La deuxième édition du festival de land art et d’art contemporain, Vign'Art, se tiendra du 15 mai au 15 septembre 2021, autour de quatorze sites champenois. Rencontre avec deux artistes, Caty Laurent et Nicolas Triboulot, ravis de sortir de ce confinement et de pouvoir enfin exposer.

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Caty Laurent et Nicolas Triboulot participent, comme douze autres artistes à cette deuxième édition du festival de land art (intervention d'ampleur en pleine nature) et d’art contemporain, Vign'Art. Un événement attendu, car il a dû être annulé l'année dernière à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19. "Nous avons connu une année très difficile, nous les artistes, alors aujourd'hui, pouvoir sortir, exposer son œuvre, c'est juste super", confie Caty qui devait déjà exposer l'année dernière. Les artistes installent eux-mêmes leur oeuvre sur le site qu'ils ont choisi.

C'est l'Association pour la promotion de l’art contemporain et du land art dans le vignoble qui organise l'événement. Le projet consiste à promouvoir différentes formes d’art en le mettant en valeur dans le vignoble. Différents lieux sont investis dans les vignobles champenois. Caty Laurent est mosaïste et vit en Ardèche. Depuis plus de huit ans, elle n'utilise plus que de l'ardoise. Avec ce matériau, l'artiste réalise des tableaux, des sculptures, des installations ou des mosaïques murales. Ses œuvres peuvent être géométriques ou abstraites.

Comme l'œuvre qu'elle expose sur le Mont Bernon à Epernay. Intitulée " Bon retour", Caty réalise dans l'ardoise 150 oiseaux stylisés, et suspendus à 5 m de hauteur. " Quand j'ai installé mon œuvre, j'ai bataillé avec les éléments naturels", précise l'artiste, car ce jour-là, la météo était agitée avec bourrasques, pluie et grêle au rendez-vous.

Caty Laurent a réalisé dans l'ardoise 150 oiseaux stylisés et suspendus à 5 m de hauteur sur le Mont Bernon. © DR


Le Mont Bernon, sa faune et sa flore

Aujourd'hui, l'œuvre épouse le paysage. Culminant à 207 mètres d’altitude, le Mont Bernon offre également un magnifique panorama sur le territoire viticole. D'ailleurs, le sommet est classé monument naturel et recense une cinquantaine d’espèces végétales et une trentaine d’espèces ornithologiques. Les oiseaux de Caty ont bien trouvé leur site. D'autant que c'est le message de Caty Laurent. "La biodynamie permet le retour à la vie de la faune et la flore dans les vignes et notamment la réapparition des oiseaux. Cette envolée d’oiseaux renvoie à l’importance de préserver la qualité de l’environnement. Une culture respectueuse de la planète améliore les productions et ménage la santé des travailleurs", explique l'artiste. L'œuvre, oscillant au gré du vent, veut préfigurer ce changement incontournable.

Un changement déjà perçu par les habitants qui sont venus à sa rencontre. "Les gens sont très gentils et semblent contents de découvrir l'œuvre et de voir qu'on s'intéresse à leur village", reconnaît Caty qui nous confiera aussi que deux villageoises sont venues rouspéter devant son œuvre en se demandant ce que cela pouvait bien être et que "c'était bien moche". Cela a fait beaucoup rire Caty.

Pour ce qui est du choix du site, Caty l'a fait à distance. "Le site, je ne l'ai pas visité. J'ai visionné des vidéos de plusieurs sites proposés et j'ai choisi le Mont Bernon qui m'inspirait bien, comme ça en fait", explique-t-elle. Arrivée sur place, elle reconnaît que son séjour à Epernay est particulier. "Compte tenu de la situation sanitaire, avec la fermeture des bars et des restaurants, j'ai fait le choix de louer un appartement à Epernay, le temps d'installer mon œuvre sur le Mont Bernon, et du coup, je n'ai toujours pas pu goûter le champagne", raconte-t-elle. Un comble lorsqu'on séjourne dans la capitale du Champagne, mais aussi une réalité, liée au confinement et aux restrictions.
 

