Mandatés par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, les trois experts confirment que Vincent Lambert est dans un "état végétatif chronique irréversible". Une conclusion qui pourrait faire basculer la bataille judiciaire autour d'un éventuel arrêt des soins.
Cela fait 10 ans que Vincent Lambert est allongé sur un lit d'hôpital. Après un accident de voiture survenu en 2008, l'homme de 42 ans est bel et bien dans "un état végétatif chronique irréversible", écrivent ces trois experts dans leur rapport datant du 18 novembre.
Ce collège de trois experts, nommés par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne, était chargé de se prononcer sur l'état de Vincent Lambert et de son évolution depuis 2014, date de la dernière expertise. Une étape obligatoire avant l'éventuel déclenchement d'une procédure d'arrêt des soins, demandée depuis le 9 avril par le CHU de Reims où le patient est hospitalisé.
Guerre des tranchées dans la famille de Vincent Lambert
Au cœur de ce drame familial se joue une guerre de tranchées entre les proches de Vincent Lambert, chacun restant campé sur ses positions depuis la première tentative, avortée, d'arrêt des soins, en 2013. D'un côté, la femme de Vincent Lambert, son neveu et plusieurs de ses frères et sœurs sont favorables à l'arrêt des traitements et se battent pour selon eux, faire respecter la volonté de Vincent. De l'autre, ses parents, un frère et une sœur y sont fermement opposés.Selon ces derniers, Vincent Lambert avait "fait des progrès" depuis la dernière expertise. Un avis non partagé par les trois experts. Ils notent dans leur rapport que "la limitation extrême ou totale de ses capacités d'accès à la conscience, de communication, de motricité, d'expression de sa personnalité, l'altération irréversible de son image lui portent atteinte à un point qui n'est pas acceptable par lui-même et par son épouse et tutrice".
"Ce n'est pas une surprise qu'il n'aille pas mieux, le débat ne porte pas sur son état médical, il n'y a pas de doute là-dessus" explique de son côté François Lambert, son neveu, favorable à l'arrêt des soins.
Des propos nuancés par le rapport
Cependant, les experts expliquent dans leur rapport que la prise en charge de Vincent Lambert à travers ses "besoins fondamentaux primaires ne relève pas de l'acharnement thérapeutique ou d'une obstination déraisonnable". Point fondamental de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie.De plus, les experts estiment que la condition médicale de Vincent Lambert "n'appelle aucune mesure d'urgence" et "il existe en France des structures pouvant l'accueillir jusqu'à sa disparition si le maintien au CHU de Reims s'avérait impossible pour des raisons autres que relevant de la simple technique médicale".
Me Jean Paillot, l'un des avocats des parents du patient, affirme "rejoindre l'avis des experts quant à la nécessité de transférer Vincent dans un établissement spécialisé (pour qu'il) accède aux meilleurs soins." Une requête déjà rejetée par la justice.
Un rapport de plus donc, qui pourrait accélérer la bataille judiciaire concernant Vincent Lambert.
