Le vignoble du Toulois a souffert des maladies à cause des pluies. Les viticulteurs restent optimistes, car rien n'est joué. Ils espèrent un retour du soleil en août et septembre pour des vendanges 2024 de qualité.
La couverture nuageuse commence à se déchirer et laisse entrevoir quelques trouées de ciel bleu de bon augure au-dessus du village viticole de Blénod-lès-Toul (Meurthe-et-Moselle). Ce mercredi 7 août 2024, nous sommes au milieu d'une parcelle de pinot noir avec Stéphane Vosgien. Il exploite avec son frère Alexandre un domaine de dix hectares en bio.
Les pluies incessantes ont fortement impacté les vignes : mildiou, botrytis et coulures, autant de maladies dues à l'excès d'humidité. Le viticulteur estime entre 20 et 30% les surfaces les plus affectées : "on a un cumul de pluies sur douze mois de 1.100 millimètres au lieu de 700. Cela fait 50 % de plus et c'est vraiment beaucoup d'eau". Les pluies ont surtout été excessives au printemps, au moment de la floraison.
Une mauvaise floraison au printemps
Le trop-plein de pluies au printemps a aussi compromis le bon développement des fleurs. Beaucoup sont restées "collées", ne sont pas ouvertes : "du coup, ce sont des graines qui ont avorté et on le voit, des grappes qui normalement font douze centimètres de long et pèsent environ cent grammes, n'en pèsent plus que soixante". Mais cela ne présage en rien de la qualité future des raisins épargnés.
Les blancs ont moins souffert que les rouges
Cet excès d'eau a obligé le viticulteur à intervenir souvent pour faucher l'herbe toujours plus abondante au pied des vignes afin de limiter le taux d'humidité. À condition de pouvoir entrer dans les terrains en forte pente avec le matériel, ce qui n'était pas toujours possible avec des sols gorgés d'eau.
Au final, les blancs ont moins souffert que les rouges. Avec une météo capricieuse, la vigne exige des soins quotidiens. Le viticulteur procède à un rognage régulier. C'est une technique qui consiste à couper les extrémités supérieures des rameaux afin de faciliter l'ensoleillement et l'aération des grappes.
On dit que c'est septembre qui fait la qualité du raisin.
Stéphane Vosgien, viticulteur au Domaine Claude Vosgien.
À quinze kilomètres plus au nord, Marc Laroppe exploite 2,5 hectares plantés en auxerrois, pinot et gamay, les cépages traditionnels du Toulois. Il n'a pas été épargné par les averses, mais les dégâts sont moins visibles. " j'ai rarement vu une année aussi pluvieuse. On arrive à aligner deux-trois jours de beau temps pour pouvoir traiter et protéger la feuille et le raisin. On redoute plus la pourriture grise qui pourrait s'installer s'il pleut encore beaucoup et qui pourrait détériorer la qualité du raisin".
Des soins quotidiens
Il a dû intervenir tous les jours afin de profiter des fenêtres météo propices afin de traiter ses vignes. Fauchage, rognage, pour lui aussi, la viticulture est un labeur quotidien. Il observe le ciel dégagé avec confiance : "si on n'a pas de pépins, on aura une belle récolte !".
Août, un mois crucial pour la vigne
Le vignoble du Toulois entre dans une période cruciale, celle de la véraison. C'est le moment où le grain de raisin gonfle et passe du vert au rouge vif pour les raisins noirs, au jaune translucide pour les raisins blancs et au rosé pour les raisins gris.
Stéphane Vosgien est aussi le président de l'Organisme de Défense et de Gestion de l'AOC Côtes de Toul. Il reste optimiste pour les vendanges qui devraient intervenir vers le vingt septembre. Si la quantité ne sera pas au rendez-vous, la qualité, elle, dépendra surtout d'un temps plus sec et d'un bon l'ensoleillement. Le ciel semble vouloir exaucer ce vœu, les prévisions météorologiques annoncent un temps beaucoup plus sec et chaud.