TEMOIGNAGE. Christian Lantenois, photojournaliste agressé à Reims s'exprime, "je ressens de la colère c'était gratuit"

Le photojournaliste du quotidien "L'Union" agressé à Reims en février 2021 a répondu aux questions de Franceinfo ce 13 juillet. Il s'exprime pour la première fois depuis son agression. Il dit ressentir de la colère vis-à-vis de ses agresseurs. Il rêve de reprendre une vie normale.

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Christian Lantenois, photojournaliste du journal L'Union à Reims prend la parole chez nos confrères de Franceinfo. Agressé le 27 février 2021 dans le quartier Croix-Rouge de Reims, il a passé plusieurs semaines dans un service de réanimation. Aujourd'hui revenu chez lui, il s'exprime sur cette agression. Le photographe de 66 ans a souffert "d'une paralysie faciale droite due à la fracture du rocher de l’oreille" et il affronte jour après jour, un combat difficile pour essayer de récupérer un "minimum de semblant de vie normale....". Il revient sur cette agression et donne des nouvelles sur sa santé toujours fragile. Entre colère et amertume. 

"Ça a bouleversé ma vie, j'ai encore des problèmes de concentration, d'équilibre. J'ai une mémoire immédiate qui va pas bien." Ainsi débute l''entretien que notre confrère photo reporter au journal L'Union a accordé à Franceinfo. Pour ceux qui connaissent Christian, sa voix a changé, mais elle est claire.  "Je fatigue vite, j'ai perdu de l'audition à l'oreille, Heureusement que j'ai ma petite femme qui est là tous les jours"

Depuis sa sortie du coma et de l'hopital, le sexagénaire enchaîne les séances de rééduction : "4 heures par jour, 2 heures le matin, 2 heures l'après-midi, de la marche, de l'effort musculaire, un peu de tout, c'est long, c'est fatiguant. Rester allongé toute la journée dans sa chambre d'hôpital, c'est pas facile. On a envie de bouger au bout d'un moment."

Reprendre le travail

Quatre mois après avoir été agressé lors d'un reportage dans le quartier Croix Rouge de Reims par des voyous qui se battaient, Christian Lantenois envisage de reprendre le travail. Son combat aujourd'hui : "c'est reprendre le travail. Je suis un peu passionné par mon boulot. Il me manque. L'ambiance sur le terrain, que ce soit dans une salle de sport ou que ça soit dans un stade, dans un musée, tout simplement."

Dans cet entretien, il évoque aussi le jour de son agression, le 27 février 2021. Ce jour qui a bouleversé sa vie. Mais il en garde des souvenirs. "Ma collègue qui est venue me voir pour me demander si je voulais bien aller faire un reportage avec elle sur des rivalités entre bandes dans un quartier chaud de Reims, dans le quartier Croix-Rouge, on y est allé. Ils étaient en train de faire le bazar sur un parking, mais là, ils ont tout fracassé, mon matériel, tout est mort, tout est saccagé".

A la question : "Quel sentiment vous éprouvez à l'égard de vos agresseurs ?" La réponse est claire :  "de la colère, surtout que c'était gratuit, complètement gratuit, c'est pour rien. En plus c'est un récidiviste. Ça a fait beaucoup de bruit. Le fait qu'un journaliste se fasse agresser pendant son boulot. On est dans une démocratie : la liberté de la presse est mise à rude épreuve."

Le suspect est un Algérien âgé de 21 ans connu de la justice. Grâce aux clichés pris par les caméras de surveillance et à certains témoignages, Saïd K., 21 ans, a été interpellé. Né en avril 1999, de nationalité algérienne, il a d'abord vécu avec sa famille à Paris, avant d'arriver il y a environ trois ans à Reims dans le quartier Croix du Sud.

Il dispose d’une carte de séjour espagnole, car c'est là qu'il aurait grandi, et il est soupçonné d’avoir porté les coups au visage du journaliste, d’abord avec les poings, ensuite avec son appareil photo. Il est poursuivi pour "tentative de meurtre aggravé par la préparation ou la commission d’un autre délit et participation à un groupement en vue de commettre des faits de violences on de dégradation" et "non assistance à personne en péril" (ainsi que tous les autres individus ayant participé au regroupement pour ces deux derniers chefs d'accusation). Saïd K. encourt la réclusion criminelle à perpétuité et a été placé en détention provisoire.

La première photo

Christian Lantenois pense déjà à la première photo qu'il aimerait reprendre. "Je suis plus spécialisé dans le sport. Il y avait la reprise de l'entraînement du Stade de Reims. C'est une chose que je ne loupe pas d'année en année. Cette année, je l'ai loupée, c'est dommage. J'ai loupé les  derniers matchs du Stade de Reims. J'ai envie que la vie reprenne son cours normal, de ne plus être accaparé par les soins, la rééducation. J'espère que tout reviendra à la normale, que je redevienne l'homme d'avant". 

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