Mort d'Elizabeth II : de Westminster Hall à Buckingham Palace, une professeure d'anglais de Reims rend un dernier hommage à la reine

Annick Jurisic, professeure d'anglais au lycée Colbert de Reims, est partie le 16 septembre dernier en bus, direction Londres. Rendre hommage à la reine Elizabeth II, devant son cercueil et jusqu'à Buckingham Palace étaient essentiels pour elle. Un adieu à celle qu'elle regarde avec tant d'admiration depuis toutes ces années de règne.

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"Nous avons quitté l'hôtel ce dimanche (18 septembre 2022) matin et nous sommes allées faire des achats, acheter des fleurs pour mes élèves et moi-même. On est en train de longer Hyde Park, et on va à Buckingham. Nous avons encore à peu près 20 minutes d'attente avant d'arriver devant le palais royal".

Il est près de 11 heures du matin et Annick Jurisic, originaire de Reims, est à Londres. Elle a une voix claire et enthousiaste. Ses heures d'attente et de marche n'ont pas altéré son irrémédiable envie d'aller au bout de son dernier hommage à la reine Elizabeth II. Accompagnée de son amie Marceline, elles s'exclament toute deux au téléphone devant les écureuils du parc londonien. Hyde Parc, à quelques mètres du Palais de la reine, où des monceaux de fleurs et de messages ont déjà été déposés.

12 heures, avant de s'incliner devant le cercueil de la reine

Depuis son arrivée à Londres, Annick se sent chanceuse. "Tout s'enchaîne très vite et on a eu de la chance à chaque fois que nous voulions prendre un taxi par exemple, nous n'avons pas perdu de temps. Nous n'avons pas arrêté de marcher et on continue ! On est tellement à fond... c'est génial et en plus il fait meilleur qu'hier".

Je sais que je n'ai pas quitté des yeux le cercueil jusqu'au bout et quand je suis sortie, je me suis même arrêtée pour la regarder encore. Je ne voulais pas partir.

Annick Jurisic, professeure d'anglais au lycée Colbert de Reims.

Dès leur arrivée samedi 17 septembre au matin, Annick et Marceline se sont rendu au Westminster Hall pour l'hommage à la reine. Le cercueil d'Elizabeth II est ainsi exposé dans la plus vieille section des chambres du Parlement britannique. Pendant 12 heures, depuis 6h48 du matin, Annick a remonté inlassablement la file, entourée d'anglais de toutes générations. "Dans la file, devant nous, nous avions un monsieur et sa fille venus de Portsmuth, et tout le long, nous sommes restés avec eux. A la fin, ils nous ont attendu et tous les quatre on pleurait, on s'est pris dans les bras et c'était vraiment super"

Annick et Marceline sont arrivées devant le cercueil à 18h47, "12 heures pile, à une minute près précise-t-elle, entre le moment où l'on a démarré à Cathay Street et le moment où l'on a vu la reine. On a beaucoup de chance. Quand on a vu la reine, c'était très émouvant et nous n'avons pas pu retenir nos larmes. Quand nous sommes arrivées dans la salle, c'était juste le moment de la relève de la garde tout autour d'elle. Cela nous a permis d'assister à cela et moi j'en ai profité pour tout regarder, pour ne pas en perdre une miette et bien s'imprégner de tout cela, explique encore Annick Jurisic. Je sais que je n'ai pas quitté des yeux le cercueil jusqu'au bout et quand je suis sortie, je me suis même arrêtée pour la regarder encore. Je ne voulais pas partir. Je suis sortie à reculons en la regardant".

Il était, à ce moment-là, très important d'imprimer toutes ces images dans sa mémoire. Car, en arrivant dans Westminster Hall, Annick a dû laisser tout ces effets personnels à l'entrée. Impossible, évidemment, de faire des photos du cercueil de la reine.

La reine, "une femme impressionnante"

Certains seront surpris, d'autres agacés, d'autres encore dans l'incompréhension. Mais peu importe ce que pensent les autres, ces quelques heures auprès de la reine avant ses obsèques, étaient une évidence pour Annick et son amie Marceline. Mais alors pourquoi était-ce si important de faire ce chemin ?

"Nous voulions toutes les deux rendre hommage à cette femme qui, quand on regarde bien, a quand même oeuvré pour que la monarchie soit stabilisée. Elle a toujours tout fait pour que cela aille bien et pour défendre des causes, même si elle l'a fait discrètement parce qu'elle n'était pas sensée montrer ouvertement ces opinions. Elle a quand même été reine très jeune, 25 ans. Jusqu'à la fin de sa vie avoir une charge aussi lourde sur ses épaules. Moi je trouve cela juste énorme".

"Elle était intègre, c'était un pilier, un repère, reprend Marceline. Pour une  femme, je trouve cela extraordinaire. Il faut s'imaginer il y a 70 ans la condition de la femme... elle était exemplaire". "Il y a eu toujours plein d'histoires sur ses enfants dans la presse. Mais elle, je n'arrive pas à me souvenir d'un seul événement où on ait pu lui reprocher quoi que ce soit, précise encore Annick. C'est juste un modèle, un modèle de femme".

