Quelque 288 œuvres personnelles du maître verrier Jacques Simon étaient en vente ce jeudi 18 juin à l'hôtel des ventes de Chativesle à Reims. Le Rémois avait participé à la reconstruction de certains vitraux de la cathédrale de la cité des sacres après l'incendie de 1914.
Baigné dans une lumière douce de fin de printemps, l'hôtel des ventes de Chativesle est animé ce jeudi 18 juin. Sous une grande verrière, une vingtaine de personnes sont venues à la vente aux enchères du fonds d'atelier du maître verrier rémois Jacques Simon (1890-1974). Sans compter les acheteurs en ligne, qui ont fait grimper certaines estimations. En tout, presque 300 peintures, aquarelles et esquisses, comprises entre 20 et 380 euros étaient en vente.
"Elles sont toutes datées entre 1930 et 1950, elles sont toutes situées et signées", précise le commissaire-priseur Alban Gillet. "Les scènes d'intimité sont particulièrement émouvantes", analyse-t-il, montrant des aquarelles d'enfants à la pêche ou encore une huile sur carton rigide, estimée entre 80 et 120 euros, où sont croqués son épouses et ses enfants faisant leurs devoirs à la maison.
Un maître verrier qui a participé à la restauration de la cathédrale
Jacques Simon était plus connu pour ses vitraux que pour ses peintures. Après l'incendie de la cathédrale de Reims en 1914, le descendant d'une longue lignée de maîtres verriers (depuis 1640) a participé à la restauration de nombreux vitraux : la rose Sud en 1937, la petite rose du portail centre l'année suivante, le vitrail du Champagne en 1954 et les deux roses des petits portails de la façade cinq ans plus tard.
C'est cette notoriété qui a motivé certains acheteurs et acheteuses. Après deux heures de vente, une septuagénaire, Rémoise depuis peu, explique que ce n'est pas tant l'attache locale qui l'a conduite ici, mais "qu'en terme d’art, Jacques Simon est une référence". "C’est intéressant point de vue peinture", ajoute-t-elle simplement.
Comme elle, un acheteur apprécie le trait de l'artiste rémois. "C’est un maître verrier local et les scènes intimistes sont sympathiques. La première aquarelle est passée un peu inaperçue, mais c’est typique de son travail de maître verrier qui emploie beaucoup de couleurs vives", détaille-t-il. En tout, il a acquis cinq œuvres, dont "une aquarelle qui devrait plaire à une de ses filles"
Un nouveau départ
Forcément tous les acheteurs potentiels avaient en tête l'histoire de l'atelier Simon Marq, cette entreprise historique, qui a fait pendant de longues années la fierté de Reims. Et qui va pouvoir continuer de rayonner ... comme l'expliquait France Bleu Champagne-Ardenne. Sauvé de la liquidation en 2019, l'Atelier Simon Marq va s'installer dans l'église du Sacré Coeur à Reims dans les prochains mois. C'est désormais Pierre-Emmanuel Taittinger, qui en est le président. En novembre 2019, l'homme du champagne -avec le président d'Areva Philippe Varin- a décidé de reprendre l'atelier de maîtres verriers crée en 1640 à Reims et menacé de disparition après sa liquidation judiciaire. L'édifice du Sacré Coeur n'accueille plus de messes. L'atelier devra payer un euro symbolique de loyer par an au diocèse de Reims. Un beau geste.