Sur les 21 députés sortants des quatre départements lorrains, les élus RN se placent tous en tête à l'issue de ce premier tour. Les autres députés arrivent systématiquement en deuxième ou troisième position. Seules exceptions : les Vosges et la 5ᵉ circonscription de Meurthe-et-Moselle.
Pas de prime au sortant dans ces législatives anticipées, la plupart des députés élus en 2022 qui n'affichaient pas l'étiquette RN ont été sanctionnés dans les urnes dès le premier tour, y compris s'ils étaient bien implantés.
La dynamique politique l'emporte sur l'implantation locale
François Laval, politologue
Parmi ces députés ancrés sur leur territoire, on trouve par exemple Thibault Bazin en lice sous l'étiquette divers droite pour cette élection dans la 4ᵉ circonscription de Meurthe-et-Moselle. En 2022, le candidat l'avait largement emporté au deuxième tour face à Dominique Bilde pour le RN avec 62,17% des voix.
"Sans enracinement local, la vague a tout balayé et certains n'ont pas résisté du tout, si je suis toujours en lice, c'est grâce à mon ancrage local justement. En deux semaines de campagne, je n'ai pas pu aller partout pour convaincre mais à Richardménil par exemple où je suis allé faire du porte-à-porte, j'ai gagné des voix par rapport à il y a deux ans. Ce qui a joué contre moi, c'est cette campagne à forte portée nationale avec des concurrents qui n'affichent même pas leurs visages sur leurs affiches".
Invitée en plateau dimanche soir, la candidate RN Dominique Bilde ne s'est pas gênée pour railler son concurrent : "Il est gentil mais il n'a pas fait grand-chose dans la circonscription" a-t-elle asséné.
Des propos qui ont fait réagir Thibault Bazin : "c'est profondément injuste et j'ai été profondément blessé au regard de tout le travail engagé sur le terrain pour les gens, si j'avais été présent, j'aurais pu lui demander ce qu'elle avait fait elle en tant que députée européenne".
Dans cette circonscription, la candidate écologiste qualifiée pour le second tour s'est désistée en faveur de Thibault Bazin. "Ça n'est pas la première fois que je suis en deuxième position et ça n'est pas la première fois que je suis opposé à Dominique Bilde, je vais continuer à mener une campagne positive", conclut le député sortant.
L'implantation locale ne semble donc pas avoir influencé le vote des électeurs, ce que confirme le politologue François Laval :
"La dynamique politique l'emporte sur l'implantation locale, vous ne pouvez pas arrêter le TGV. Le RN est sur les rails à bord d'un train à grande vitesse, les autres sont dans le TER, c'est pour ça que les élus ancrés dans leur territoire n'ont pas résisté à cette vague".
Pas de prime au sortant non plus pour David Valence pour Ensemble dans la 2ᵉ circonscription des Vosges, qui accuse 18 points de retard sur le RN Gaëtan Dussausaye, idem pour les députés Renaissance réélus en 2022 à Metz 1 et 2, Belkir Belhaddad et Ludovic Mendès.
Côté LR, les députés de Moselle Fabien Di Flippo et Vincent Seitlinger ne virent pas non plus en tête au premier tour. Même cas de figure pour Jean-Jacques Gaultier, un élu LR très implanté dans sa circonscription, la 4ᵉ des Vosges, lui aussi largement devancé par le candidat RN Sébastien Humbert.
Et que dire de Bertrand Pancher, député depuis 2007, président du groupe LIOT à l'Assemblée nationale en ballottage défavorable face à l'ingénieur spécialiste du nucléaire, le candidat Maxime Amblart.
Élections #legislatives2024 : je ne crois pas au #parachutage, je ne crois pas à des personnes venues de nulle part, et je pense qu'il nous faut des élus de terrain et de proximité, proches de leur territoire. ✊
— Bertrand Pancher (@BertrandPancher) July 1, 2024
Retrouvez mon intervention ci-dessous. ✅#meuse #DirectAN #LIOT pic.twitter.com/XnCqyeeqOo
Les insoumis en grande difficulté
Rien ne va plus pour les trois députées insoumises élues en 2022, à commencer par Caroline Fiat, vice-présidente de l'Assemblée nationale, en ballottage très défavorable derrière son adversaire de 2022, le RN Anthony Boulogne.
Ce soir, vous m'avez porté au 2nd tour de l'élection législative de notre circonscription avec près de 45%. Votre confiance m'honore. Un grand merci !
— Anthony Boulogne (@AntBoulogne54) June 30, 2024
En avant pour la dernière ligne droite !#legislatives2024 #circo5406 pic.twitter.com/mmmmnPkhlF
Même constat pour Martine Etienne dans la 3ᵉ circonscription de Meurthe-et-Moselle. C'est le candidat Frédéric Weber du RN qui vire largement en tête devant la députée sortante.
Et c'est un coup de massue pour Charlotte Leduc arrivée en troisième position dans la 3ᵉ circonscription de Moselle. Qualifiée pour le second tour, la candidate du Nouveau Front Populaire s'est tout de suite désistée en faveur de la candidate centriste Nathalie Colin-Oesterlé arrivée en deuxième position. Elle quitte donc la députation après seulement deux ans de mandat.
Quelques rares exceptions
Les députés sortants qui arrivent en tête au premier tour sans avoir l'étiquette RN se comptent sur les doigts d'une main.
C'est le cas de Dominique Potier dans la 5ᵉ circonscription de Meurthe-et-Moselle qui vire en tête avec 43,47% des voix. Un résultat qui s'explique en partie par la division de ses concurrents d'extrême droite qui engrangent à eux deux 40% des voix.
Les deux autres exceptions se trouvent dans les Vosges dans la 1ʳᵉ circonscription avec le divers droite Stéphane Viry qui se place en tête avec 42,9% des voix, talonné par le candidat RN Pierre François.
Idem dans la 3ᵉ circonscription avec le député DVD sortant Christophe Naegelen en tête avec 48,3% des voix.
Pour ces trois candidats, la partie est néanmoins loin d'être gagnée pour le second tour ce dimanche 7 juillet.