Le procès d'un policier rémois accusé d'avoir éborgné un supporter bastiais s'est ouvert ce mardi 4 octobre devant la cour d'assises de la Marne. Pendant quatre jours d'audience, le tribunal va devoir déterminer la responsabilité du gardien de la paix. Il a de nouveau contesté son implication ce matin à la barre.
Les assises de la Marne examinent à partir de ce mardi 4 octobre et pendant quatre jours une affaire qui remonte à février 2016. Après un match de football opposant Reims à Bastia, des échauffourées avaient eu lieu dans le centre-ville de Reims entre des supporters corses et les forces de l’ordre. Durant ces altercations, Maxime Beux, alors âgé de 22 ans, avait perdu un œil.
Le procès doit déterminer la responsabilité du policier soupçonné d’être à l'origine de cette infirmité. Poursuivi pour violences avec une arme ayant entrainé une infirmité permanente, l’accusé Christophe Mercier encourt jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle et 150 000 euros d’amende. C'est un coup porté par un bâton télescopique qui serait à l'origine de la blessure du jeune homme, selon les différentes expertises.
19h50 : L'audience est suspendue pour la journée et reprendra mercredi 5 octobre à 9 heures.
19h30 : La cour d'assises entend désormais un policier alors affecté au suivi des supporters. Celui-ci explique son travail de renseignement autour du déplacement des supporters. Il revient ensuite sur la journée du 13 février 2016, où il a tenté toute la journée d'identifier les personnes susceptibles d'en occasionner.
Interrogé par l'avocat général sur l'adéquation du dispositif de sécurité face au risque que revêtait le match, il s'est borné à répéter qu'il n'était qu'une "aide à la décision" et que ce n'était pas à lui de dimensionner le dispositif. Sur la violence observée dans le centre-ville après le match, il explique : "Je n'avais jamais vu ça. Il y avait déjà eu des affrontements entre supporters. Mais une telle haine envers la police m'a surpris."
18h30 : Le responsable de la sécurité du Stade de Reims au moment des faits dépose à son tour à la barre. Aujourd'hui à la retraite, l'homme était à ce poste pendant 25 ans. Jacques Fillols est revenu sur les événements survenus autour du stade Auguste Delaune.
Tout d'abord, il rappelle que le match n'avait pas été classé comme à risque par les autorités. Une disposition qui aurait permis un dispositif policier plus important. "On n’avait pas eu de problèmes jusqu’à présent [...] Des incidents, des petits trucs mais pas au point de le classer à risque", explique-t-il.
Le responsable raconte qu'il a été très marqué de la virulence d'un petit nombre de supporters bastiais à l'encontre des forces de l'ordre déployées au pied du stade avant le début du match. Ils ont, selon lui, proféré de nombreuses insultes en direction des policiers, en étant très proches d'eux à un mètre de distance. "C'était extrêmement choquant de voir leur haine anti-tout". Il assure que les policiers n'ont pas répondu à leurs provocations.
16h30 : Plusieurs images de vidéosurveillance sont diffusées à la cour. On y voit tout d'abord l'angle de la rue de Talleyrand et de la rue de Vesle, où se trouve le restaurant McDonald's dans le centre-ville de Reims. Un engin pyrotechnique glisse sous un premier véhicule de police stationné avant de s'immobiliser sous une seconde voiture de police.
La deuxième vidéo montre le moment qui devrait largement occuper la cour ces prochains jours. C'est-à-dire l'instant où Maxime Beux a été touché à l'œil. La caméra de vidéosurveillance filme les voies du tramway et le bas du cours Jean-Baptiste Langlet. Les images sont lointaines.
On y voit des personnes qui courent. Quelques instants après, plusieurs véhicules de police arrivent sur les lieux. Christophe Mercier sort de l'un d'entre eux et se lance à la poursuite des individus qui fuient les lieux. L'un d'entre eux s'arrête lors de sa course pour porter sa main ou ses mains au visage. Le fonctionnaire de police ramasse quelque chose au sol, selon la description réitérée par le responsable de l'IGPN. L'interpellation du jeune homme n'est elle pas visible dans le champ de la caméra.
Interrogé sur son enquête, l'enquêteur de l'IGPN a bien du mal à justifier de n'avoir entendu aucun des supporters bastiais alors que chacun des policiers présents lors des faits l'ont été.
16h00 : L'enquêteur de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) dépose à la barre depuis le début de l'après-midi. En costume-cravate, il cite de tête le résultat de son travail d'enquête mené en 2016.
Alors que dans un premier temps, Christophe Mercier avait expliqué que Maxime Beux s'était blessé en chutant sur un poteau métallique alors qu'il fuyait l'équipage de la brigade anticriminalité, l'exploitation de la vidéosurveillance a mis en doute cette possibilité.
"Je ne vous cache pas l’avoir regardée plusieurs centaines de fois au moins", explique le représentant de l'IGPN. "Ce que j’ai pu constater, c’est que pendant la course, une personne poursuivie marque un temps d’arrêt et va porter une main ou ses mains au niveau de la tête. On distingue très mal, c’est assez loin. On voit qu’il se passe quelque chose, il y a une rupture dans sa cadence de course."
Les vêtements de cette personne laissent à penser qu'il s'agit bien de Maxime Beux, selon l'enquêteur. "Juste après, on voit que M. Mercier ramasse quelque chose au sol. On ne distingue pas l’objet sur la vidéo", ajoute-t-il. Cet objet serait-il le bâton télescopique du policier, tombé au sol après avoir été jeté ? "Il a dit qu'il ne s’en souvenait pas mais que ce n’était pas impossible", explique le représentant de l'IGPNcitant de mémoire son travail.
Dans son témoignage recueilli à l'époque, Christophe Mercier dit avoir fait usage de son bâton télescopique, mais pour porter un coup au niveau de l'épaule du supporter bastiais.
L'hypothèse d'un tir de flashball est également remise en cause par l'exploitation de la vidéosurveillance et les différents témoignages recueillis auprès des riverains. Si un tir a bien eu lieu, c'était avant l'interpellation de Maxime Beux et dans un autre lieu.
11h30 : La première partie de la matinée, ce mardi 4 octobre, a permis de désigner par tirage au sort les jurés populaires. Les avocats de l'accusé ont choisi d'en récuser trois, trois femmes. Le jury est donc composé parité de trois hommes et trois femmes. Trois jurés supplémentaires ont été désignés en cas de défaillance des jurés principaux. La victime s'est constituée partie civile.
Après une suspension d'audience, la présidente de la cour a procédé à la lecture du rappel des faits. Appelé à la barre, l'accusé à de nouveau contesté les faits qui lui sont reprochés. Christophe Mercier est placé sous contrôle judiciaire depuis 2018. Gardien de la paix affecté au sein de la brigade anticriminalité au moment des faits, il n'a plus l'autorisation de porter une arme et d'exercer sur la voie publique.
Dans l'après-midi, les premiers témoins doivent être entendus. Le procès doit s'achever vendredi 7 octobre.