Reims : ce que l'on sait sur l'agression du photographe du quotidien "L'Union" à Croix-Rouge

La garde à vue de l'individu interpellé lundi a été prolongée.

L'émotion est toujours palpable, ce lundi 1er mars, après la violente agression d'un photo-journaliste du quotidien local L'Union dans le quartier Croix-Rouge à Reims. Dans un état "préoccupant mais stable" ce dimanche en fin de matinée, "ses jours sont toujours en danger", précise à France 3 l'adjoint à la sécurité de la ville de Reims Xavier Albertini, Christian Lantenois a été pris en charge par le Samu samedi dans l'après-midi. "Au moment où il a été transféré au CHU, il était inconscient et il a été intubé", a indiqué le préfet de la Marne Pierre N'Gahane. Il a été "retrouvé en grande détresse, à côté de sa voiture, à proximité de la médiathèque Croix-Rouge", précise l'Union.

France 3 Champagne-Ardenne fait le point sur les faits qui se sont déroulés depuis samedi.

Un individu placé en garde à vue à Reims ce lundi

Un individu a été interpellé à Reims ce lundi. "Un individu, majeur, a été interpellé en fin d’après midi par les services de police du commissariat de Reims et placé en garde à vue pour tentative de meurtre aggravé", a indiqué le procureur de la république Matthieu Bourrette dans un communiqué de presse. Sa garde à vue a été prolongée mardi.

Plu tôt dans la journée de lundi, la police nationale a lancé un appel à témoins sur les réseaux sociaux. De son côté, le journal l'Union a indiqué avoir déposé deux plaintes ce lundi. L'une "pour les faits de tentative de meurtre" et la seconde "pour atteinte à la liberté de la presse et destruction de bien privé", "en l’occurrence l’appareil photo de notre collègue", précise le journal.

Une enquête est ouverte pour "tentative de meurtre"

Samedi en début de soirée, le procureur de la république Matthieu Bourrette a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire pour "tentative de meurtre aggravé". 

Pour l'heure, on ne sait pas combien de personnes sont impliquées dans cette agression. Interrogé par France 3, l'adjoint au maire de Reims à la sécurité a souligné dimanche : "Une enquête a été ouverte pour meurtre, ce qui veut dire que c'est particulièrement grave."

Le photographe était présent dans le cadre de son travail

Le journaliste s'est rendu dans le quartier Croix-Rouge à Reims dans le cadre de son travail, précise le quotidien, qui détaille longuement les circonstances de la venue du photographe et d'une journaliste de permanence, en charge des faits divers (elle n'a subi aucune agression). A 14h30, cette dernière reçoit un message mentionnant des "très fortes tensions dans le quartier".

Une information corroborée par Xavier Albertini. "Les caméras de vidéo protection de la ville de Reims ont remarqué un rassemblement d'environ une trentaine d'individus", précise-t-il à France 3, qui précise que "des rixes" et "des affrontements" ont lieu depuis le début de la semaine. "Des équipages de police nationale et municipale se sont rendu sur place pour séparer les belligérants, poursuit l'élu. Il y avait également la suspicion d'un tir sur un individu qui s'est avéré être une fausse information."

Quand la journaliste de l'Union décide de se rendre sur place, Christian Lantenois lui propose de l'accompagner. Ils choisissent alors d'aller sur les lieux dans deux voitures séparées. Elle préfère une voiture banalisée et lui en choisit une autre aux couleurs du journal. "Sur place, les deux reporters sont restés à distance l’un de l’autre, toujours dans un souci de discrétion. Ce qui s’est ensuite passé est très difficile à savoir, d’autant qu’il reste encore de nombreuses zones d’ombre et que l’enquête était loin d’être bouclée, samedi soir", peut-on lire dans le quotidien.

L'agression a eu lieu à Croix-Rouge, un "quartier sensible"

Croix-Rouge est ce qu'on appelle "une zone de sécurité prioritaire", où vivent 25.000 habitants. "Le quartier reste un quartier sensible. Il y a un an, juste avant le confinement, il y a eu deux séries d'affrontements entre les jeunes de ce quartier et d'un autre quartier. Redoutant ce type de problème, les policiers occupaient l'espace", a précisé le préfet de la Marne samedi soir.

Dans son éditorial ce dimanche, les deux rédactrices en chef du quotidien font directement mention du contexte difficile dans le quartier : "Renoncer à ce reportage, c’était nier que la violence est une réalité que vivent 25.000 habitants de ce quartier. Renoncer à ce reportage, c’était fermer les yeux, abandonner un pan de territoire et ceux qui y vivent. Renoncer, c’était trahir la réalité, et faire tomber définitivement dans l’oubli le quotidien de milliers de citoyens."

La victime est Christian Lantenois, photographe à l'Union depuis 1993

Le photojournaliste né en 1955 a débuté sa carrière dans les années 1980. C'est en 1993 qu'il est finalement embauché dans la rédaction de l'Union, détaille Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une série de tweets.

Il était également habitué des terrains de sport, comme l'ont signalé plusieurs clubs de la région. "Fidèle et emblématique photographe d’Auguste Delaune", a réagi le Stade de Reims sur Twitter. Même émotion de la part du Châlons-Champagne-Reims Basket : "Nous apportons tout notre soutien à Christian Lantenois qui couvre les matchs du club pour l'Union depuis de nombreuses années en grand professionnel."

De multiples réactions de la classe politique

Une agression qui a vivement fait réagir la classe politique, jusqu'au sommet de l'Etat. Dimanche, l'Elysée a demandé à ce que les auteurs de l'agression du photo-reporter grièvement blessé à Reims soient "interpellés au plus vite". "L'Elysée a appelé la rédaction de l'Union, suite à l'agression hier à Reims d'un photographe de la rédaction, pour exprimer son émotion et sa sympathie, et son souhait de voir les auteurs de l'agression interpellés au plus vite", a indiqué la présidence à l'AFP.

Le maire de Reims a immédiatement réagi samedi soir, tout comme le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui a fait part de sa solidarité "avec toute la profession", tout comme la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, qui a partagé "son soutien sans faille" au photographe et à ses proches. Le président du Sénat Gérard Larcher a également dénoncé la "lâche agression" dont a été victime Christian Lantenois.

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