Chavot-Courcourt à l'honneur

Nicolas Triboulot, lui, a vécu un vrai déconfinement en venant en Champagne-Ardenne. L'artiste expose à la lisière de Chavot-Courcourt. "Je viens de Paris et je suis subjugué par le paysage de la Champagne. Je connais les Vosges dont je suis natif, mais là, je découvre le début du Grand Est et c'est magnifique. Je n'ai qu'une envie, c'est d'y revenir pour faire de la marche et découvrir d'autres sites", confie l'artiste. Chavot-Courcourt est un haut lieu touristique de la Champagne qui offre l’un des plus beaux panoramas sur les Coteaux Sud d’Épernay. Les deux villages jumelés, Chavot et Courcourt entoure l’église romane Saint-Martin du Mont Félix, datant du XIIe siècle, et dont le Mont Félix est aussi un site archéologique.

L'oeuvre de Nicolas Triboulot, "Éloge des dessous" s'enracine parfaitement ici. Son installation est un hommage aux sous-sols, mettant en avant l’idée de la terre nourricière, source fructueuse, qui n’est malheureusement pas éternelle si nous n’en prenons pas soin. "Pour moi, une œuvre ne doit pas être belle, mais doit faire réfléchir et c'est ce que j'essaie de montrer à travers ce travail constitué de parallélépipèdes entourés d’un film doré, explique l'artiste. Le doré pour rappeler ce qui est précieux comme l'or mais qui renvoie aussi à la couleur du champagne."
 

A la lisière de Chavot , "Éloge des dessous" de Nicolas Triboulot © DR


Son installation est différente au fil de la journée. Grâce au film doré, l'"Eloge des dessous" captera les rayons du soleil ou reflétera le ciel. "Mon idée est de pouvoir interpeller le public et j'imagine que cela va susciter une interrogation quand on verra, au loin, scintiller une lumière vive", avance Nicolas Triboulot. Un rêveur, c'est aussi ce qui pourrait définir cet artiste capable de faire du beau et du fonctionnel. Designer, visionnaire de la forme, Nicolas suit toujours son intuition et cela donne des créations qui sont éditées par Baccarat, Bugatti, Saint-Gobain, Haviland, Le Manège à Bijoux, Lee Cooper, Chevignon , LG…

Mais là, pour ce festival, Nicolas, c'est vraiment lancé un défi. "J'ai lu dans la presse la première édition du festival Vign'art et j'ai trouvé cette initiative très intéressante. Alors l'année suivante, j'ai répondu à l'appel à projet piloté par l’Association pour la promotion de l’Art Contemporain et du Land Art". Une expérience que l'artiste ne regrette pas et qu'il recommande. "D'habitude, j'expose en milieu fermé ! Là, le fait de venir sur place, installer soit même son œuvre, rencontrer des habitants qui nous interrogent, c'est formidable. En plus, ils sont fiers qu'on parle d'eux et qu'on ait envie de venir installer des œuvres sur leurs terres", explique l'artiste. Sa réalisation sera visible de jour comme de nuit. "La nuit venue, elle étincellera grâce à l’éclairage, j'ai disposé à l’intérieur de la sculpture un éclairage qui permet de faire étinceler l'installation et de projeter des éclats de lumière sur la lisière de la forêt", conclut l'artiste.
 

"Éloge des dessous" de Nicolas Triboulot. © DR

 

Les oeuvres à découvrir 

Jusqu'au 15 septembre, les œuvres de Caty Laurent et Nicolas Triboulot sont à découvrir, en accès libre, dans les vignobles champenois. Parmis celles de douze autres artistes venus de France, mais aussi de Grande-Bretagne, de Suède et du Pérou. 

Le festival a pour objectif de mettre en valeur le vignoble et de développer l’œnotourisme. Il permet également de sensibiliser un maximum de personnes à l'art contemporain et au land art, en proposant une promenade en plein air, dans le vignoble. Adultes comme enfants pourront ainsi apprécier les installations artistiques disposées dans les vignes, et même parfois toucher et manipuler. 

