La crise du coronavirus, le confinement, les cours à distance... La jeunesse gardera un souvenir particulier de cette période très particulière. France 3 Champagne-Ardenne a voulu lui donner la parole.
"Le Gouvernement a pris des dispositions fermes pour freiner la propagation du virus. Les crèches, les écoles, les collèges, les lycées, les universités sont fermés depuis ce jour." En deux phrases, prononcées dans son discours du lundi 16 mars 2020, Emmanuel Macron a contraint 17 millions de jeunes à faire "la guerre" au coronavirus (Covid-19)... en restant à la maison.
On connaît la suite : les attestations, la fermeture des commerces jugés non-essentiels, les débuts difficiles des cours en distanciel, la fracture numérique, les difficultés économiques, la pression psychologique... On a entendu beaucoup de monde : les personnes âgées, les restaurateurs et restauratrices, les parents en télétravail/aide aux devoirs, les étudiantes et étudiants, la communauté scolaire...
Ce dimanche 31 janvier 2021, après un deuxième confinement et - qui sait - peut-être avant un troisième, France 3 Champagne Ardenne a donné la parole à des jeunes de Reims (Marne). Il s'agit de deux collégiennes de cinquième, Lilya et Aurélia, et d'un lycéen en seconde, Hector.
Des cours durs à suivre pour Lilya
"Je ne pensais pas que le covid allait prendre autant d'ampleur, que le président allait nous confiner un jour. Pour certaines personnes, c'était un moyen de se reconcentrer sur son travail... mais moi, ça a été tout le contraire. Ma moyenne générale, 16, a énormément baissé car le fait de rester enfermée toute la journée à la maison m'a rendue triste. Je ne prenais pas au sérieux les cours en visio, je n'avais pas le matériel informatique adapté, je rendais du travail non-fait... Mais heureusement, à la fin du confinement, je me suis reprise en main. J'ai réussi à m'en sortir, être très sérieuse en cours, et j'ai maintenant 17 de moyenne."
Rester enfermée toute la journée à la maison m'a rendue triste. Je ne prenais pas au sérieux les cours en visio
"Je n'ai pas pu voir mes amies pendant le confinement, mais on s'appelait très souvent... ça faisait beaucoup d'heures, les filles et leurs copines peuvent parler des heures au téléphone. Pendant ce confinement, j'ai pu passer du temps avec mon frère, le voir grandir. Il avait 1 an : je lui lisais des livres, je l'habillais... J'ai aussi fait de la fimo [une pâte polymère pour faire des bijoux ou figurines pleines de couleur; ndlr] pour m'occuper."
"Je fais aussi de la danse depuis mes 4 ans. J'aimerais bien passer les sélections pour aller au conservatoire. Mais j'ignore quand je pourrai le faire : je ne peux plus faire de danse car le cours commençait à 18 heures..."
"La rentrée s'est bien passée, on était joyeux de pouvoir retourner en cours. Ça m'a fait bizarre de voir tout le monde avec des masques, mais ce n'est pas trop dur de le porter... J'ai pu revoir mes amies, et m'en faire d'autres. Je suis très optimiste pour l'avenir : j'essaye de me dire qu'on va un jour pouvoir ressortir sans masque."
Aurélia a pu s'occuper de sa jeune chienne
"J'ai entendu parler du coronavirus par mes parents, un peu avant le premier confinement. J'ai vu que c'était grave à partir du moment où j'ai vu à la télé qu'il y avait énormément de morts par jour. J'étais dans ma chambre, en train de téléphoner à des amies, quand le président a commencé à parler. Mes parents m'ont appelée pour venir dans le salon, et à ce moment-là, il annonçait qu'on serait confiné. Je n'y croyais pas trop au début, je me disais que ce n'était pas possible."
"Le confinement, je l'ai personnellement très bien vécu. J'ai pu me concentrer sur mes cours, mes leçons, mes exercices... Je sais qu'il y a des personnes qui l'ont très mal supporté : elles étaient par exemple en manque de sortie... Mais je n'ai pas eu l'impression de renfermement parce que j'ai ma chienne et je pouvais donc quand même sortir de chez moi pour la promener. Elle s'appelle Ruby, c'est un berger américain miniature. Aujourd'hui, elle a 7 mois. Ce dont je me souviendrai du confinement, c'est d'avoir pu voir ma chienne grandir."
"Le problème a plutôt été le sport. Je pratiquais la gymnastique rythmique, et je n'ai malheureusement pas pu en faire... Je me suis assez bien occupée : je ne m'ennuie pas du tout parce que j'ai toujours des activités à faire [par exemple le dessin en tête d'article; ndlr] ou des tâches ménagères à accomplir.
"La rentrée s'est bien passée, mais le problème, c'est que vu que je ne connais pas bien les profs, je ne voyais pas leurs visages à cause du masque. Et ça me stressait un peu. C'était bizarre juste au début, mais maintenant, je m'y suis habituée."
Forcément, je préférais avant... mais cela aurait pu être pire, quand même.
