Depuis le mois de juillet, le camp de migrants de la rue Henri Paris à Reims ne cesse de grandir. Les membres du collectif "Sövkipeu" organisaient samedi 17 août un rassemblement pour dénoncer "l'inaction de l'Etat" et appeler à la solidarité. 

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Dans le stade de la rue Henri Paris, à Reims, une dizaine de tentes bleues recouvrent le sol. Ce sont les seuls abris contre la pluie pour la soixantaine de migrants qui vivent ici. Samedi 17 août 2019, le collectif « Sövkipeu » a organisé un rassemblement avec pour mots d’ordre : « Dénoncer l’inaction de l’Etat ».

Les bénévoles sont fatigués, dépités. Depuis le mois de juillet, le camp accueille de plus en plus de migrants. De 20, ils sont passés à 60 en l’espace de quelques semaines. Tchétchènes, Arméniens, Kosovars …  La plupart sont demandeurs d’asile et se sentent en danger dans leurs pays. Déboutés par l’Office français de protection des réfugiés apatrides (Ofpra) ou en attente de décisions, ils se retrouvent sans abris, sans toilettes et pour certains sans nourriture.

Certains dorment sur des couvertures, à même le sol,
- Aleksandra Maric, membre du collectif "Sövkipeu" à Reims

« On se sent désemparés, c’est déprimant, se désole Aleksandra Maric, membre du collectif. On est dans l’incompréhension.» Désolée, elle montre du doigt une tente rafistolée avec du scotch, qui laisse l’eau traverser et tomber sur les matelas. « Certains dorment sur des couvertures, à même le sol », explique la bénévole. Sur le terrain, une jeune femme enceinte de cinq mois déambule, elle attend des jumeaux. Elle est demandeuse d’asile mais n’a pas encore reçu la décision de l’Ofpra. En attendant, elle n’a droit à rien.
 

Besoin de mains

En cet après-midi pluvieuse, peu de gens se sont déplacés. Les membres du collectif s’attendaient pourtant à une mobilisation plus importante. Au programme : un repas collectif et un concert du groupe les Vagabons créé par Philippe Cuisset, l'un des bénévoles, dans le but de récolter des fonds. Deux de ses membres sont eux-mêmes des migrants.
 

En cercle, une quinzaine de bénévoles échangent, la plupart sont déjà plus au moins impliqués dans le collectif. Et pourtant, ils auraient grand besoin de nouvelles petites mains. Donner des cours de français, trouver du matériel, etc. Les tâches sont multiples et, à dix, ils sont trop peu nombreux pour les effectuer. « On court partout », explique Philippe Cuisset, qui se sent « enseveli ». Certains sont nourris par l'Armée du salut, dont les locaux sont situés en face du campement, mais seules les familles ont droit à cette aide. Les autres peuvent se rendre dans les locaux de l'association Ozanam - situés à quatre kilomètres du camp - pour les repas du midi. Mais pour les autres repas, les béénvoles se chargent d'apporter des vivres.
 


Au loin, Marie-Anne interpelle Aleksandra : « Je viens apporter des couvertures ! » Sourire aux lèvres elle se présente comme « la mamie » des migrants. Elle donne des cours de français, passe du temps à leurs côtés et donne même des cours de jardinage. D’un coup, quelques migrants se ruent dans la même direction : des sacs de chaussures viennent d’être déposés sous le barnum. Dehors, les rires et l’insouciance des enfants qui jouent font oublier l’espace d’un instant la réalité bien sombre.
 

Un pas en avant, un pas en arrière

En juillet dernier, le camp a été démantelé à cause de la canicule. Beaucoup de matériel est parti à la benne à ordure. Les migrants ont été relogés pendant quelques jours mais ensuite, ils se sont retrouvés au camp. Il a fallu tout reconstruire.  « Il n’y a pas assez de places dans les foyers », se désole Aleksandra. Les bénévoles voudraient que les politiciens proposent des solutions d’hébergement transitoires dans l’attente des décisions de l’Ofpra et débloquent des fonds. Mais selon Aleksandra « la mairie et la Préfecture se renvoient la balle ». Les membres du collectif se chargent même de construire des toilettes. 

Je veux juste qu’on nous croit,
-Idriz, migrant serbe, dont la demande d'asile vient d'être refusée par l'Ofpra


Debout, le regard inquiet, Idriz se demande quel sort va lui être réservé. Depuis plusieurs mois, il est logé à Cormontreuil, près de Reims, par l’Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) avec sa femme et ses sept enfants mais il vient d’être débouté par l’Ofpra. Celui qui a vécu sur le camp a peur de devoir y revenir. « Je veux juste qu’on nous croit, s’agace-t-il. On n’est pas en sécurité dans notre pays. » A ses côtés, Aleksandra Maric l’écoute et traduit ses dires. « Ma mère m’avait bien dit qu’un jour cela me servirait de parler serbo-croate », rit-elle. Idriz a une seule requête : « Pouvoir vivre comme un citoyen normal. »

Dans l’après-midi, une pirogue en bois a été construite. Chargée de symbole, elle rappelle notamment la Méditerranée et les migrants noyés. « Chacun y met le sens qu’il veut », lance Philippe Cuisset, évasif.


 
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