laissent à désirer. 

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"Là, les voitures sont garées en épis, elles ne voient pas quand elles reculent". Désabusé, Antonin Tapon désigne du doigt les voitures parquées le long du boulevard Lundy. Ce cycliste d'une vingtaine d'années sait qu'il doit être particulièrement vigilant lorsqu'il roule sur cet axe très fréquenté de Reims. Entre la gare et le boulevard Jean Jaurès, la rue fait partie de ses trajets quotidiens, mais il n'y a aucune pistes cyclables. Il dit avec résignation, pour les vélos, "Reims, ça n'est pas très pratique".

Car si la ville revendique plus de 100 kilomètres "d'itinéraires cyclables", le réseau est loin de satisfaire ses usagers les plus réguliers. L'année dernière, la cité des sacres s'était même classée quatrième ville la plus détestée des cyclistes, sur 29 communes de taille moyenne. Principale critique : un sentiment d'insécurité sur les routes.
 

J'avoue que quand depuis chez moi, j'entends les pompiers, et que c'est l'heure où les enfants rentrent, j'ai toujours un petit stress, je me dis que si ça se trouve, c'est ma fille
- Une maman rémoise


À l'image de cette mère de famille, fraîchement arrivée à Reims, et dont les enfants vont à l'école à vélo : "Avant on habitait à Metz, on faisait du vélo sans inquiétude, raconte-t-elle. Mais depuis qu'on est là, c'est un peu le stress." Deux facteurs l'inquiètent particulièrement, d'une part, la circulation dense aux heures de pointes sur les axes principaux de la commune "les voitures vont extrêmement vite et ne font pas toujours attention", et le réseau cyclable qui ne suffit pas à la rassurer : "Les pistes cyclables, il faut les chercher. On en a trouvé une, mais elle nous fait faire un détour, et sinon, ce sont des pistes à contresens des voitures." Alors, elle a choisi d'investir pour protéger ses enfants : "J'ai presque envie de leur mettre des gilets jaunes, avoue-t-elle. J'ai aussi vu un sac à dos avec des flèches lumineuses pour les directions."

Elle n'est pas la seule à éprouver des réticences à laisser ses enfants se déplacer seuls en vélo dans la ville. L'association de cyclistes rémois, Veloxygène, reçoit régulièrement des témoignages comme ceux-ci. "De nombreuses personnes viennent nous voir, raconte Hervé Fleischmann, chargé de développement. Ils nous disent : j'aimerais faire du vélo et que mon fils aille à l'école à vélo, mais j'ai peur pour lui, parce que sur le trajet il manque des bouts, je ne suis pas rassuré."
 

Des aménagements qui laissent parfois à désirer


Cette discontinuité du réseau cyclable est la critique que l'on croise le plus souvent. Il suffit de regarder des itinéraires cyclables de la ville pour comprendre le problème : en ville, il n'est pas rare que les aménagements cyclables s'arrêtent au bout de quelques dizaines, voire quelques mètres seulement. A l'image de la bande cyclable du boulevard de la Paix : parfaitement sécurisée, la piste cyclable part de la place Aristide Briand… et cesse subitement, au croisement de la rue des Augustins, laissant place à un container à verre.
 
Boulevard de la Paix, après plusieurs dizaines de mètres d'une piste cyclable très sécurisée, les cyclistes arrivent tout droit sur ... un container à verre. © Teddy Caruel / France 3 Champagne-Ardenne


Autre problème : une grande partie de ces "itinéraires" ne sont pas des pistes, mais des bandes cyclables. Aucun ouvrage urbain ne sépare les vélos des voitures, mais une simple bande blanche dessinée au sol. Lorsque ces bandes se trouvent entre la route et des places de parking, les cyclistes courent le risque d'être percutés par une voiture qui se gare, ou une portière qui s'ouvre. Quand les voitures ne se garent pas sur les bandes cyclables. Ces installations ne sont d'ailleurs pas forcément rassurantes, lorsque voitures et camions sont à moins d'un mètre des cyclistes et sont amenés à les doubler, parfois à vive allure. Dans la même veine, les "doubles-sens" cyclables n'inspirent pas toujours confiance aux usagers : en effet, dans les zones 30, les sens uniques pour les voitures doivent obligatoirement être à double-sens pour les vélos. L'installation peut consister en un simple pictogramme est ajouté sur le sol, ou une bande étroite le long du trottoir.  
 

Reims, oubliée du plan vélo du gouvernement


Dans ces conditions, l'annonce le 14 septembre par le gouvernement de son nouveau plan vélo a fait des déçus à Reims : alors que plus de 43 millions d'euros vont être investis pour soutenir des projets d'aménagements pour les deux roues, la ville marnaise ne fait pas partie des 152 dossiers déjà retenus.

Il faut être honnête, ça fait 40 ans qu'on a rien fait sur le vélo ou peu. Nous arrivons effectivement avec du retard, on essaie d'aménager et d'accélérer les choses.
- Laure Miller, adjointe au maire de Reims, déléguée à l'écologie urbaine


La municipalité avait pourtant soumis un dossier. "Un projet de continuité cyclable sur le pont de Witry", explique Laure Miller, adjointe au maire déléguée à l'écologie urbaine. Il s'agissait de créer des pistes sur le futur nouveau pont. Le projet devrait être tout de même mené à bien, mais sans coup de pouce financier de l'Etat. "On est déçu", concède l'adjointe. "On analysera les choses quand on aura les explications", ajoute-t-elle. En attendant, elle fait appel à la patience des Rémois : "C'est du travail au quotidien, ça nécessite aussi de modifier la circulation, mais on y travaille."
 

Voir en plein écran

- Les 152 projets retenus par le gouvernement pour son plan vélo -

A six mois des élections municipales, et alors que les candidats se dévoilent peu à peu, reste à savoir si le sujet sera sur le devant de la scène au cours de la campagne.

 
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