Ce lundi 16 mai, la dictée de France 3 était enregistrée au Manège à Reims. Ambiance studieuse avec le comédien Gilles Lellouche en lecteur d'un texte tiré d'un roman d'Anne Berest. Nous étions dans les coulisses de l'enregistrement.
Le Manège de Reims est habitué aux spectacles, mais ce lundi 16 mai, pas de théâtre, ni de danse, la grande dictée de France 3 est en train d'être enregistrée avant sa diffusion samedi 21 mai à 16h15. Un spectacle aussi, mais sous une forme bien différente. Cette salle historiquement dédiée aux spectacles équestres est investie depuis la veille par des équipes techniques de France Télévisions et Lumni pour mettre en place l'enregistrement. Au milieu des caméras et des câbles, un vaste tapis rouge circulaire et une nuée de caméras et de projecteurs.
Le décor de l'émission est celui d'une salle de classe avec chaises en bois et bureau du professeur. Le public composé de collégiens de Reims et de séniors locaux est briefé par la production. Chacun dispose d'une feuille et d'un stylo, et reçoit des consignes de ne pas toucher aux caméras. Il est conseillé aussi de ne pas boire pendant que la caméra filme, et de ne pas poser son sac à dos sur les enceintes qui diffuseront le son pendant l'enregistrement. Enfin, prière de croiser les jambes au premier rang, "on est à la télévision". Pour le reste il suffit de se concentrer, les élèves sont à l'écoute, objectif, zéro fautes. Une classe rémoise entière est venue en nombre avec le professeur en veille. Le Français n'est pas leur matière préférée, mais l'attrait de cette dictée pas comme les autres les a attiré.
Le texte lu est celui d'Anne Berest, autrice de la "Carte postale", un roman récompensé par le prix Renaudot des lycéens. La dictée est un extrait de son roman.
Elle se dit très "fière" d'avoir été choisie pour cette dictée.
"Je suis immensément fière, quand je vois mes prédécesseurs, il y a Kessel, Jules Verne... Je me dis : cherchez l'intrus ! Je suis très honorée. C'est chouette que l'équipe ait eu envie de demander à quelqu'un de vivant, cela montre aux jeunes que les écrivains ne sont pas forcément morts et dans des programmes scolaires. Moi je me souviens des dictées de Bernard Pivot. Je me souviens être allée à Paris pour enregistrer une dictée quand j'étais toute jeune, c'était des dictées très ardues. La notre je crois est plus ouverte".
Arrivé de Paris, le comédien Gilles Lellouche, honoré de sa mission, s'apprête à lire la dictée. Avant son passage en coulisses, il est assailli de demandes de selfies par les collégiens. Tout sourire, en veste grise et mocassin, le héros du film "Bac Nord" s'exécute de bonne grâce en sirotant son café. L'heure est à la légèreté. Il avoue avoir suivi lui aussi la fameuse dictée de Pivot, petit, à l'époque avec son père qui "faisait zéro faute", ce qui n'est pas son cas. "La production avait pensé à Catherine Deneuve pour lire le texte, mais elle était en tournage, j'ai dit que je serai ravi de le faire. Pour moi, la dictée c'est un exercice ludique, comme un jeu, je suis joueur, j'aime ça".
"Bien écrire français c'est utile"
En tant que comédien, il avoue ne jamais avoir lu de dictée. "Je serai briefé par quelqu'un du ministère de l'Education nationale, avec le ton nécessaire, explique-t-il. Je n'ai pas d'appréhension, car je suis du bon côté de la scène, ce n'est pas compliqué, je lis, je n'ai pas eu à apprendre de texte". Sur le plan de l'orthographe il avoue que cette participation peut jouer un rôle, pour "faire comprendre aux jeunes que bien écrire, c'est utile. On ne se rend pas toujours compte de l'importance de savoir écrire sans fautes, de bien manier la langue c'est un énorme atout".
Dernière retouches maquillage pour la dizaine d'élèves présents au centre du plateau. Sept jeunes mais aussi six retraités à l'orthographe sans doute irréprochable. Dernier coup d'aspirateur aussi pour que tout soit propre et voici le générique qui commence. Les chauffeurs de salle font les gestes des bras pour entraîner le public et dynamiser les applaudissements aux bons moments. Les smartphones sont en mode avion. L'ambiance se réchauffe. Les projecteurs s'allument, la bonne humeur est là, mais laisse place à la concentration. La chaleur commence à monter. La dictée commence. Il est 15h.
Générique, présentation des invités par Maya Lauqué, dont le dessinateur Matthieu Sapin, qui dessinera pendant l'émission sur une tablette tactile, le comédien et écrivain François Rolin, l'humoriste Roman Doduik, star des réseaux sociaux, et en duplex de Guyane, des collégiens depuis le centre spatial de Kourou, ou encore un animateur de France 3 en Provence à Cagnes-sur-mer depuis son salon avec famille et amis. Cette fois ils sont tous (vraiment) prêts pour la dictée.
Arrivée sous les acclamations, fiches dans la main, Gilles Lellouche avoue son plaisir d'être du côté des professeurs. Il lit d'abord le texte debout, d'une traite. On entendrait une mouche voler. Chacun repère les mots pièges, les liaisons. L'autrice évoque ce sentiment étrange, presque irréel, d'écouter lire son texte pour une dictée. François Rolin, précise que le texte est plutôt facile. On est loin de la dictée de Bernard Pivot. Mais attention à la triche, les caméras sont en route. Le texte est relu, doucement. Les mots détachés. L'enregistrement a duré plus d'une heure. L'émission fera 57 minutes.
Place ensuite à la correction, certains ont appris l'étymologie des mots qui fâchent, mais on ne vous en dira pas plus, Lumni en est chargée samedi21 mai, juste après la diffusion prévue à 16h sur France 3.