Ils ont entre dix-huit et vingt-trois ans, et pensent devenir ingénieur, journaliste ou travailler dans la finance. La Covid 19 bouleverse leur quotidien. Cours en ligne, stage parfois annulé, peu de vie sociale, ils font face. Mais, il leur est difficile parfois d’envisager l’avenir.
"Ça va mieux que lors du premier confinement, confie Anaël Beutin, dix-neuf ans. Originaire d’Hirson, dans l’Aisne, il est inscrit en deuxième année d’Administration Economique et Sociale, à l’Université de Reims. On est mieux organisé, mieux préparé, psychologiquement. Pas question de rentrer dans nos familles. On est obligé d’être confiné dans nos studio, pour aller passer les contrôles qui ont lieu en présentiel. Les cours à distance, ce n’est pas pareil. Certains ont des problèmes de connexion. Ils doivent alors se rendre à la fac pour le wifi. Ils peuvent même se faire prêter des ordinateurs. Certains ont la crainte, surtout ceux qui sont en Master, en fin d’études, que si on étudie moins de choses, le diplôme de l’année pourrait être déprécié. Pour les étudiants de troisième année, qui doivent effectuer un stage, d’habitude, le stage est déjà trouvé. Aujourd’hui, certains ont encore des difficultés.
D’une manière générale, malgré les groupes sur Snapchat ou Messenger, au bout d’un moment, l’isolement, ça pèse. Certains ont eu des difficultés à tenir dans leur neuf mètres carré. Dans les résidences du CROUS, on sortait dans les couloirs. L’avenir, on verra… J’ai encore trois ans et demi d’études à faire si je poursuis jusqu’au Master."
La coupure sociale
"A Sciences Po Campus de Reims, tout était préparé, depuis longtemps. En début d’année, on travaillait en format hybride, mi-présentiel, mi-distanciel. Maintenant, tous les cours sont disponibles sur la plate-forme zoom. Toutes les ressources sont sur internet. Ça se passe bien", assure Clémentine Bonnevie.J’ai pu rencontrer des gens en tout début d’année, mais là on est éloigné de toute vie
Cette rémoise de dix-huit ans est inscrite en première année du programme euro-américain. "Les examens aussi sont adaptés. Je viens d’en passer un. Tout est adapté, il n’y a pas d’inquiétude. Chaque cours est enregistré, en cas de problème de connexion, mais on est bien entouré. Les étudiants de troisième année, qui devaient partir aux Etats-Unis, n’ont pas pu le faire et je ne sais pas si je vais devoir faire un stage à la fin de l’année. Pour l’instant, je n’ai pas d’information.
Ce qui est un peu dur, en revanche, avec le confinement, c’est la coupure sociale. J’ai pu rencontrer des gens en tout début d’année, mais là on est éloigné de toute vie. On reste quand même en contact. On s’est même mobilisé pour soutenir le café, en face de l’école. On a créé un comité de soutien et une cagnotte… Je pense qu’il ne faut pas faire de discrimination ou de distinction en fonction de l’âge. On peut, en revanche faire des recommandations."
Rapatriée de Taïwan
Edilène Gauthé était en échange à Taïwan, et s’apprêtait à rejoindre Shenzen, en Chine, pour un stage. Seulement, la Covid-19 est venue tout compliquer. Fini le stage, elle a dû être rapatriée en France. Etudiante, à Reims à l’Ecole d’ingénieur en robotique, elle prépare actuellement un Master 2 en automatique et informatique industrielle. "Les cours se font en ligne, mais les examens et les travaux pratiques se font en présentiel. En dernière année, ce n’est pas évident, confie-t-elle. C’est plus difficile de suivre les cours à distance. Il faut beaucoup d’organisation. Face à l’incertitude, il y a un climat d’anxiété, de tension, notamment pour les examens… Mais, j’ai la chance de partager une colocation de onze personnes, dans une maison agréable, sauf de temps en temps avec des problèmes de wifi.On essaie d’être solidaire. On ne sait pas si ça va continuer. Il y a beaucoup de questions. J’envisage de quitter la colocation pour aller passer le confinement avec ma famille, à Bordeaux. Pour la suite, je suis totalement inquiète car il y a des problèmes dans le secteur de l’aéronautique. Chercher un poste, en robotique 4.0, ma spécialité, c’est compliqué, sans compter que les salaires sont difficiles à négocier. J’envisage de faire six à douze mois de césure, de ne pas aller tout de suite sur le marché de l’emploi. Je ferais bien un break de six mois pour voyager, apprendre une langue. J’ai envie de retourner à l’étranger, d’étudier la situation là-bas. A Taïwan, la crise a été bien gérée. Je me vois mal en stage en France. Je ne peux pas me projeter en Chine."
Depuis les Pays-Bas, l'inquiétude n'est pas au programme
Xavier Du Parc est étudiant en cinquième année à Neoma Business School. Il prépare un Master 2 en Finances. Lors du premier confinement, il était en stage. Un stage qu’il a pu effectuer en télétravail. Aujourd’hui, tous ses cours se déroulent en distanciel, et il ne s’en plaint pas. "Au lieu d’être en demi- groupe, et en autonomie, aujourd’hui, on est tous ensemble, avec un professeur toujours présent. On peut poser nos questions. Pour la suite, l’entrée sur le marché du travail, je ne suis pas inquiet, même si certaines embauches seront gelées. Il y aura toujours des besoins, notamment dans les secteurs où on peut travailler à distance. Il n’y aura pas de galère." Ce deuxième confinement, Xavier Du Parc le passe aux-Pays-Bas, chez un proche. "Même si les bars, restaurants, musées sont fermées, ici, on peut sortir librement, raconte-t-il. Il n’y a pas de grosses soirées clandestines. Les gens sont responsables, très respectueux des gestes barrières. Chez nous, en France, entre les deux confinements, dans les soirées, on faisait plus attention à ne pas boire dans le même verre, à fumer la même cigarette, et à garder des distances. Il faut éradiquer la pandémie, mais pas confiner une partie de la population. S’il fallait le faire, c’est les jeunes qu’il faudrait confiner." Mais depuis les Pays-Bas, Xavier Du Parc ne se montre pas inquiet.
Toutes générations confondues, cette crise sanitaire a engendré une souffrance auprès de nombreuses personnes, à cause de l’isolement qui s’en est suivi. Les étudiants, notamment ceux qui ont débuté cette année, dans l’enseignement supérieur ont parfois été davantage concernés par ce problème. Mais tous reconnaissent avoir été accompagnés par leur école ou leur université.