Des étudiantes de Sciences Po à Reims ont créé "Le Scrutin" une association qui vise à sensibiliser les jeunes à la politique et au vote, à l’approche de l'élection présidentielle.
Des jeunes qui parlent aux jeunes. Avec un but bien précis "rendre la politique plus attractive et plus accessible". C’est ce à quoi aspiraient Léontine Vaz et Louise Desmarchelier, deux étudiantes du campus de Sciences Po à Reims, lorsqu’elles ont créé, il y a quelques mois, "Le Scrutin". A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle du 10 avril 2022, l'initiative est plus que d'actualité, alors que l'abstention s'annonce forte.
Née en début d’année scolaire, l’association fait suite à une prise de conscience. "On s’est rendu compte qu’on était privilégié car à l’école, on est exposé à la politique, on en parle énormément" déclare Louise Desmarchelier, vice-présidente. "Mais beaucoup de gens ne sont pas intéressés, n’ont pas les ressources, le temps nécessaires ou n’ont pas le pied dedans."
Un contenu accessible à tous
Alors pour informer un maximum de jeunes, l’association s’est déployée sur plusieurs secteurs, et en premier lieu sur Instagram, réseau social le plus utilisé par les 16-25 ans en France. Le contenu posté sur le compte de l’association "répond à trois questions : pourquoi voter, comment et pour qui" explique Leena Beugniet, bénévole au pôle communication.
Des schémas en accès libre sur les programmes des candidats, sur les démarches à faire pour changer de bureau de vote, s’inscrire sur les listes électorales ou encore faire une procuration sont publiés régulièrement. Et depuis peu, les bénévoles créent des "stories thématiques" pour "comparer les candidats" sur de nombreux thèmes comme "l’environnement, la culture, les services publics" ou encore l’éducation. "Pour faire les posts, je me base sur le programme des candidats" déclare Leena. "On regarde et complète ensuite avec ce qu’il y a dans les médias, on multiplie nos sources pour ne pas avoir une information biaisée."
Des réseaux au démarchage
Pour compléter cette mobilisation virtuelle, tous les vendredis et les samedis depuis février dernier, les bénévoles de l’association sillonnent les rues de Reims pour interpeller les jeunes âgés de 18 à 27 ans. "L’idée est d’engager la conversation, et de leur poser la question : est-ce que vous allez voter ? Pour qui ? Puis on discute, quelles sont leur réticences, pourquoi, on redirige les indécis vers notre compte Instagram" décrit Louise. "L’idée n’est pas de forcer les gens, mais de les aider en leur donnant les ressources nécessaires." Un désir d’information qui se veut objectif ; se définissant comme « apolitique », l’association "se détache de tout candidat."
Dans un contexte d’élections présidentielles, sensibiliser les jeunes au vote étaient, pour elles, d’autant plus important que "le taux d’abstention chez les jeunes est élevé". En 2017, parmi les 18-29 ans, moins de deux inscrits sur dix ont voté à tous les tours des élections selon une étude de l’INSEE.
S’adresser aux 18-27 ans était aussi une évidence ; dans l’association, tous les bénévoles ont entre "17 et 20 ans". "C’est une conversation qu’on a, parce que l’on a le même âge. Cela instaure un rapport d’égalité" selon Louise Desmarchelier. Leena Beugniet, elle, souligne un "lien de proximité". "C’est plus facile pour un jeune de convaincre un autre jeune d’aller voter, on a plus de légitimité."
Un message citoyen
Une communication qui se veut opposée à un "système d’instruction" et qui évite, selon l’association, un "sentiment d’infantilisation" que pourrait induire une discussion entre un adulte plus âgé et un jeune. La présidente Léontine Vaz espère que son message sera bien compris. "On ne veut pas que ce soit perçu comme des étudiants de Sciences po qui viennent parler à des gens qui n’ont pas forcément la même culture politique. On veut vraiment profiter du fait qu’on ait le même âge et les mêmes considérations que les autres jeunes."
Aujourd’hui, l’association compte une vingtaine de bénévoles, tous étudiants sur le campus de Sciences Po à Reims. Ils comptent bien continuer leurs actions après la présidentielle, notamment pour les législatives. "La politique, la gratuité des transports, le salaire des jeunes, l’environnement, cela nous concerne" martèle Louise Desmarchelier. "Faire émerger une volonté de participation citoyenne", motiver les moins de 30 ans à aller voter dimanche… pour éviter ce que l’étudiante dénonce : le fait que "d'autres gens décident à la place des jeunes."