Marne : un an après, la famille de Sawban a déménagé après le vol de son dossier médical

Le 5 juillet 2020, Julie Lallemant se faisait cambrioler et voler sa voiture dans la Marne. Mais les dégâts matériels n'étaient pas sa principale préoccupation. Les voleurs avaient également dérobé l'intégralité du dossier médical de son fils Sawban, atteint d'une maladie orpheline.

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Un grand verre de jus de pomme frais. C'est le remède qu'a trouvé Sawban pour faire passer le goût âpre de son traitement. "10, 9, 8, 7…" Sa mère commence le décompte. Le garçon de bientôt 11 ans, atteint d'une maladie orpheline, met sa vidéo sur pause. "3, 2, 1 !" Il prend une grande bouffée, avale ses cachets, aspire une pipette, engloutit son jus de pomme. Grimace. "Souvent, ce sont ses copains qui prennent le relais. En visio, ils font le compte-à-rebours", sourit Julie Lallemant, le regard tourné vers son fils. Ce mercredi 7 juillet, il a eu du mal à se réveiller. "Je peux aller jouer avec mes copains en ligne ?" Rien à voir avec sa maladie. Le jeune garçon s'est couché tard après la soirée d'anniversaire de Julie. Il frotte ses grands yeux clairs, pétillants malgré la fatigue.

Une solidarité à toute épreuve

Il y a un an, la famille Lallemant émouvait la Toile à la suite d'un cambriolage. Des voleurs se sont introduits par la fenêtre à l'étage de la maison située dans un quartier périphérique de Reims. C'est en ouvrant les volets qu'elle s'aperçoit que sa voiture n'est plus là. Panique. Elle dévale les escaliers et découvre que ses deux sacs ont été dérobés. Ils absorbent toute l'attention de la mère de famille. A l'intérieur, l'intégralité du dossier médical de Sawban y figure. IRM, comptes-rendus opératoires, observations des médecins... On y trouve aussi ses retranscriptions, où elle détaille tous les symptômes de son fils, l'évolution de sa maladie, ses réactions aux différents traitements. 

Une mine d'or pour les médecins, qui peuvent suivre l'évolution de la pathologie du garçon. "Sawban est atteint d'une maladie dont il n'existe que dix cas dans le monde, récite sa mère, mécanique. Il est le seul à souffrir de certains symptômes." Dans ce cas, le dossier médical, les factures de matériels  médicaux et les notes de Julie Lallemant sont indispensables. "Ma maladie, c'est monsieur Rector et on ne peut pas le battre. On ne peut que l'endormir", explique Sawban dans une interview à France Bleu (vidéo ci-dessous). "Il n'existe pas de traitement aujourd'hui pour guérir, traduit sa mère, on ne peut qu'en atténuer les symptômes."

 

Elle lance alors un SOS, une bouteille à la mer. Les médias répondent, l'affaire prend de l'ampleur, les internautes se mobilisent. L'appel de la mère de famille est partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux. Quand les policiers interviennent, elle réalise que le téléphone de l'association qu'elle a créée, Viiivre entre piqûres et grenadine, dont le but est de financer la recherche médicale pour la pathologie de son fils, a également disparu.

 

Le dossier médical toujours pas retrouvé

Loin de se laisser abattre, Julie Lallemant entame des recherches. Des battues sauvages sont organisées avec ses proches. Ses voisins la dépannent, se rendent disponibles. Dès le lendemain, sa voiture est retrouvée, abandonnée le long du canal. "On s'est mis à chercher le dossier partout autour de la voiture, se souvient-elle. Heureusement, l'hôpital nous a donné le traitement de Sawban sans ordonnance. Ils nous connaissent, depuis le temps !"

J'étais soulagée quand j'ai vu combien le personnel était compréhensif et bienveillant. Je n'en reviens toujours pas !

Julie Lallemant, maman de Sawban.

 

Les téléphones portables et ses moyens de paiement sont eux aussi retrouvés en quelques jours. L'espoir grandit. Les enquêteurs font des recherches grâce aux traces ADN retrouvées sur les pièces à conviction, mais elles ne permettent pas d'identifier un suspect. "Ils ont tout fouillé. Même les compagnies d'ascenseur ont examiné les dessous des cages d'ascenseur, car il arrive que des personnes y jettent des choses", souligne Julie. Mais rien à faire, le dossier reste introuvable. Impossible de mettre la main sur les coupables. Ce n'est pas un cas isolé. En 2019, 116.237 cambriolages étaient signalés aux parquets, soit une moyenne de 645 vols avec effraction chaque jour, dévoilait le Figaro (article réservé aux abonnés). Et le quotidien de préciser que le taux d’élucidation de ces infractions "reste dérisoire : guère plus d’une affaire sur dix est résolue par les forces de l’ordre en moyenne".

 

Un nouveau départ, à la campagne

Quelques mois après le cambriolage, la famille a déménagé. "Il m'arrive encore de me réveiller la nuit, au moindre bruit", raconte Julie Lallemant, et ce malgré le suivi psychologique du commissariat. "Je veux plus trop aller dans la cave, il fait trop noir", ajoute Sawban. "C'est comme une agression, décrit Julie. Quelqu'un a violé votre intimitéOn ne se sentait plus en sécurité dans l'ancienne maison, d'autant plus qu'ils nous ont cambriolés quand nous étions à l'intérieur."

En septembre, Sawban rentrera en sixième. "Parfois j'ai hâte, parfois non", confie Sawban dans une moue. Avec plus de 19 de moyenne générale, le "Petit guerrier" excelle à l'école, son exutoire. Malgré les kilomètres qui le séparent du collège et de ses copains, il reconnaît que la nouvelle maison n'est "pas si mal". "J'ai ma chambre et c'est plus grand", dit-il avec un large sourire. De quoi afficher tous ses maillots de foot dédicacés et ses trophées.

Aujourd'hui, Julie Lallemant est soulagée. Avec plus d'espace et une chambre d'appoint au rez-de-chaussée, les crises nocturnes de Sawban se gèrent mieux. Et la famille peut se retrouver autour de parties de Uno endiablées. Restent les injections toujours obligatoires, mais désormais Sawban peut recevoir les piqûres dans sa chambre en toute intimité. Quant au dossier médical, comme Sawban, il se reconstruit au fil des jours. Le petit garçon lui, devra continuer à vivre avec cette maladie dans un équilibre toujours fragile. 

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