Nordin Aribi a vécu vingt ans à Barcelone avant de retourner vivre à Reims. Après quelques appels téléphoniques à la mairie, on lui annonce que seuls les drapeaux seront mis en berne. Le Rémois a décidé de rendre un hommage à sa manière.
"Excusez-moi, est-ce que vous comprenez ce que j'ai écrit avec les bougies?", demande un homme le dos courbé sur les marches de la mairie de Reims. Les yeux humides, Nordin Aribi tente tant bien que mal de disposer des bougies chauffe-plats qu'il vient d'acheter pour l'occasion. "J'ai demandé de l'aide à deux badauds qui m'ont répondu de but en blanc : 'Désolés, mais ça ne nous concerne pas'. J'étais effaré."
© Florence Morel / France 3 Champagne-Ardenne
Les joues creuses et le regard humide, Nordin retourne à son œuvre. Maillot du Barça sur les épaules, chapeau à l'effigie de Barcelone sur la tête, l'aficionado tenait à rendre hommage à la ville dans laquelle il a vécu durant vingt ans, au lendemain des attentats qui ont meurtri la capitale catalane et la ville de Cambrils.
© Florence Morel / France 3 Champagne-Ardenne
Les mains tremblantes, l'homme d'origine kabyle dispose sur les marches détrempées sa panoplie : écharpe, sac à dos et manteau aux couleurs rouge bleu jaune.
Ses yeux sont entourés de petites bosses sombres : "Quand j'ai appris la nouvelle, j'ai pleuré. Je le dis franchement, je n'ai pas pu m'en empêcher."
Nordin a passé sa nuit devant les chaînes d'information en continu. "Je n'ai pas fermé l'œil", concède-t-il.
Le vendredi soir, en sortant de son travail, le cuisinier fonce dans un supermarché dans lequel il achète un paquet de 50 bougies, qu'il s'empresse de disposer en forme de cœur.
J'étais là pour Charlie Hebdo, pour les attentats de Paris et de Nice, je ne pouvais pas rester là sans rien faire, répète-t-il. C'est ma ville.
Emu, il ose à peine demander : "Est-ce que vous pourriez envoyer les photos que vous avez prises à mon fils Sophian? Mon téléphone n'est pas adapté, je ne peux pas le faire."