"Je n'ai pas perdu contact avec mes amies puisqu'on faisait beaucoup de Facetime et d'appels. Maintenant, je les vois aussi en cours, donc ça me suffit. Forcément, je préférais avant... mais cela aurait pu être pire, quand même. Quand tout ça sera fini, j'aimerais faire une soirée pyjama avec mes amies."
Internet au secours de Hector
"Je suis l'actualité tous les jours. Dès janvier, j'en ai entendu parler. Au début, c'était pris comme une blague sur les réseaux sociaux. Comme pour l'affrontement entre États-Unis et Iran : les gens plaisantaient en disant se préparer à aller au front pour la Troisième Guerre mondiale. Moi, j'ai tout de suite compris que c'était assez grave, parce que c'est apparu en Chine, un pays pas connu pour sa douceur et sa souplesse. On a beaucoup entendu parler de leurs confinements. Ils ont carrément mis une ville sous une bulle. S'ils mettaient ces moyens, c'est que c'était pas qu'un rhume..."
"Le confinement, au début, comme beaucoup d'élèves, je me suis dit : Yes, ça va faire des vacances en plus : on rentrait de celles de février... On aura du travail plus souple... Au final, j'ai passé une grande partie de mon confinement à travailler. Mais au bout d'un moment, je me suis mis à décrocher. J'en paye encore un peu les pots cassés actuellement... On perdait nos repères avec cette nouvelle très grande autonomie, on n'avait plus la routine de se lever, s'habiller, déjeuner, prendre le tram, avoir des professeurs en face pour nous faire travailler..."
Au bout d'un moment, je me suis mis à décrocher. Je perdais mes repères.
"J'ai vécu de mars à juin comme ça. Et après, ça a été beaucoup plus compliqué : la notion de travail a été énormément remise en question. Ce n'était pas obligatoire de retourner finir le programme à la reprise, mais mes parents avaient vu qu'avec la fin de mes loisirs - judo et musique - il fallait que je reprenne un rythme. Puis la rentrée au lycée s'est faite, avec les normes sanitaires... mais être assis à 30 dans une classe en respectant les distanciations sociales, c'était bien compliqué au début. Il y avait une certaine anxiété au début, mais on s'est dit ensuite qu'on était déjà bien avancé dans l'épidémie... Et on a donc fait une bonne rentrée, avec un bon moral et de bons résultats."
"Cette crise aura amené du bien et du mal. On est une génération qui peut communiquer énormément à distance. Avec mes amis, on a continué à parler et jouer à distance, via Discord par exemple. Ça a été vivable : je pense qu'à une autre époque, ça aurait été beaucoup plus compliqué. Mais on a le moral qui a beaucoup pris : on ne savait pas quand notre vie normale allait pouvoir reprendre [avant le premier déconfinement; ndlr], il y avait une lassitude car on n'avait plus la liberté de faire ce qu'on voulait. Il m'arrivait de ne plus savoir quel jour on était."
"Mais on manquait de contacts réels... de pouvoir faire l'ado, agir sans réelle limite. Des câlins ou s'embrasser quand on a une copine ou un copain, c'était un peu compliqué. On est à un âge où c'est une grande part du couple. C'est là où on découvre notre sexualité, notre corps, le corps de l'autre. Donc ça a beaucoup cassé ça. D'un autre côté, ça nous a appris à beaucoup plus découvrir leur personnalité, à mieux connaître leur mental. On s'est beaucoup plus poussé vers le haut."
"Et côté famille, Noël cette année, ça a été plus dur. On le fête tous ensemble, normalement, c'est important la famille. On a donc fait un roulement sur plusieurs week-ends pour ne pas se retrouver à trente dans la même maison..."
"Il va nous falloir du temps pour revenir à la situation d'avant. Je ne sais pas si on pourra totalement absorber le coup du covid avec tout ce qui va fermer. Et écologiquement, même si on a de plus en plus de voix et d'idées, je pense qu'on aura un avenir compliqué. Plus l'Homme va consommer, et plus il prendra d'espace. Et plus il sera en contact avec des espèces, ce qui pourra amener à d'autres pandémies futures. Ça peut clairement arriver, et je n'ai pas envie de subir à nouveau des confinements et mettre six mois à chaque fois pour me reconstruire et me remettre à travailler correctement."
"Ce qui m'aura le plus marqué, c'est comment l'humain a réussi à changer. Le contact est resté avec les amis : on s'est toujours envoyé la même affection mais par des moyens différents. Sur Internet, il y a eu énormément de Youtubeurs ou d'influenceurs qui ont changé leur façon de produire du contenu. En France, tout ça a été dur, mais en même temps, mais c'était une belle épreuve à passer, on en a tiré plein de souvenirs, plein de mèmes [images humoristiques; ndlr] sur Internet... On a réussi à créer pour passer au-dessus de ça."
La perte de repères due au confinement illustrée dans un Gif amusant...
La crise du coronavirus aura fait mûrir le projet professionnel de Hector, l'aura conforté. Plus tard, il fera médecine. Pour pouvoir aider les autres dans les problèmes de santé de la vie de tous les jours, les soigner. "Car porter secours, c'est quelque chose de génial." Surtout par les temps actuels.