La stabilité de tout un pays

Elizabeth II marque aussi, pour Annick et Marceline, toute une période politique. La monarchie, elles y sont sensibles parce que "je trouve que les britanniques ont au moins cela qui est stable, explique Annick. Et leur Premier Ministre, il reste longtemps généralement. On se rappelle Margareth Thatcher qui est restée 11 ans. il y a beaucoup moins de turn over. Gouverner ainsi permet plus de stabilité, selon moi. Et ils ont plus de temps pour mettre en place des choses. Alors que chez nous, cela change tout le temps. Même si politiquement, la reine ne peut pas dire ce qu'elle pense ouvertement. C'est quand même un repère. Cela fédère".

Je suis très attachée à la monarchie, mais j'ai beaucoup moins foi en Charles III qu'en sa mère.

Annick Jurisic

professeure d'anglais au lycée Colbert de Reims

Et elles le voient concrètement lors de leur passage à Londres. A Westminster Hall, comme près du palais royal et à peu près partout dans la capitale anglaise aujourd'hui, toutes les générations, toutes les classes sociales arborent les couleurs du pays, sur des drapeaux mais aussi sur leurs vêtements. "C'est très surprenant pour nous françaises qui ne mettrions pas un foulard bleu-blanc-rouge, reprend la professeure d'anglais. Ils sont très attachées à cela et c'est sans doute grâce à la royauté. Même si je suis hyper républicaine, attention ! C'est beau, c'est très beau."

Quant à la suite et l'arrivée de Charles III : "je suis très attachée à la monarchie, précise-t-elle encore, mais j'ai beaucoup moins foi en Charles III qu'en sa mère. Je n'y crois pas trop. Il va y avoir du changement. On sait déjà qu'il y a des pays, depuis le décès de la reine, qui veulent sortir du Commonwealth..." 

Seules Françaises au milieu du peuple anglais

Tout en cheminant vers Buckingham Palace, Annick, professeure d'anglais au lycée Colbert de Reims et son amie Marceline, expliquent ainsi leur attachement à ce Royaume-Unis et au peuple britannique. Autour d'elles, que des Anglais, pas un Français à l'horizon. En tout cas, elles n'en ont pas croisé et sont très surprises. "Dans toutes les files dans lesquelles nous étions, nous n'avons entendu parler qu'anglais. Ce n'est pas possible, nous ne sommes pas les seules françaises ? Pour moi, quand elle est décédée, c'était une évidence, il fallait y aller". 

Dans les bagages d'Annick, des dessins confiés par quelques élèves et notamment un dessin et une photo d'une lycéenne, où on la voit avec sa classe quelques années auparavant, au musée de Madame Tussauds de Londres. Elle y avait posé à côté de la représentation en cire de la reine. Et puis des fleurs.

Tout autour du palais royal, des brassées de fleurs ont déjà été déposées. Celles d'Annick et de ses élèves marquent leur attachement et donnent, un peu plus encore, de beauté à cet hommage. "A Buckingham, nous y sommes déjà allée un peu hier soir. Nous y sommes passés, on a  pris des photos. De lire les messages, c'est très émouvants, parfois avec une écriture d'enfant... Même les tout petits, cela touche tout le monde".

Retour en cours à Reims ce lundi à 8 heures ! 

Finalement Annick et son amie, n'arriveront pas à Buckingham Palace. Les autorités ayant décidé que tous les hommages devaient être déposés à Green Park, à quelques mètres du palais, entre High Park et Saint-James Park. C'est au milieu de milliers de personnes qu'elle a déposé fleurs, dessins et photos. "C’était juste incroyable ! Noir de monde. On aurait aimé pouvoir y passer la journée pour "absorber" toutes ces fleurs, dessins, objets, et les gens... J’ai vu deux petits garçons déposer des fleurs avec leurs parents, j’ai trouvé ça émouvant. Et une petite fille avec une fleur de tournesol aussi. C’était très beau à voir. Dommage que nous n’ayons pu rester". Tout juste le temps de prendre quelques photos et il fallait repartir à la gare prendre le bus.

Depuis quelques heures, Annick est sur le chemin du retour. Arrivée prévue à 1 heure du matin à Reims ce lundi 19 septembre. A peine le temps de dormir et dès 7 h elle sera sur les ondes de nos confrères de France Bleu Champagne-Ardenne, avant de reprendre son métier d'enseignante à 8h au lycée Colbert.

Quand j'en parle autour de moi, la plupart des gens n'aiment pas les Britanniques. Je ne sais pas ce que les Français ont contre eux.

Annick

professeure d'anglais à Reims

"Franchement, je n'aurais jamais cru que cela aurait cette portée. Mais c'est tant mieux, comme cela les gens vont peut-être voir les Britanniques autrement. Quand j'en parle autour de moi, la plupart des gens n'aiment pas les Britanniques. Je ne sais pas ce que les Français ont contre eux. Marceline dit que c'est sûrement à cause du foot, plaisante-t-elle. J'aimerais bien qu'ils aient une autre opinion d'eux parce que les britanniques sont vraiment des gens très courtois, très gentils, très bienveillants. Je me sens vraiment bien plus à l'aise à Londres qu'à Paris. Et lorsque nous avons discuté avec eux durant ce week-end, ils nous ont tous remercié d'être là".

Ce pèlerinage, Annick l'a vécu comme un moment sacré, émouvant. Pour honorer celle pour qui l'admiration restera sans limite.

Lundi 19 septembre, les funérailles d'Etat, les premières depuis la mort de Winston Churchill en 1965, auront lieu à l'abbaye de Westminster, à Londres (Royaume-Uni), à 12h (heure de Paris) devant 2 000 invités, dont plusieurs centaines de dirigeants du monde entier et près de 200 héros anonymes.

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