Sur l'Ile de Ré, un legs familial permet à des générations d'enfants de découvrir l'océan

Depuis des dizaines d'années, des jeunes partent en vacances ou en classe de mer à La Flotte, sur l'Ile de Ré en Charente Maritime. Des séjours rendus possibles grâce à une famille, qui en 1967 fait un leg à la ville de Reims en échange d'une promesse : celle d'accueillir des enfants rémois.

"C'est la première fois que je fais du bateau à voile, mais j'aime bien, car j'aime l'océan. C'est super, nous, on n'a pas la mer et pendant deux semaines on peut en profiter tant que l'on veut". 

L'océan les transporte bien loin de leur quotidien. Ces deux jeunes vacancières apprennent à naviguer sur un voilier au large de l'Ile de Ré. Elles, qui arrivent tout droit de Reims (Marne), profitent à fond du lieu et du moment. Activités nautiques, mais aussi artistiques, culturelles. À la Grainetière, le nom du domaine qui les accueille, c'est l'objectif de ces vacances d'été. Faire découvrir le site et emmener les jeunes, là, aussi, où ils ont envie d'aller. 

"Ce sont des enfants qui pratiquent généralement des sports plus traditionnels, explique Lou-Anne Frognet, une des animatrices, et ici, ils ont la chance d'explorer de nouveaux horizons. Avec la mer mais aussi entre amis avec de nouvelles activités plus ludiques".

"On fait énormément d'activités différentes, en plein air et à l'intérieur", dit cette jeune rémoise avec un grand sourire, tout en précisant aussi que "les activités sont incroyables et les animateurs aussi" ! "On nous a demandé ce que l'on voulait faire comme activités, précise aussi cette jeune fille, et on les a notées dans un tableau. Les animateurs en ont repris beaucoup... du coup c'était bien". Chant, théâtre et danse, mais aussi jeux de société et bien sûr activités nautiques. Tout y est !

C'est sans doute le secret de cette colo vendéenne organisée par la ville de Reims. Chaque année 400 jeunes ont la chance d'être accueillis, en vacances, mais aussi en classe de mer. Mais un autre secret, et une belle histoire entourent ces séjours et ils datent de 1967.

Un legs et une promesse

En 1440, La Grainetière est un domaine viticole. Il appartient pendant 275 ans à la même famille, les Bernon-Foucher. Puis, il est racheté et son activité viticole perdure jusqu'en 1926. Il devient alors une colonie de vacances. Quelques années plus tard, en 1933, la fondation Preventorium Louise de Bettignies, présidée par Pierre Taittinger rachète le domaine. Cette fondation, reconnue d'utilité publique en 1931, puis comme établissement public et œuvre de bienfaisance en 1932, accueille des enfants et des adultes atteints de tuberculose.

Pierre Taittinger et sa femme Anne-Marie, tous deux très investis dans la fondation, décident qu'à leur mort, le domaine de La Grainetière reviendrait gratuitement à la ville de Reims. Une seule condition pour que ce legs se réalise, que cette dernière s'engage à poursuivre l'accueil d'enfants sur le site. Le 14 avril 1967, le maire de Reims, un certain Jean Taittinger signe l'acte d'acceptation de la donation. Comme un signe du destin, il permet ainsi de respecter les dernières volontés de son père Pierre Taittinger, le donateur. 

57 ans plus tard, la promesse est tenue et la belle histoire de la Grainetière continue de s'écrire. De nombreux enfants vivent, chaque année, des aventures extraordinaires sur l'Ile de Ré.

Premier arrivé, premier servi

Cet été, 120 jeunes de l'agglomération rémoise profitent, donc, de ce domaine assez exceptionnel de  près de quatre hectares et d'une bâtisse datant du 15e siècle. Et c'est sans doute elle qui cause le plus de soucis aux élus et aux équipes d'entretien de la ville de Reims. "C'est assez compliqué de faire se déplacer des agents rémois avec tout le matériel nécessaire à l'entretien à chaque fois qu'il le faut", précise Lorinne Lardin, cheffe du service loisirs enfance jeunesse. 

Pour profiter de ces vacances au bord de l'océan, pas de privilège. Il faut dès le mois de mai s'inscrire en mairie et chaque enfant doit posséder une attestation de natation. "Premier arrivé, premier servi", explique encore Lorinne Lardin. C'est un lieu unique, ici, à l'île de Ré, qui permet aux jeunes marnais de voir une nature incroyable. C'est une chance pour les Rémois de passer des vacances ici et aux écoles de venir apprendre au milieu de cet écrin de verdure qui est magnifique".  

Les quatre hectares qui entourent le domaine sont protégés. La faune et la flore peuvent donc se développer et les deux municipalités, celle de Reims et celle de La Flotte, ambitionnent de mettre en valeur ce patrimoine naturel exceptionnel. "Il y a des endroits où l'on pourrait faire un parcours, explique le maire de la Flotte, et là faire un arboretum avec les noms des essences : noisetier, cyprès de Lambert, pour ainsi comprendre l'environnement."

Des générations de Rémois ont déjà profité de La Grainetière de l'Ile de Ré. Cet été, plus d'une centaine d'enfants rapporteront un peu de l'océan et du sable vendéen dans leurs souvenirs de vacances.