Reims : la communauté LGBT, en colère, manifeste, après le meurtre de celle qui avait choisi de s'appeler Paula

Le 7 avril 2021 les sapeurs-pompiers de Reims étaient appelés sur l'incendie, d'un appartement, avenue de Laon. Gisant sur le sol, le corps d'un homme de 51 ans, égorgé, avait été retrouvé. Un suspect a été mis en examen, pour meurtre aggravé, en raison de l'orientation sexuelle de la victime.

Sur la Place Saint-Thomas, à Reims, dans la Marne, dans le quartier où vivait la victime, quelques fleurs et un portrait de celle qui avait choisi de s'appeler Paula, étaient déposés, pour un hommage à cette femme transgenre, tuée de 14 coups portés au cou et aux cervicales, par une arme blanche.

C'est l'association Exaequo qui avait appelé à ce rassemblement, pour rendre hommage à cette personne discrète. "Paula", comme entend l'appeler l'association Exaequo, "vivait seule. Paula avait fait son coming out, auprès de sa famille", raconte Olivier Nostry, adhérent de l'association Exaequo,"mais pas auprès de ses collègues et de la société". Isolée, Paula avait pourtant pris contact avec l'association, dans les années 2013-2014, pour parler. "Mais on ne l'avait jamais revue", poursuit Olivier Nostry.

"On respecte le choix de ce prénom. Paula n'avait pas entamé de transition, avec traitement hormonal. L'identité de genre était une question. C'est difficile, après 40 ans", raconte encore Olivier Nostry. Ce samedi matin, 24 avril 2021, quelque 100 à 150 personnes étaient réunies pour un hommage à un être mort dans des circonstances d'une extrême violence.

Beaucoup de colère

Dans la communauté LGBT de Reims, l'heure n'était pas au désespoir, mais au recueillement et à la colère. Evoquant le meurtre de François Chenu, tué dans la nuit du 13 au 14 septembre 2002, parce qu'il était homosexuel, dans le Parc Léo Lagrange, à Reims, Olivier Nostry s'indigne. "20 ans après, on en est encore là. Il y a beaucoup de travail à faire, sur le genre. La société doit être plus ouverte. La France est en retard".

Nous sommes face à la sidération, à la peur. On ne pensait pas pouvoir être encore confronté à ce type de risque. Sommes-nous encore en danger?

Samuel Tarcy, président de l'association Exaequo.

A l'heure actuelle, à l'association, on manque encore d'informations sur l'agresseur, actuellement en détention provisoire. Ce Congolais, Jean-Paul Isaki, bénéficiant du statut de réfugié, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Agé de 27 ans, il a déjà été mis en examen pour tentative d'homicide, sur une escort girl transsexuelle. L'information judiciaire est toujours en cours. Il avait été placé sous contrôle judiciaire.

Libérer la parole

Ce matin, samedi 24 avril 2021, de nombreux élus marnais étaient présents, pour rendre hommage à la victime, répondant ainsi à l'appel de l'association Exaequo. Dès que les faits avaient été connus, le maire de Reims, Arnaud Robinet, et Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims avaient également apporté leur soutien à la communauté LGBT. Le collectif féministe "Nous toutes", qui avait, dès mercredi 21 avril organisé une manifestation assistait à ce moment de recueillement.

"On se connaît", explique Samuel Tarcy, président de l'association Exaequo. "C'est important que des voix plurielles s'expriment. L'altérité est importante. Ce matin, on est venu nous parler d'un membre d'une famille agressé. Plusieurs personnes ont fait part de leur intention de s'investir et ont demandé comment être bénévole".

Le souvenir du drame de 2002

Après le meurtre de Paula, le président de l'association Exaequo tient à dire: "Une femme trans qui aime un homme, n'est pas forcément homosexuelle". Pour faire comprendre, et admettre les différences, les membres de la communauté LGBT sont bien décidés à travailler à expliquer ces problématiques.

"Ce qui s'est passé, est très violent pour ceux qui ont vécu le drame de 2002. Ca réveille des souvenirs, des images. Toutes sortes de sentiments surgissent", dit encore Samuel Tarcy. "L'acte qui vient d'être commis est ignoble. C'est une atrocité, inqualifiable. Nous sommes face à la sidération et à la peur. On ne pensait pas pouvoir être encore confronté à ce type de risque. Sommes-nous encore en danger?"

Il y a beaucoup de travail à faire sur le genre. la société doit être plus ouverte. La France est en retard.

Olivier Nostry, adhérent de l'association Exaequo.

Quelques heures après l'hommage, Place Saint-Thomas, l'association Exaequo a organisé un accueil avec des écoutes individuelles, puis un groupe de paroles était prévu pour déposer, raconter ce que vivent les membres de la communauté LGBT, dans la Marne, les Ardennes et l'Aube.

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