Entièrement restaurées, trois tapisseries représentant la vie de l'évêque ont été réinstallées dans un nouvel écrin au musée Saint-Remi de Reims. L'une d'entre elles illustre le baptême de Clovis.
Dans une salle plongée dans la pénombre au premier étage du musée Saint-Remi de Reims (Marne), les trois tapisseries font face au visiteur. Trois œuvres imposantes, en forme de carré de 5 mètres sur 5, mises en valeur par un éclairage spécialement repensé dans le cadre de leur réinstallation.
Il s'agit de la première étape du retour de cette collection de "La vie de saint Remi" au sein du musée. Commandées par Robert de Lenoncourt, archevêque de Reims, au début du XVIe siècle, les dix tapisseries ont tour à tour occupé le chœur de la basilique, puis l'abbaye devenue musée au XXe siècle.
Cet ensemble exceptionnel est classé aux Monuments historiques depuis 1896. Il retrouve donc une place de choix.
Une restauration délicate
Avant cela, une année de restauration a été nécessaire dans les ateliers de la Manufacture royale De Wit à Malines en Belgique. Un établissement réputé dans le monde entier pour son savoir-faire dans le domaine de la tapisserie de haute-lisse. Il a par exemple participé à la restauration de la tapisserie de la Dame à la licorne du musée de Cluny à Paris. Une campagne délicate de dépoussiérage et de nettoyage très poussée a donc eu lieu.
"C'est le plus important de chantier de restauration de tapisserie actuellement en France, explique Pierre Maes, qui dirige la manufacture. Après le nettoyage, nous avons aussi posé une doublure en lin. C'était une opération très délicate car la tapisserie est faite de laine et de soie, des matières fragiles. Il a donc fallu faire preuve d'une patience extrême pour nettoyer les poussières, puis consolider les différents éléments de l'œuvre".
Les tapisseries comportent des scènes retraçant la vie de saint Remi, cet évêque de Reims connu pour avoir baptisé Clovis, premier roi des Francs, en 496. Un baptême qui est d'ailleurs précisément illustré sur l'une des tentures. "Notre ville jouit d'un passé d'une grande richesse, elle doit faire vivre cet héritage qui est un gage pour l'avenir", a déclaré le maire de Reims (Horizons) Arnaud Robinet, lors de la présentation de ces œuvres ce 14 septembre.
Un éclairage repensé
Une opération de restauration dont le coût s'élève à 350 000 euros, financé en partie par une campagne de mécénat qui a rapporté 210 000 euros grâce à des dons d'entreprises, de fondations et de particuliers. À cet investissement s'ajoutent les travaux nécessaires au sein de la salle dite des tapisseries du musée Saint-Remi afin de valoriser cet ensemble, pour un montant de près de 380 000 euros. Il a fallu notamment prévoir un éclairage spécial de 50 lux afin d'admirer les œuvres tout en les préservant de la lumière.
Pour le moment, seules trois tapisseries ont été installées mais pour compléter l'espace, d'autres œuvres, fruits de l'imagination de l'artiste rémoise Laura Ozymko, leur font face de manière temporaire. La restauration des sept autres tapisseries va se poursuivre jusqu'en 2025, mais dès ce week-end lors des Journées du Patrimoine, les 16 et 17 septembre, les visiteurs pourront donc admirer ces chefs-d’œuvre de l'histoire de Reims.