Sculptures, photos et féminisme au campus de Sciences Po à Reims

L'association Politiqu'elles de Reims a convié l'artiste plasticienne Stéphanie Roth à l'occasion de la Gender Equality & Sexuality Week. L'occasion pour l'artiste de recueillir les réactions des étudiants pour confronter les points de vue et les générations sur le féminisme.

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Mais qui sont ces drôles de dames ? Des corps longilignes, d'un blanc immaculé, ont envahi le campus de Sciences Po à Reims. Cet ancien collège des Jésuites accueille du 2 au 6 avril les Bécassine de Stéphanie Roth, artiste plasticienne (voir son site internet ici).

La sculptrice, accompagnée de la photographe Laure Duchet et conviée par l'association Politiqu'elles de Reims, a parsemé ces statues dans différentes pièces du campus et des photos d'elles prises dans des lieux de pouvoir, comme le Conseil d'Etat ou l'Assemblée nationale. Armées d'une épée, ou équipées d'une armure, les Bécassine ont du mal à pénétrer ces lieux encore occupés par des hommes.


"Je voulais montrer que les femmes sont exclues de ces milieux", détaille l'artiste. D'autres clichés, situées à la sortie d'un amphithéâtre du campus, ont été pris au Bois de Boulogne. "Prendre ces photos dans ce lieu où il y a beaucoup de prostitution était un symbole fort. Un moyen d'évoquer le rapport que les femmes ont avec leur corps", ajoute-t-elle en passant la baie vitrée face aux œuvres.


Stéphanie Roth déambule dans la cour, au sein du campus, micro en main. Plus qu'une exposition, la quinquagénaire souhaite recueillir les témoignages des étudiants. "J'étais moi aussi sur les bancs de Sciences Po, en 1991. Je n'étais pas du tout militante féministe. Ma génération n'était pas aussi impliquée que la leur", raconte-t-elle.

Un dialogue et une prise de conscience​


C'est un dialogue avec sa grand-mère qui va tout changer. Il y a quelques années, alors qu'elles discutent de politique, son aïeule se tourne mécaniquement vers le conjoint de Stéphanie, comme pour avoir son appui. "Mon mari n'était pas plus légitime que moi dans ce débat, se rappelle la sculptrice. Je me suis rendu compte que pour parler politique, ma grand-mère avait besoin de l'avis d'un homme."


Le début d'une prise de conscience. Quand elle discute dans le hall principal de Sciences Po avec Cléa Frambourt et Flora Bergounhon, deux étudiantes de 19 ans, elle constate le choc entre générations. C'est dans ce hall que Stéphanie Roth a installé les extraits d'une revue datant des années 1960, où sont prodigués de nombreux conseils aux femmes pour qu'elles soient de bonnes épouses.

Il y a du progrès depuis cette époque, constate Cléa, mais les discriminations aujourd'hui sont plus insidieuses.


"Par exemple à Sciences Po, il y a 60% d'étudiantes, renchérit Flora. Donc les étudiants, les professeurs, la direction… tout le monde pense que c'est bon, il n'y a plus rien à faire. Or les discriminations continuent après le diplôme : les femmes s'orientent vers des carrières où les taux d'emploi et les salaires sont moins élevés."


Micro tendu, Stéphanie Roth boit les paroles des jeunes étudiantes, stupéfaite de leurs connaissances sur le sujet. Derrière elle, Laure Duchet, la photographe qui a réalisé les clichés de l'exposition, capture la discussion.

Autre constat des deux jeunes filles : les garçons ont tendance à prendre la parole plus facilement en cours ou au sein des associations de débats. "On avait un cours sur le féminisme, et seuls les garçons prenaient la parole", rapporte Flora dans un sourire, amusée par l'ironie de la situation.

Dehors, les dames blanches sont immobiles. "Cloîtrées dans leur amure, elles tentent de s'exprimer mais n'y parviennent pas", commente Stéphanie Roth. Un peu comme les étudiantes lors du cours sur le féminisme.

Retrouvez un diaporama de cette exposition :


 

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