La mère de Vincent Lambert appelle à un rassemblement dimanche devant l'hôpital de Reims où se trouve son fils, tétraplégique en état végétatif depuis 10 ans, afin de tenter d'empêcher l'arrêt programmé des traitements annoncé par le médecin à la famille.
"Ce dimanche 19 mai, je serai dès 15h00 devant l'hôpital de Reims pour les supplier de continuer à hydrater et nourrir Vincent. En France, en 2019, personne ne devrait mourir de faim et de soif. Si vous le souhaitez, vous pouvez m'accompagner", écrit Viviane Lambert sur le site "Je soutiens Vincent". "Il faut garder espoir jusqu'au bout et expliquer à tout le monde que Vincent n'est pas en fin de vie, il est handicapé ! Rien n'est perdu, le comité des personnes handicapées de l'ONU a demandé à la France de continuer à hydrater et alimenter Vincent", ajoute-t-elle. "Il faut que la France respecte la convention qu'elle a signée, elle doit le faire pour Vincent mais aussi pour tous les autres handicapés".
Le médecin traitant de Vincent Lambert a annoncé vendredi à la famille l'interruption des traitements, à partir du 20 mai, de cet ancien infirmier psychiatrique en état végétatif au CHU de Reims. Le 24 avril, le Conseil d'Etat avait jugé conforme à la loi la décision collégiale d'arrêt des soins, prise le 9 avril 2018 par le CHU de Reims pour faire cesser un "acharnement thérapeutique" mais contestée par une partie de la famille.
Suite à cette décision, les parents de Vincent Lambert, catholiques farouchement opposés à l'euthanasie passive, ont déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et le Comité international de protection des droits des personnes handicapées de l'ONU (CIDPH). La CEDH a rejeté cette requête, mais le CIDPH a demandé à la France de suspendre toute décision d'arrêt des soins, dans l'attente d'une instruction sur le fond.
Le défenseur des droits saisi
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn a indiqué que la France répondrait à la demande du comité mais qu'elle n'était pas tenue, légalement, de la respecter. Lundi, le président élu de la Conférence des évêques de France (CEF) a fait part lundi de ses réserves sur toute "décision humaine" dans cette affaire. "Face à de telles situations, aucune décision humaine ne peut être assurée d'être parfaite, ni même d'être la meilleure", a indiqué dans un communiqué Eric de Moulins-Beaufort, par ailleurs archevêque de la ville de Reims."Une société doit savoir faire confiance au corps médical et respecter la décision collégiale des médecins engageant leur responsabilité professionnelle et humaine ; les médecins, de leur côté, doivent accepter de prendre en compte les avis des proches et de nourrir leurs décisions d'une réflexion éthique". Le futur président des évêques de France met toutefois clairement en garde contre toute intervention humaine dans ce dossier, devenu emblématique du débat épineux sur la fin de vie en France. "C'est l'honneur d'une société humaine que de ne pas laisser un de ses membres mourir de faim ou de soif et même de tout faire pour maintenir jusqu'au bout la prise en charge adaptée".
Les avocats des parents de Vincent Lambert, devenu le symbole du débat sur la fin de vie en France, ont également saisi lundi le Défenseur des droits pour faire appliquer les mesures provisoires demandées par le CIDPH.