Bob Budd, originaire d'Angleterre, expose "Réflexions en Champagne" à la Maison Gosset, à Épernay. "Un rouleau à pâtisserie est utilisé pour aplatir la pâtisserie, mais lorsque l'imagination entre en jeu, il peut être utilisé pour écraser le raisin. L'effet que je veux obtenir est d'amener le paysage dans le rouleau à pâtisserie. L'effet global doit être à la fois ironique et humoristique et, en même temps, faire allusion à la présence de la main humaine dans la création de ce paysage." © DR
Karen Macher Nesta, artiste péruvienne, expose au Château d'eau de Moussy. "J'ai créé une pyramide pour simuler une montagne. Les montagnes, dans ma culture péruvienne, sont des entités qui connectent et communiquent entre notre monde avec le monde des dieux. Je me suis inspiré de la porte dans le sol déjà sur place et l'ai prise comme un passage, une porte d'un endroit à l'autre." © DR
Betty Rieckmann expose, au lavoir de Brugny, son oeuvre " Triangle amoureux". "L’installation aborde la relation fragile entre l’homme, la nature et l’environnement. Le spectateur se reflète en fragments sur les colonnes en mouvement, brisées par les reflets lumineux et les motifs d’écorce d’arbre." © DR
Le collectif La Fuite installe dans la Maison Bollinger, Côte aux enfants, à Aÿ-Champagne " Quadrum". "Le paysage de la vigne, qui nous semble continu et régulier, est en réalité constamment en mouvement. La trame régulière évolue et se modèle avec les saisons. C’est ce spectacle que nous souhaitons placer au centre de l’attention au travers de cette installation, comme si l’acteur principal de cette performance se trouvait être la vigne en elle-même." © DR
"Solide de Platon" de Florent Poussineau se trouve au point d'eau de Bisseuil. "Le temps de l’exposition de cette installation est de quatre mois et ce projet voit son visuel se modifier au cours du temps. Dans les premiers jours, la terre fertile est toujours visible et les premières germes commencent à sortir. Cette installation prend le temps d’évoluer et de proposer une récolte aux spectateurs." © DR
Laurine Ménissier expose " Le poids des sillons" au point de vue de Bouzy. Un hommage à la femme dans les vignes. "Le poids des sillons met en avant le travail de la vigneronne, un travail où tout son corps est en mouvement. D’abord repliée et recourbée pour atteindre les ceps, la vigneronne se redresse au fur et à mesure qu’elle avance dans la vigne. Son travail est précis, minutieux, constant, de l’ordre du rituel." © DR
Marie- Louise J.A. van den Akker, d'origine néerlandaise, expose ses "Nids de raisin" sur les hauteurs de Pierry."Quand je réalise une installation land-art, le défi est de rendre le regard des visiteurs plus attentif à la nature qui les entoure. Je désire attirer l’attention des passants sur la beauté de la nature, en jouant avec les éléments comme l’eau et la lumière, ou en agrandissant et en exagérant les détails, comme les graines et les feuilles." © DR
Wela, artiste visuelle polonaise vivant en France, expose au Fossé de Brugny, "Interconnections". Pour l'artiste, "nous sommes tous connectés et interdépendants. Seulement l’homme s’est perdu, éloigné de son environnement naturel et il doit se reconnecter pour améliorer la vie sur la planète. Je crois que l’art peut lui rappeler le sens de la vie." © DR
Anne Moret et Noémie Carvalho ont installé "Le chant de la vigne" sur le point haut de Moussy, appelé Loge table. Pour elles, "l'installation fait écho aux lignes de vignes à la fois ordonnées et sinueuses. Le chant de la vigne se joue sous l'orchestration des éléments présents. Une invitation à vivre un temps poétique suspendu qui rend hommage à la patience et à la persévérance du métier." © DR
DEC, artiste designer industriel, expose à Notre-Dame-du-Gruguet, à Mareuil-sur-Aÿ, "Dominos". "L'installation évoque les différents corps de métier qui constituent la formidable chaine humaine et professionnelle et y rend hommage. Vignerons, chefs de culture, chefs de cave, œnologues, tonneliers, cavistes, négociants, courtiers et sommeliers contribuent tous, chacun dans leurs rôles et expertises, à rendre à la terre ce qu’elle procure, avec une même exigence constante de qualité et de savoir-faire." © DR
Myriam Roux expose sur l''Aire de pique-nique de Vinay , "Effervescence". "L’effervescence est bien une caractéristique du champagne. Sans bulles, le vin resterait tranquille ! Les arômes libérés par les bulles de Champagne nous troublent et nous émoustillent. Elles ont une action euphorisante qui se manifeste très rapidement. Elles nous étourdissent." © DR


De la Champagne, Caty Laurent gardera le souvenir de ce paysage des vignes qu'elles trouvent plus basses que celles qu'elle a dans les vignobles ardéchois. Nicolas Triboulot, lui, est déterminé à revenir pour découvrir de nouveaux chemins de randonnées et échanger encore une fois avec les habitants. 

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