Vous êtes nombreux à avoir réagi à notre article à propos de la venue du loup à la médiathèque de Vitry-le-François. Nous avons demandé son avis à Rodolphe Gaziello, président de la première association de défense du loup.
"C'est une faute de bonne foi", concède Rodolphe Gaziello, président de la première association de défense du loup. Le 13 février dernier, la médiathèque Albert Camus de Vitry-le-François organisait une rencontre avec un vrai loup et un conteur. Le but était alors de montrer aux jeunes et aux moins jeunes que la bête est loin d'être l'animal féroce des contes pour enfants. Seulement, l'image du loup tenu en laisse a beaucoup ému les internautes, récalcitrant à l'idée de voir un "animal enchaîné".Après "une petite centaine" de sollicitations (commentaires sur les réseaux sociaux), le spécialiste a contacté la directrice de la médiathèque, Lucile Repessé. "Nous avons eu un échange long et très constructif. Elle pensait bien faire, l'intention était vraiment bonne", explique-t-il. De son côté, la directrice de la médiathèque regrette :
Vous êtes nombreux à avoir réagi en commentaire sur notre page Facebook :Nous avons invité les personnes qui critiquaient l'initiative à rencontrer les organisateurs, mais personne n'est venu. Nous étions assez déçus.
Selon Rodolphe Gaziello, le loup a subi une "maltraitance psychologique". L'initiative est comparable aux animaux de cirque, qui sont "exposés dans des pièces bruyantes, trop éclairées, qui créent du stress pour les loups."
"Un débat comme celui de l'œuf ou la poule"
Mais une rencontre directe avec un loup ne sert-elle pas à mieux transmettre le message ? A cette question, le président de l'association répond : "C'est un débat similaire à celui de l'œuf ou la poule. D'un côté, cela montre qu'il est un animal comme les autres, mais de l'autre, ça ne sert à rien de le faire souffrir." Car selon lui, le loup est un animal craintif, contrairement à l'ours, qui n'a pas la peur naturelle de l'homme. Et d'ajouter :Après quelques secondes de réflexion, il finit par se dire que même les arguments qui défendent la présence du loup ne tiennent pas la route :Quand on raconte l'histoire de Babar, on ne vient pas avec un éléphant. Ni avec une porcherie quand il s'agit de Pepa Pig.
Rodolphe Gaziello intervient dans les écoles depuis une vingtaine d'années pour présenter le loup aux plus jeunes. "Ils sont captivés. Je viens avec des cartes postales, des photos, ils ne lâchent pas du tout."Les gens sont dans l'émotion. Ils focalisent sur le loup et sont moins attentifs à ce que vous racontez. Vous pourriez énoncer la recette d'un clafouti aux pruneaux, qu'ils ne s'en rendraient pas compte. Ça apporte du superficiel.
D'ailleurs, il a proposé à Lucile Repessé ses services. "Cela fait partie de nos actions. Nous organisons des conférences sur le thème et nous ne facturons pas les frais de transport." De quoi calmer les esprits, sans crier au loup.