Les jardins ouvriers de la Cerisaie sous l'eau, "en 45 ans, je n'ai jamais vu ça"

Les jardins ouvriers de la Cerisaie, à Reims (Marne), sont inondés depuis le mois de janvier. La rivière déborde, ruinant une partie des récoltes. Les jardinières et jardiniers oscillent entre agacement et résignation.

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Avez-vous déjà essayé de cultiver des légumes sous plusieurs centimètres d'eau ? Si oui, vous savez sans doute que ça ne marche pas du tout. 

Hélas, les propriétaires des jardins ouvriers de la Cerisaie, à Reims (Marne), en font l'amère expérience depuis le début de l'année 2024. Le samedi 23 mars, les intempéries très marquées ont pu faire déborder la Vesle, la rivière locale. Mais "même quand il ne pleut pas", grince Dominique Moreaux, droit dans ses bottes, "l'eau monte. Tous les jours, on voit que ça baisse un peu, et c'est remonté le lendemain. On croirait qu'on vient nous verser de l'eau pendant la nuit." 

Le fait est que ce n'est pas une première. En 2022, les jardins étaient déjà sous l'eau. Et pareil en 2018. Que faire ? En attendant, rien ou presque ne pousse : les choux pourrissent, la mâche jaunit, les poireaux dépassent timidement de l'eau, et les carottes flottent, immangeables. Quant aux petits pois, normalement plantés au début du printemps, il ne sera pas possible de les mettre en terre.

Impossible de planter

Nicole Fachet, journaliste de France 3 Champagne-Ardenne, s'est rendue sur place. Reçue par Serge Huart, un retraité qui tient à son potager, celui-ci lui a expliqué que son jardin "est dans un état catastrophique". (voir localisation sur la carte ci-dessous)

"J'ai bêché avant l'hiver, mais ça n'a pas tenu. On ne peut rien planter, je ne peux même pas y poser le pied. Normalement, en cette saison, on pourrait encore avoir des poireaux, de la mâche. On pourrait planter des petits pois. Mais là..."

"Ça fait longtemps que je suis là : 45 ans. Mais je n'ai jamais vu ça. Pas à ce point. On se demande ce qui se passe. Il faudrait qu'on ait des explications de la ville de Reims." À ce train-là, il craint de devoir attendre le mois de juin pour pouvoir recommencer à planter.

Cette situation peut paraître difficile à vivre, mais la plupart des jardiniers que nous avons pu croiser prennent la chose avec philosophie. Et continuent de se rendre ici, parfois tous les jours (comme Serge), pour se retrouver entre amis, à défaut de récolter quoique ce soit. Toute cette eau a aussi inspiré notre dessinateur, Daniel Casanave. 

On espère toutefois qu'à l'avenir, il ne faudra pas être muni d'un scaphandre pour aller récolter ses carottes.

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