Témoignage. Avant l’ouverture du procès de ses agresseurs présumés, le photographe de L'Union Christian Lantenois s’exprime

Publié le Écrit par Matti Faye et Clément Barbet

Christian Lantenois, photo reporter pour le journal L'Union, avait été très violemment agressé et laissé pour mort lors d'un reportage en février 2021 dans le quartier Croix-Rouge de Reims (Marne). Le procès de ses agresseurs présumés débute lundi 30 septembre devant la cour d'assises des mineurs de la Marne.

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Le 27 février 2021, Christian Lantenois, se trouve dans le quartier Croix-Rouge de Reims, dans la Marne, pour réaliser un reportage sur des affrontements entre bandes rivales.

Très vite, le photographe est repéré aux abords de la médiathèque, alors qu'il est à bord d'une voiture aux couleurs de son employeur, le journal L'Union. Un groupe d'une dizaine de jeunes l’encercle, l'un d'entre d'eux s'acharne violemment sur le journaliste tombé à terre. Christian Lantenois est laissé pour mort, il passera quatre semaines dans le coma.

Trois ans après les faits, le procès de ses agresseurs présumés débute lundi 30 septembre 2024 devant la cour d'assises des mineurs de la Marne. À la veille du début de l'audience, Christian Lantenois a accepté de nous recevoir, aux côtés de son avocat Maître Gérard Chemla et de son épouse.

Au premier abord, les séquelles de l’accident sont quasi imperceptibles. Mais les coups qu’il a reçus au crâne ont profondément modifié ses émotions. "Pour moi, je vais bien. Pour ceux qui m'accompagnent, c'est différent. Je n'ai plus du tout les mêmes réflexes, la même attention", reconnaît Christian Lantenois. Il a perdu de l'audition, de l'odorat. Son permis de conduire a été invalidé.

"Tout a changé"

Il semble comme apathique, tout l’inverse de ce que ces proches ont connu de lui. "On peut pleurer, il a toujours le même visage impassible", confie son épouse Jocelyne. "Avant, il m'aurait prise dans ses bras. Il n'a plus de gestes tendres, c'est ce qui me manque le plus."

"Tout a changé, il y a un avant et un après", ajoute-t-elle. "Avant, tout roulait tout seul. On était un couple. On ne se posait pas de question, tout se faisait tout seul. Maintenant, il faut que je lui dise tout ce qu'il doit faire. Par exemple, prendre sa douche le matin, si je ne lui dis pas, il ne le fait pas."

Lui qui vivait pour son métier ne ressent plus l'envie de faire des photos. "Ça me passe au-dessus de la tête. Quand je vais au stade, je n'ai même pas envie d'aller sur le bord du terrain pour faire des images. Alors qu'avant, c'était ma passion."

"Que justice soit rendue"

L’enquête a permis d’identifier une partie des agresseurs. Deux d’entre eux vont comparaître devant la Cour d’assises des mineurs. Le principal accusé, Anes Saïd Khebbeb, est poursuivi pour violence volontaire ayant entraîné une infirmité permanente. Son avocat, Maître Benoît Cousin nous indique que son client "reconnaît les faits et va tenter de tous les expliquer". "Il va essayer de contribuer à la bonne tenue de l’audience" et "essayer de s’adresser à la victime". "Il espère qu’un dialogue pourra se nouer", assure l'avocat.

"Il encourt les peines de l'homicide volontaire, rappelle Maître Chemla, l'avocat de Christian Lantenois. Donc, on est haut dans l'échelle des peines. Je ne veux pas donner de chiffres. On n'est pas là pour spéculer sur un chiffre, on est là pour que la justice soit rendue et qu'elle soit bien rendue". Le photo reporter, désormais retraité, veut que ses agresseurs "aient une peine correspondant à leurs faits, sans plus."

L’un des accusés étant mineur à l’époque des faits, le procès se déroulera à huis clos sauf décision exceptionnelle. "La question de l'ouverture des portes se posera certainement lundi matin et nous verrons quelle attitude adoptera la cour d'assises", indique Maître Chemla. "On est en face d'un journaliste et il est aberrant qu'un procès aussi important au plan des symboles - qui concerne un journaliste donc quelqu'un qui rend public des choses - se passe de façon non publique."

Le procès devant la cour d'assises des mineurs de la Marne doit durer quatre jours.

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