Suite au renvoi de Mathias Vicherat et de son épouse devant le tribunal correctionnel dans une affaire de violences conjugales, le directeur de Sciences Po Paris a annoncé sa démission. Une demande de longue date de la part des étudiants, notamment rémois, qui s'étaient mobilisés et avaient accentué la pression depuis le début d’année.
Dans les sept campus de Sciences Po, 24 blocages ont été organisés par des étudiants depuis le début de l’année 2024, dont 5 à Reims. Le premier - le 29 janvier, s’est tenu au retour de Mathias Vicherat à la tête de l’Institut d’études politiques, après six semaines de retrait provisoire suite à la médiatisation d’une affaire de violences conjugales.
Depuis, les actions n’ont pas cessé pour demander le départ du haut fonctionnaire de 45 ans en poste depuis novembre 2021. Ce mercredi 13 mars, il a annoncé sa démission dans un mail envoyé ce matin, dans lequel il explique avoir appris qu’en conclusion de l’enquête, son ex-compagne et lui-même étaient renvoyés devant le tribunal correctionnel.
Renvoyé devant le tribunal correctionnel
Après avoir rappelé qu’aucune plainte, de part et d’autre, n’a été déposée, Mathias Vicherat a tenu à rappeler qu’il “conteste toujours” les accusations de violences : “En tant que directeur de Sciences Po, c’est moins ma personne que l’institution qui m’importe, c’est pourquoi j’ai décidé, afin de la préserver, de démissionner de mes fonctions”, a-t-il écrit.
Une nouvelle accueillie avec soulagement par une étudiante rémoise qui dit “s’autoriser la célébration” face à cette "étape charnière", notamment suite à la mobilisation inter-campus qui a permis de montrer que Sciences Po “n’allait pas pouvoir fonctionner avec lui à sa tête”. Elle complète toutefois, soucieuse de rester sur ses gardes :
C’est une première étape d’un plus long chemin. Mathias Vicherat ne paralyse plus Sciences Po mais il ne faudrait pas lui faire porter l’ensemble des problématiques de violences sexistes et sexuelles et les évacuer avec lui. On avait alerté sur la mauvaise gestion bien avant.
Étudiante à Sciences Po Reims
Vigilance de mise
D’autant que cette affaire est selon l’étudiante le symptôme de problématiques plus larges qui prennent leur source dans un “souci de gouvernance et de représentation”. La vigilance est donc de mise concernant la future gouvernance de l’IEP parisien, après la direction provisoire.
“On n’a pas envie qu’il y ait un Vicherat ou un Frédéric 2.0”, prévient Elsa en référence à Frédéric Mion, contraint de démissionner en février 2021 pour avoir dissimulé les soupçons d’inceste visant le politologue Olivier Duhamel.
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Fruit du destin ou hasard du calendrier, l’annonce de la démission a eu lieu alors que se tenait à Sciences Po Paris un séminaire de travail sur le dispositif de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Lors de la toute première réunion, en décembre dernier, Mathias Vicherat, avait été absent car placé en garde à vue.
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Désormais, *Elsa tient à souligner qu’il reste du travail : sur les délais de prise en charge des VSS trop longs, parfois jusqu’à 11 mois, le manque de transparence et de formation, la déconnexion de la réalité du terrain, la mauvaise intégration des étudiants non-francophones…
Un nouveau séminaire est prévu dans les prochaines semaines avec des ateliers, tandis qu’à Reims, une rencontre avec le relais VSS et la direction devrait être organisée, “pour que ce qui se dit à Paris ne se perde pas entre le Powerpoint et le terrain.”