L'affaire Vincent Lambert pourrait connaître un tournant important. Un médecin du CHU de Reims a annoncé aux parents ce samedi 11 mai 2019, l'arrêt des soins dans la semaine du 20 mai.
Faut-il y voir la mort annoncée de Vincent Lambert d'ici quelques jours? La question est posée ce samedi 11 mai 2019, à la suite d'une annonce faite par le docteur Sanchez du CHU de Reims à nos confrères de l'AFP. Ce médecin en charge du patient Vincent Lambert a annoncé l'arrêt des soins prodigués à cet homme de 42 ans tétraplégique, en état végétatif depuis dix ans. Cette décision serait appliquée dans la semaine du 20 mai.
Cela fait suite à un énième chapitre survenu fin avril 2019. La Cour européenne des droits de l'Homme avait rejeté le mardi 30 avril, la requête des parents de Vincent Lambert contre l'arrêt du Conseil d'Etat qui avait validé la décision d'arrêter les soins de leur fils. En clair, le corps médical a pris sa décision, même s'il leur est interdit de réaliser "tout acte positif en vue de la mort de Vincent Lambert", comme le dispose la loi Léonetti.
Demande d'un comité de l'ONU
Il y a quelques jours, le 4 mai, le Comité international des droits des personnes handicapées de l'ONU (CIDPH) a demandé à la France de suspendre toute décision d'arrêt des soins de Vincent Lambert, dans l'attente d'une instruction sur le fond. Mais la ministre de la santé Agnès Buzyn avait déclaré que cette demande ne constituait en aucun cas une obligation pour l'Etat français. Gérard Chemla, l'avocat de François Lambert – un neveu de Vincent Lambert qui dénonce un acharnement thérapeutique –, avait déploré de son côté une demande "épouvantable". "Ce comité Théodule vient rejuger" une nouvelle fois cette affaire, "et au nom des droits de l'homme, bafoue les droits d'un homme qui souffre gratuitement depuis des années". Ce samedi, il ne souhaite pas réagir de manière officielle. De même que son client.
Plusieurs questions sont posées à la suite de cette annonce. Contacté par notre rédaction, l'avocat des parents de Vincent, favorables au maitien des soins, prévient : "Nous ne laisserons pas faire le docteur Sanchez. Nous allons engager des actions judiciaires pour faire respecter les actions provisoires de l'ONU." Et Jérôme Triomphe de questionner : "Alors que les experts judiciaires avaient déclaré que Vincent n'était pas dans une situation déraisonnable, quelle est la subite urgence qui vise à l'euthanasier ?"
La réaction des parents de Vincent Lambert a été publiée sur un site de soutien. Dans ce communiqué, il est indiqué que "si cette décision était exécutée, Vincent Lambert mourrait en quelques jours, entouré probablement de forces de l’ordre en nombre, et le docteur Sanchez pourrait remettre à Viviane Lambert un fils mort pour la fête des mères le 26 mai prochain. C’est au mépris des mesures provisoires ordonnées par l’ONU le 3 mai 2019 au profit de Vincent Lambert, handicapé, vulnérable et sans défense, que le docteur Sanchez a décidé qu’il mourrait dans le couloir de la mort dans lequel il est enfermé à clés depuis des années".
L'épouse de Vincent, Rachel Lambert ne s'est pas exprimée à cette heure. Reste aussi à connaître la réaction des militants qui soutiennent l'une ou l'autre position vis-à-vis de la situation du patient dont la situation a été médiatisée, et devenue emblématique du débat sur la fin de vie. En juillet 2015, des manifestations avaient eu lieu devant le CHU de Reims.